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Touristes, si vous saviez...
EDITO

Y aller n’est pas cautionner

A juste titre, beaucoup d’entre vous s’offusquent des mille et une manières dont les dirigeants de pays à vocation touristique traitent leur population.

Tout un chacun serait tenté de boycotter le pays en question, histoire de montrer que le touriste ne veut pas être pris en otage.

Si l’idée peut paraître louable, elle est aussi dangereuse pour les habitants du pays visité, car elle les touche dans leur existence économique et le contact avec le monde extérieur.

Certes, il est vrai que les chaînes hôtelières internationales sont les premiers bénéficiaires du flot touristique et, bien souvent, n’ont pas d’état d’âme quant à l’emprise dictatoriale de certains gouvernements. Mais cette forme d’économie, qui n’a pas de frontière, n’est d’abord pas la seule à profiter des deniers touristiques. Il y a parallèlement toute une économie locale comme les logements chez l’habitant, les taxis, l’artisanat local (il en reste en dépit des «made in China»), les restaurants, les bistrots, l’agriculture fournissant les restaurants et les magasins de souvenirs qui en vivent, sans compter, bien entendu, le personnel hôtelier engagé par les grandes chaînes.

Je me souviens d’une conférence que j’avais menée avec Amnesty International qui, à l’époque, faisait une nuance entre le boycott ou non des pays coupables d’actes de barbarie. Amnesty International n’appelait au boycott d’un pays que si les opposants à des régimes de dictature le souhaitaient. Dans le cas du Myanmar, la nuance était de savoir que le pays était propriétaire de la plupart des hôtels. Plus tard, le prix Nobel Aung San Suu Kyi avait demandé elle-même la levée du boycott pour venir en aide aux petites entreprises d’hébergement. Cela prouve que tout n’est jamais tout blanc ni tout noir.

Mais alors, comment réagir ?

Il existe malheureusement dans le monde beaucoup de pays dont les dirigeants oppriment leurs habitants, et nul n’est dans mon propos de les féliciter ou de les encourager.

Bien souvent, ces dirigeants maintiennent leur population dans une certaine précarité, et c’est bien cela aussi qu’il faut combattre.

Ne pas aller dans ces pays ne changera rien à leur situation, bien au contraire car les priver d’un apport de revenu est leur ajouter une détresse supplémentaire et les isoler davantage dans leur détresse.

Bien entendu, nulle intention de ma part de vous envoyer au casse-pipe dans un pays en état de guerre ou là où la prise d’otage serait envisageable. Les conseils aux voyageurs diffusés sur Internet par les départements respectifs des Affaires étrangères indiquent clairement là où les risques majeurs sont envisageables. Par contre, si la culture, le climat, le contact avec les populations et bien d’autres facteurs encore sont attrayants, alors il n’y a pas de raison de s’en priver.

Donc, visiter un pays implique de prendre préalablement conscience de la situation du pays mais nullement d’en cautionner les régimes et leurs méthodes gouvernementales.

Gérard Blanc

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