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Jean-Pierre Xiradakis, restaurateur bordelais

Voici une histoire qui tiendrait d’un jeu de Monopoly concrétisé.

Venu du Pays basque en 1968, Jean-Pierre Xiradakis achète au prix modeste de 700 francs de l’époque une petite épicerie donnant sur la rue de la Porte-de-la-Monnaie à Bordeaux. Il la transforme en un restaurant qu’il baptise du nom basque La Tupiña. Il cuisine les recettes de sa mère, originaire de la région de Blaye (Gironde). Grillades, foie gras, cœurs de palmier sont ses favoris. L’ambiance musicale est assurée par un électrophone sur lequel passent inlassablement les Quatre saisons de Vivaldi. Après une visite de la Sacem qui lui réclame des droits d’auteurs, il arrête la musique.

Petit à petit, l’atmosphère du quartier change et Jean-Pierre Xiradikis adapte sa carte à une cuisine bourgeoise. Il remarque que l’épicerie qui se trouve en face de La Tupiña est à vendre. Il la rachète et, tout en gardant l’affectation première, y installe quelques tables de restaurant.

Au cours des années 80, le bar du coin de la rue est le théâtre de fréquentes bagarres. Par gain de tranquillité, il le rachète, lui aussi, et le transforme en bar à vin.

A quelques pas de La Tupiña se trouve un commerce tenu par des punks qui font un raffut permanent jusqu’à tard dans la nuit. Encouragé par les autres habitants de la rue, il approche le propriétaire et rachète l’établissement. Il en fait un restaurant sur le thème de la Grèce.

Les propriétaires de l’immeuble où se trouve l’épicerie lui proposent d’acheter l’immeuble dont la vente leur permettrait de partir en maison de retraite. Le nouveau propriétaire décide d’en faire des chambres d’hôtes. Il y a en face une boîte de nuit avec des allers et venues incessants, ce qui risque de ne pas être au goût des clients. Coup de chance: les propriétaires veulent vendre. Jean- Pierre Xiradakis achète et en fait le Café de La Tupiña. La rue ainsi «pacifiée» devient le fief de Jean-Pierre Xiradakis qu’il baptise «La rue gourmande», avec des prix et des menus tous différents. Il va même insister auprès des autorités pour qu’on repave la rue selon les techniques médiévales, pour plus de cachet. «Ma cuisine est simple, elle a du goût, on reconnaît les produits et les portions dans l’assiette sont conséquentes, décrit Jean-Pierre Xiradakis. Chez moi, on ne cache pas les bonnes odeurs de cuisine et on peut parler librement, contrairement à certains restaurants, où on doit chuchoter comme dans une église!»

Allant d’un restaurant à l’autre dans cette entreprise qui emploie quarante personnes, Jean-Pierre Xiradakis déborde d’activités. Il édite des guides d’itinéraires piétonniers de villes (y compris de Genève) et des guides culinaires, dont un consacré à  la cuisine de la Méditerranée et, en particulier, l’Algérie, où il a visité les marchés et restaurants. Cerise sur le gâteau, Jean-Pierre Xiradakis est un grand amateur d’art pictural et sculptural.

Gérard Blanc

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