Bastions sur l’Atlantique
Une belle région de France est à découvrir, au delà de Poitiers et du Futuroscope: La Rochelle et ses environs qui offrent une nature et des vestiges historiques à des vacanciers majoritairement français.
De Royan à La Rochelle, en passant par l’île d’Oléron, Rochefort Châtellaion et Ré, nous trouvons un archétype des vacances balnéaires bien françaises. On y trouve l’attirail des vacances familiales dans lequel sont inclus des jeux de plage, des flâneries, un kiosque à musique, des chevaux de bois pour les enfants, ceux des pique-niques, de la pêche de coquillages à marée basse et, surtout, du bon temps dans une multitude de petits bistrots locaux offrant, comme il s’entend, l’intégrale des fruits de la mer, à commencer par les huitres au port de Sainte-Marie. Parallèlement, les amateurs de découvertes culturelles ont un choix de sites inestimable, mais il est une chose certaine, c’est sur la côte nord que l’on trouve la plus grande variété de paysages et de sites à visiter.
A la plage!
La ville de La Rochelle n’a pas de plage à proprement parler. Par contre, à environ trois kilomètres au sud se trouve la plage de Châtellaion qui doit sa large étendue sablonneuse et ses carrelets de pêcheurs (ces cabanons typiquement charentais accrochés à un ponton et desquels pendent des filets que l’on plonge dans l’eau à marée haute) à l’initiative de son maire et à celle d’un Hollandais venu faire valoir son expérience des polders pour maintenir le sable et éviter que le ressac ne le disperse au large. Cette découverte a valu à cette banlieue de La Rochelle avec ses petites maisons de pêcheurs aux volets bleus un développement touristique fulgurant et l’ouverture d’un centre de thalassothérapie.
Dans le port de La Rochelle, les pavés ronds du Canada retentissent encore des pas des émigrants. C’est l’un des nombreux héritages culturels et historiques que bien des villes européennes envient à cette ancienne place forte de la Charente Maritime, qui fut une exception historique en tant que «République marchande», affranchie de l’absolutisme royal.
Les façades blanches des demeures de la Renaissance du XVIe siècle rappellent le temps des riches négociants en vin et en sel, qui furent aux débuts des échanges commerciaux avec l’Amérique.
Forte tête parpaillote, La Rochelle fut aussi la capitale du protestantisme français, assiégée pour cette raison par Richelieu sous l’ordre de Louis XIII. Démantelée et privée de ses privilèges, elle dut attendre jusqu’au XVIIIe siècle pour prospérer à nouveau grâce au commerce du sucre des Antilles et aux courrures du Grand Nord canadien.
C’est un vrai plaisir de parcourir le pittoresque quartier historique, en commençant par l’incontournable vieux port gardé par ses majestueuses tours médiévales de la Chaîne et de Saint Nicolas. Attablé à la terrasse d’un vieux bistrot du quai du Gabut, on peut se repaître d’images «cartes postales », comme celle de la tour de la Grosse Horloge en arrière plan d’une forêt de mats de voiliers de plaisance, ou encore du quai Valan, où une image insolite met en scène un ancien phare coincé entre deux immeubles. En escaladant les marches proche de la tour des Chaînes, on accède aux remparts, lieu favori des promeneurs du dimanche, et d’où on bénéficie d’un splendide panorama sur l’ensemble du port. Il faut ensuite se mettre dans les pas des marins qui débarquaient, et passer la Grosse Horloge pour déambuler ensuite dans les ruelles bordées d’arcades et les places du centre marchand, où chaque façade, avec ses gouilles ou ses colombages, mériterait un arrêt sur image. La promenade aboutira nécessairement à l’hôtel de ville avec sa façade de style moitié gothique, moitié Renaissance, ainsi qu’à la maison d’Henri II avec ses galeries Renaissance. Enfin, le marché dans les vieilles rues est peut-être plus coloré ici que nulle part ailleurs en France.
Un chapelet de forteresses
«Ville assiégée par Vauban, ville prise; ville défendue par Vauban, ville imprenable». Qui n’a pas lu ce commentaire dans les manuels d’histoire? Cette citation prend toute sa valeur en Charente-Maritime. Louis XIV et ses maréchaux, après Louis XIII et Richelieu, avaient pour objectif à la fois d’encercler la ville protestante et de repousser les flottes anglaise et hollandaise venues porter secours. Dans un but général de préserver les côtes françaises de toute attaque étrangère venue de la mer, l’illustre maréchal Vauban, plus encore que ses prédécesseurs, a fait bâtir des forteresses adaptées aux évolutions des équipements militaires au Fort de Brouage, au Fort Enet à Fouras, à celui de Saint-Martin-de-Ré et de l’île d’Oléron. Pour que la liste soit complète, il faut ajouter encore diverses redoutes et forteresses d’un autre genre, en pleine mer par exemple, comme le fameux Fort Boyard ou encore le Fort Louvois à Villefranc-Le Chapus.
