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Touristes, si vous saviez...
JE PARS TRÈS LOIN

Un certain parfum d’Oman

Oman

Berceau de la pensée musulmane, le sultanat d’Oman bénéficie d’une incroyable variété de paysages: un grand erg, des rafraîchissantes palmeraies, un grand canyon, des côtes sauvages, des montagnes aux couleurs changeantes, un chapelet de forteresses, etc.

Gardez-vous de mettre tous les pays de la péninsule arabique dans le même panier. Il peut y avoir des différences fondamentales de l’un à l’autre. Le meilleur exemple en est le contraste entre deux voisins que sont l’émirat d’Abu Dhabi et le sultanat d’Oman. Ayant déjà parlé du premier dans un précédent numéro de Je pars…, voici le second qui laisse un souvenir impérissable. Le souhait d’attirer à lui les visiteurs étrangers est pour Oman une démarche nouvelle, qui se décline avec modération.

L’économie du pays étant en priorité basée sur le pétrole et l’agriculture ne rend pas, comme cela peut arriver ailleurs, le tourisme indispensable à sa survie. C’est peut-être ce qui lui donne, à ce jour encore, une certaine spontanéité et le préserve du tourisme de masse. En sillonnant Oman, on a le sentiment d’un pays aspirant plutôt au tourisme individuel, en voiture de location, avec ou sans chauffeur.

Coup de coeur
S’il est une ville que j’ai aimé par-dessus tout, c’est bien celle de Sur, car elle réunit à elle seule plusieurs ambiances distinctes: celle de la vie portuaire avec sa rade gardée par une forteresse et son chantier naval de goélettes traditionnelles; celle d’un port de pêche animé; celle enfin d’une ville de maisons blanchies à la chaux, certaines seigneuriales, et de portes pittoresques et colorées. Vous ajouterez à cela des vols de mouettes pour couronner le tout.

Passé historique

Les temps forts de l’histoire d’Oman furent, en substance, la domination des Portugais, la colonisation par les Perses, le passage de la Route de la soie, la prise de pouvoir de Zanzibar liée au trafic négrier, les multiples querelles de suprématie entre tribus et, pour couronner le tout, la défense contre les pirates et autres envahisseurs baloutches. Le meilleur témoignage de cette histoire mouvementée est cette prolifération de forteresses qui émergent un peu partout.
Certaines sont d’origine, mais la majorité est en cours de restauration, les plus représentatives étant celles de Niswa, de Jabrin, de Bahla ou de Nakhal. Elles donnent une touche seigneuriale à ce pays. Les goélettes ayant servi au commerce intensif de la soie et des épices à travers les siècles demeurent, elles aussi, un témoignage vivant du passé commerçant de ce pays. On en trouve en maquette au musée de Sayyid Faisal Bin Ali, mais aussi grandeur nature dans la baie de Mascate, sous forme de bateaux de croisières ou, plus authentiques, dans le chantier naval de Sur.

De souk en souk
Une lapalissade serait de dire que les Omanis ont le commerce dans le sang. Pensez-donc, cette activité lucrative pourrait remonter à une époque bien antérieure à la naissance du Christ! Certes, le souk d’Oman est le plus sophistiqué.  Il se concentre davantage sur les articles vestimentaires et les bijoux. Par contre, celui de Niswa se distingue par ses poteries et ses armes bédouines, alors que dans bien d’autres lieux, ce sont plutôt des tableaux de marchés champêtres. C’est là où les Bédouines avec leurs masques noirs viennent s’intéresser aux bijoux et aux fanfreluches alors que la tâche d’acheter les objets ménagers et la nourriture incombe aux seuls hommes. Une fois les achats effectués, ces derniers se regroupent en compères pour, autour d’un thé à la cardamone versé très haut selon la tradition arabe, deviser philosophiquement en attendant que ces dames aient terminé leurs emplettes.

Religion oblige
A l’ origine même de l’Islam, Oman se doit d’être rigoureusement respectueuse des principes musulmans. Cela ne signifie pas pour autant que ce pays soit une théocratie et, par exemple, le voile des femmes n’y est pas obligatoire.
Des minarets pointent un peu partout dans le pays appelant les fidèles à ne manquer aucune des cinq prières de la journée, mais s’il est un lieu à ne manquer à aucun prix, c’est bien la Grande mosquée de Mascate, l’une des plus spacieuses au monde (4300 m2) et aussi l’une des plus modernes. Par contre, inutile de vous mettre en travers des règles incontournables du respect religieux lorsque vous entrerez dans une mosquée, à savoir le port du foulard et les bras et les chevilles cachées pour les dames, et, bien entendu, les chaussures doivent être retirées avant d’entrer dans une salle de prière.

Ce sont dans ces marchés populaires que se trouvent les images les plus pittoresques comme, par exemple, le marché aux poissons de Seeb, dont les étals sont parfois à même la plage et où la dernière pêche est exposée sur des grands tissus, les abats étant jetés en pâture à des hordes de mouettes. Les grands souks sont, dans certains cas, divisés par corporation comme, par exemple, celle des quincaillers ou encore, plus traditionnelle, celle des marchands de halwa, cette friandise d’amandes et de miel dont les Omanis sont particulièrement friands. Constatation bien sympathique, les souks d’Oman sont, pour l’instant, exempts de sollicitation intempestive.

Le pisé-roi
Les villages de montagne, même s’ils sont parfois en ruine, sont un vrai régal pour les amateurs de belles images. En effet, qu’on le déplore ou non, certains d’entre eux ont pris des allures de fantômes, ce qui leur donne une atmosphère mystérieuse. La raison vient probablement du coût excessif que serait leur restauration. Tel est le cas de certains quartiers de Tanuf ou de Ramlat Al Whahayah. Par contre, certains autres villages aux maisons en pisé sont en pleine activité. Ce sont de vrais bijoux, dont celui de Al Hamrat à flanc de montagne ou encore Sinaw au coeur d’une immense palmeraie. Le ton est uniformément ocre pour ce qui est des murs des maisons ou des enclos. Il s’agit parfois de véritables tours carrées, voire de forteresses avec des portes cloutées et colorées et des fenêtres étroites pour la recherche de la fraîcheur.

La magie de la montagne
La géologie a cela de fascinant qu’à Oman, elle est l’une des merveilles de la nature. Bien souvent pelées, ces montagnes prennent toutes les teintes que lui donnent le soleil au cours de la journée. En apothéose, l’un des plus beaux panoramas restera le grand canyon qui se trouve dans le massif du Jabel Shams, dont le sommet culmine à 3000 mètres. On se croirait vraiment dans le Colorado.

Le palmier-roi
Les palmeraies sont légion, aussi bien dans les zones désertiques que dans les zones de montagne. On les retrouve surtout le long des wadis, ces rivières, qui, selon la saison, se mutent en vrais torrents ou ne laissent passer qu’un mince filet d’eau. Certains wadis sont alimentés, comme par exemple à Nakhal, par des sources d’eau chaude. L’atmosphère d’une ville de palmeraie est incomparable. Je la décrirais comme non seulement un havre de fraîcheur, mais aussi, et surtout, un plongeon dans les romans d’Ali Baba ou d’Aladin.

Texte Erika Blanc,
photos Gérard Blanc


Infos pratiques

Vols

Quotidien Genève-Zurich-Mascate avec Swiss.

 

 

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