Algarve secrète
Trop souvent la partie méridionale du Portugal est réduite à son littoral, comme s’il n’existait pas un arrière-pays! Plus secrète, cette autre Algarve déroule pourtant la douceur de paysages qui ne demandent qu’à se dévoiler.
On connaît essentiellement l’Algarve, baignée par l’Atlantique (tout en ayant des airs méditerranéens dans sa partie sud), pour ses côtes découpées et ses longues plages de sable. C’est aussi le paradis des véliplanchistes qui viennent ici pour surfer sur les vagues et le soir venu faire la fête dans les stations balnéaires à la mode. En fait, l’Algarve couvre une région beaucoup plus étendue qui va de la frontière espagnole à l’est jusqu’à l’océan Atlantique à l’ouest et aux montagnes de Monchique et Caldeirao au nord. Mais on connaît peu et même pas du tout cet arrière-pays qu’il vaut la peine de parcourir. Et pourquoi pas à pied? Afin de revivifier l’intérieur des terres et faire découvrir cette Algarve secrète, les milieux du tourisme ont lancé plusieurs projets, soutenus notamment par des fonds de l’Union européenne. Au-delà de l’agro- ou de l’écotourisme, ces projets visent à recréer tout un tissu socio-économique susceptible de faire revivre la région, et surtout faire revenir les habitants contraints à s’exiler plus ou moins loin pour trouver du travail.
A pied, en jeep ou avec un âne
En vacances sur le littoral? Ne manquez pas pour autant de visiter l’arrière-pays, cette Algarve qui recèle mille et un secrets. La Via Algarviana est découpée en 14 tronçons. On peut donc choisir d’en parcourir un ou plusieurs en suivant les itinéraires disponibles gratuitement auprès des antennes de l’Office du tourisme. Le chemin est parfaitement bien balisé grâce à une signalétique claire. Il existe aussi d’autres possibilités de visiter cette région. En jeep, par exemple, ou au pas de l’âne du côté d’Aljezur. Sofia von Mentzingen, une Allemande établie dans la région, propose des balades sur les falaises le long de la côte vincentine, en compagnie de ses petits protégés à quatre pattes.
Jeep safari: une journée ou une demi-journée de pistes aventureuses avec les guides-chauffeurs de Portitours, tél. +351 282 470 063/4/5 ou www.portitours.pt
Randos avec des ânes: Sofia von Mentzingen, Aljezur, tél. +351 967 145 306.
Cheminer sur la Via Algarviana
La Via Algarviana, officiellement appelée GR13 (pour sentier de Grande Randonnée N° 13), est l’atout principal sur lequel mise la région pour séduire les randonneurs et redonner vie aux villages désertés. «Nous sommes convaincus, affirme Luis Coelho du Bureau de promotion de l’Algarve, que ce projet va attirer de nouveaux habitants. Aujourd’hui, par exemple, le ravitaillement des villages est assuré par des commerçants qui se déplacent en camionnette, mais à l’avenir on peut imaginer que d’autres personnes viendront s’installer ici et ouvriront une épicerie, une boulangerie, un petit bar… Si des familles reviennent dans ces villages, il y aura des enfants, il faudra alors rouvrir les écoles. A ce moment-là, notre pari sera gagné.»
Ce chemin long de 300 kilomètres traverse d’est en ouest (ou vice-versa) l’arrière-pays d’Algarve. Connu depuis le XIe siècle, l’ancien sentier mozarabe permettait aux pèlerins venus d’Espagne de rallier, sur la côte atlantique, le Cap Saint-Vincent. Selon la légende, c’est à cet endroit qu’aurait accosté le bateau parti du port de Valence escorté par deux corneilles, et porteur des reliques du saint. Aujourd’hui, on ne rencontre plus guère de dévots sur le chemin, mais plutôt des adeptes de grand air et de marche à pied. Il faut dire que la voie algarvienne s’y prête à merveille!
