Grand Sud marocain, de Marrakech au désert de M’Hamid el Ghizlane
Carnet de route
Sortie des faubourgs de Marrakech, le 4X4 s’élance vers les contreforts du Haut Atlas. Déjà, des sommets blancs se détachent d’une crête de couleur ocre foncé.
Trente minutes plus tard, le véhicule entame l’escalade des routes en lacets. L’objectif lointain, soit les confins du désert, demeure un rêve latent et obsessionnel.
Surgissant parfois de nulle part, des troupeaux de moutons ou de chèvres traversent tranquillement la route sans crier gare. On se demande où ils peuvent bien avoir trouvé leur pitance, tant la pierre est aride et si peut propice aux herbes.
Un belvédère attend l’arrêt quasi obligatoire pour admirer le panorama. Et quel panorama! A perte de vue, des montagnes colorées qui, au gré de l’exposition au soleil, au gré de la composition géologique ou au gré des nuages offrent ici un versant verdoyant, là des cheminées de fée, là une paroi lisse, là encore des strates contrastées.
Brisant le rêve contemplatif, un Berbère enturbanné de bleu s’approche et, tel un magicien, sort de sa djellaba tout un attirail d’objets artisanaux et de pierres précieuses et les dispose sur un rocher. Il sort encore un lézard et un caméléon. Son sourire franc fait oublier l’effet perturbant et contribue à l’achat d’une babiole.
Après d’interminables passages de cols, de montées, de descentes et de longues remontées, le 4X4 se décide à plonger sur Ouarzazate.
La voilà donc, cette ville qui fut le carrefour des caravanes venues du Soudan ou de la Mauritanie, celle qui, par sa grande kasbah (citadelle), fut le fief du Glahoui, despote ennemi des nationalistes et ami de Lyautey. L’aspect d’une ville tentaculaire semble dénoter avec la montagne sauvage. C’est qu’aujourd’hui, Ouarzazate doit son expansion fulgurante à l’industrie du cinéma avec ses trois studios d’où sortirent des films prestigieux tels que le «Diamant du Nil», «Astérix et Cléopâtre» ou encore «Gladiator». Cela engendre des contrastes inattendus entre les passants. Un touareg, croise un homme d’affaires et une femme voilée un coursier en moto, sans oublier les nombreux cyclistes, chemises gonflées par le vent, et les incontournables carrioles tirées par des ânes.
Nouveau départ, cette fois-ci pour remonter le cours du Dadès, torrent tumultueux qui débouche du Haut Atlas et serpente au milieu des palmeraies et des villages en pisé. Tout au long du parcours, des kasbahs dressent leurs remparts, la plus majestueuse étant celle de Boumalne Dadès, juchée sur un promontoire et coincée entre deux flancs de montagne.
Plus on remonte son cours et plus on s’enfonce dans des gorges profondes qui s’assombrissent en raison des parois rocheuses de plus en plus hautes et de plus en plus proches l’une de l’autre. Puis, là où on se croirait au bout du monde, la lumière jaillit d’un coup avec une lueur presque féérique. Les gorges s’arrêteraient-elles donc là? Nous ne sommes pas encore à la source. Mais la roche semble céder la place à un paysage bucolique et lumineux.
Retour à Ouarzazate, où une kasbah aménagée en hôtel nous attend pour un tajine à l’agneau et aux pruneaux, des pâtisseries bien marocaines, un thé à la menthe brûlant et un bon lit: le point d’orgue d’une journée épuisante mais radieuse.
Pas question de traîner, nous partons pour Zagora en longeant la vallée du Drâa. Là encore, ce sont des forêts de palmiers d’où émergent parfois des kasbahs (plus rares), et des villages en pisé sur un fond de mon tagne ocre-jaune. La vallée du Drâa offre aussi des tableaux champêtres s’accordant avec le rythme plus tempéré de cet oued, tels des lavandières étendant leurs tapis au soleil. Arrivée à Zagora. Un petit pèlerinage devant la pancarte indiquant le lieu où les aventuriers partaient pour Tombouctou à dos de chameau (52 jours paraît-il). Piscine, couscous royal et nuit.
Potron-minet, départ pour M’Hamid el Ghizlane, rendez-vous séculaire des nomades. Enfin des dunes! Les premières offrent le spectacle d’une étendue de sable ponctuée de bosquets d’épineux et de palmiers nains. Nous sommes toujours proche du Drâa au bord duquel un berger fait boire ses dromadaires qui, leur poche pleine, partiront de bon pied pour une grande traversée.
Puis c’est le long retour vers Zagora, Ouarzazate et Marrakech en emmagasinant une foison d’images et de paysages colorés et enchanteurs.
Texte Erika Bodmer,
photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Informations
Office national marocain du tourisme, www.visitmorocco.com.
Hôtels
A Ouarzazate: le Belvédère Palace (Hôtel de charme), Kasbah Ellouse (Chambres d’hôte). A Zagora:
Hôtel La Palmeraie***, Villa Zagora (chambres d’hôte).
Restaurants
A Ouarzazate: l’Obelix (ambiance très conviviale), le Ouarzazate (sous tente berbère face
à la piscine). A Zagora: Palais Asmaa.
Excursions dans le désert
A M’Hamid : Bivouac sous les étoiles: laghfirihassan5@hotmail.com, www.bivouacsouslesetoiles.com.