En sillonnant l’île de Ré
C’est à l’île de Ré qu’on trouve bon nombre de réminiscences historiques, comme, par exemple, les redoutes construites par Vauban à Rivedoux Plages, Le Matray (Ars-en-Ré), les Portes de Ré et, enfin, le fort de Saint- Martin-de-Ré. C’est de 1897 à 1938 que la citadelle de Satin-Martin-de-Ré servit de transit pour les bagnes de Nouvelle-Calédonie et de Guyane.
Mais revenons à notre découverte de l’île en commençant par la plage de Reverdoux d’où on peut admirer cet ouvrage imposant qu’est le pont de 3 km reliant l’île de Ré au continent.
Allons ensuite jusqu’au village de La Flotte pour y visiter les ruines de son Abbaye cistercienne des Chateliers jadis ravagée par les guerres de religion et volontairement demeurée en l’état. Un détour vers le village s’imposera pour jeter un coup d’oeil aux demeures de maître le long des quais du port, et parcourir les ruelles qui, avec leurs maisons aux murs blancs et aux volets bleus, prennent toutes leurs couleurs les jours de marché.
Puis direction Saint-Martin de Ré, petite capitale de l’île avec son port bucolique, ses restaurants conviviaux le long des quais du port et, plus encore qu’à La Flotte, son dédale de ruelles qui grimpent vers l’église anciennement fortifiée de Saint-Martin. On ira ensuite longer la citadelle et les remparts pour bénéficier d’un large panorama vers le large et, au loin, le continent.
Loix est le début d’une vaste étendue de marais salants sur tout le pourtour de la baie de Fier d’Ars et jusqu’au bois de Trousse-Chemise qui servit de thème à une chanson de Charles Aznavour. Il faut aussi pousser la promenade jusqu’au vieux port de Loix pour y découvrir le dernier moulin à marée.
Le parcours se terminera au phare des Baleines, appelé ainsi pour les nombreux cétacés qui y ont échoué sur la plage (la plus belle de l’île) qui se trouve à son pied. La performance physique de son ascension sera récompensée par la vue magnifique sur l’ensemble de l’île.
Le marais poitevin
A une heure de voiture de la Rochelle ou de Poitiers, le marais poitevin offre une escale de nature et de sérénité au rythme des pagaies d’un canoë ou, plus silencieux encore, de la perche d’un batelier. Il s’agit de longs canaux creusés par l’homme au 12e siècle, travaux poursuivis sous le règne d’Henri IV et Sully qui ordonnèrent la transformation physique du terrain alors envahi par la mer en polders, travaux qui furent accompagnés d’un savant drainage.
Un parcours sur les canaux du marais poitevin s’accompagne d’une leçon sur la nature, avec la découverte d’une faune et d’une flore abondantes, qu’il s’agisse des espèces variées de chardons, de saules ou d’aulnes, d’oiseaux en tous genres tels des poules d’eau, hérons cendrés, martinpêcheurs, pic-vert et, en hiver, bécasses et bécassines, de ragondins (que l’on retrouve parfois sous forme de pâté dans les bistrots voisins), et, sous l’eau, d’une faune qui fait la joie des pêcheurs (écrevisses, sandres, tanches, anguilles et black-bass).
L’insolite d’une telle visite est la démonstration par un batelier qui, appuyant sa perche dans la vase, libère du méthane qu’il enflamme avec un briquet.
Mais hormis tout cela, c’est avant tout l’écoute de cette nature qui s’accompagne de silence et de poésie d’un tunnel de verdure, d’un nid de poules d’eaux et du piaillement des petits, d’une libellule bleu roi qui se pose délicatement sur un chardon.
Texte et photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Renseignements
Comité régional au tourisme de la Nouvelle Aquitaine : www.nouvelle-aquitaine-tourisme.fr
Y aller
Vol Genève-La Rochelle avec easyJet
Gastronomie
Caramel à la fleur de sel, pineau des Charentes, beurre des Charentes, Cognac, fruits de mer.
A voir encore
A La Rochelle
Assister à la Ronde de nuit : visite de La Rochelle en fin de soirée guidée par un veilleur moyenâgeux (attention, pas tous les soirs et de fin juin à mi-septembre); visiter l’hôtel de ville; assister au spectacle musical «En passant par La Rochelle»; l’histoire de La Rochelle du moyenâge à nos jours, chantée et contée par Jean-Marc Desbois.
A Ré
La Citadelle de Saint-Martin-de- Ré et le musée Ernest Cognacq, Les parcs à huîtres et les marais salants de Sainte-Marie, la Maison du Platin à La Flotte
Autres suggestions
Visiter le musée de la corderie royale à Rochefort et les très renommées parcs à huîtres de Marennes, face à l’île d’Oléron (dégustation sur place).