Nature intacte
Le chemin soigneusement entretenu traverse une nature encore intacte et offre de multiples centres d’intérêt tant environnementaux que culturels. Loin des axes fréquentés, l’itinéraire permet de découvrir la flore endémique et des paysages insoupçonnés, où le chêne-liège et l’eucalyptus règnent en maîtres. Ailleurs, le sentier longe de grasses prairies et de tendres vergers où poussent les amandiers, les citronniers, les figuiers et les orangers, sans oublier les oliviers. A d’autres endroits, le tracé se fait plus montagneux, comme pour mieux dominer les vallées en suivant de hauts plateaux rocailleux et buissonnants. Mais qu’on se rassure, les dénivelés ne sont jamais bien importants. Monchique, le plus haut sommet d’où, par temps clair, on voit la mer, dépasse à peine les 900 mètres d’altitude!
Dans les petits villages qu’elle traverse, la Via Algarviana se fait alors rue principale. Certains de ces hameaux et lieux-dits ressemblent à des villages fantômes. Quand ils ne sont pas complètement désertés, il ne reste souvent que quelques aînés et des chiens tout joyeux de faire un bout de chemin avec les randonneurs. Pourtant, le nombre de maisons aux stores baissés, dont certaines de construction récente, semblent la preuve que ces localités ne sont pas totalement abandonnées. «En fait, nous explique une habitante toute ridée et toute heureuse de faire un brin de causette, ces maisons appartiennent soit à des enfants du village partis travailler ailleurs et qui ne viennent que pour les vacances d’été, soit à des étrangers qui en ont fait leur résidence secondaire et qu’on ne voit qu’une ou deux fois par année.» C’est précisément ce phénomène que voudraient enrayer les responsables touristiques et politiques de la région.
Renaissance d’un village
Non loin du tracé de la Via Algarviana, Pedralva était encore, il n’y a pas si longtemps, un de ces villages voués à l’abandon… jusqu’à l ’arrivée d’un jeune couple de citadins qui a eu l’ambition de faire revivre la petite localité. Avec des amis, ils ont monté une société, rachetant les maisons en ruine pour les rénover dans le style local. Mais confort moderne en plus! Leur projet de réhabilitation, soutenu par la municipalité, prévoit d’en faire un village de vacances actives.
Il faut dire qu’à quelques kilomètres seulement du village se trouvent les plus belles plages du littoral. Les stations balnéaires animées sont également toutes proches, alors qu’autour des habitations s’étendent à perte de vue la nature et les champs d’oliviers. Le pari du jeune couple est en bonne voie, puisque l’épicerie fermée depuis 27 ans vient de rouvrir. Et qui sait, peut-être qu’un jour, d es enfants reprendront le chemin de l’école. Signe indiscutable que la vie est revenue.
Texte et photos Mariette Muller
Infos pratiques
Loger
Hotel Alte (30 km de Faro); Le Monchique (établissement thermal renommé et hôtel de charme).
Se restaurer
Sarnadas, à Alte (cuisine typique, vins de la région); Ideal, à Guia (recette du poulet rôti au pili-pili); Jardim das Oliveiras, à Monchique (recette du cochon sauvage); Suigeneris, à Faro (cuisine traditionnelle et cataplana, bouillabaisse à base de coquillages et crustacés).
Renseignements
www.visitportugal.pt; www.visitalgarve.pt
« baignée par la Méditerranée » : désolé mais c’est encore l’Atlantique, la Méditerranée ne commence qu’à Tarifa.
Bel article sinon !
Je ne sache pas que la Méditerranée arrive au-delà des Colonnes d’Ercule… mais peut-être ne connais-je pas tout (malgré que je sois née dans le coin!), ou serait-ce plutôt votre source qui s’est embrouillé les pinceaux ??
Bonne journée
Mercedes
Merci pour votre remarque. Comme vous pourrez le constater, la modification a été faite .
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La rédaction de http://www.jepars.ch