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JE PARS A LA DECOUVERTE

Farsis d’hier et d’aujourd’hui

Le griffon de Persépolis

La richesse culturelle est le maître-mot de l’Iran, et elle est infinie. Persépolis en est le fer de lance, suivi de près par les mosaïques des mosquées d’Ispahan, le tombeau du poète Hafez à Shiraz et, comme toile de fond, des montagnes aux couleurs changeantes au gré du soleil.

«Non, ce sont les Arabes qui font comme ça. Nous, nous sommes des Farsis (Perses), nous versons le thé comme les Européens!» Que n’avais je pas fait là! J’étais habitué à verser le thé très haut comme je l’avais appris au Maroc. Cela démontre une fois de plus que, dans le monde musulman, les cultures sont multiples et parfois différentes de celle du monde arabe. Cette fierté m’a remis dans le droit chemin.

S’il est un must en Iran, c’est bel et bien la visite de Persépolis, cette ville bâtie sur l’ordre de Darius le Grand, premier roi des Achéménides, datant de 521 avant J.C., et dont la construction ne prit pas moins de deux siècles. Elle fut partiellement incendiée par Alexandre le Grand et reconstruite par Xerxès 1er. Longtemps après, elle fut recouverte de sable et redécouverte en 1930 par les archéologues. Cette splendeur archéologique possède une infinie variété de vestiges révélant par des symboles, tels que le griffon (homa) ou un cheval géant, des grandes pages de l’histoire du Moyen-Orient. En prime, on y découvre de très anciennes écritures cunéiformes en vieux persan, en babylonien et en élamite. On peut aussi admirer une foison de bas-reliefs datant de l’empire achéménite et représentant des scènes de la vie courante babylonienne, mais aussi faisant état de multiples inspirations, dont celle des Hittites et des Mèdes. Dominant le tout, le mausolée d’Artaxerxés, fils de Darius II, s’impose sur une colline avoisinante.

Abyãneh l’ancienne
Village perché dans la montagne entre Ispahan et Qom, Abyãneh, en filigrane, perpétue discrètement un culte monothéiste antérieur au christianisme, le zoroastrisme, culte cher à Nietzsche (Zarathoustra), dont le fief principal se trouve à Yazd. Ce village-musée traversé par un ruisseau rappelle un peu les villages pueblos du Nouveau-Mexique, avec ses maisons d’argile en escalier sur le flanc d’une colline. Ses hommes portent encore le pantalon bouffant traditionnel, mais on sent que les jeunes désertent un peu le mode de vie ancestral pour préférer la ville, ce qui donne à Abyãneh un goût de village-musée. Au coeur du village comme dans les proches environs, il faut trouver l’occasion de visiter des kachãns, ces résidences des Bzoujerdi. On y retrouve souvent les symboles zoroastriens, notamment la flamme sacrée.

La ville du poète
Outre le site de Persépolis, Shiraz possède également une grande variété de sites, comme la citadelle de Muhammad Karim Khân et sa tombe, mais aussi la superbe mosquée de Vakil où, avec un peu de chance, vous entendrez une muezzin faire un chant de prière avec les murs de la mosquée pour échos, ou encore la petite église arménienne à proximité, mais l’émotion est au rendez-vous au mausolée du poète Hafez. C’est là qu’au milieu d’un jardin fleuri, toutes les générations d’Iraniens se retrouvent avec une dominante de jeunes dont l’Iran est majoritaire. C’est là aussi où j’ai vu un derviche aux yeux tristes traverser la place et venir s’agenouiller devant le tombeau de marbre du poète pour un profond recueillement. A quelques mètres, un café accueille un véritable échantillonnage de la société farsi.

Bergers des montagnes
Une incursion dans la montagne offre une autre vision de ce pays aux mille facettes. En quittant les faubourgs de Shiraz en direction de Yasuj, la traversée de villages montre la vie trépidante de boutiques artisanales, marchés campagnards et effigies des martyrs de la guerre contre l’Iraq. Puis c’est la bifurcation vers la montagne à la découverte des peuplades nomades sédentarisées. Un arrêt pour admirer la cascade de Margun et c’est la longue grimpée sur les routes serpentant le long des montagnes pelées, le passage de cols et, en redescendant sur l’autre versant, la surprise de découvrir une vallée incroyablement verdoyante et fertile au centre de laquelle trône le village de Sepidan. Tout au long de la montagne, ce sont des paysages bucoliques, des torrents de montagne, des bergers et leurs troupeaux de moutons, des bambins sortant de l’école et des femmes triant des fèves et devisant autour d’un grand couffin.

La ville aux faïences bleues
Celle qu’on aime garder pour la bonne bouche est Ispahan, en premier lieu pour sa place rectangulaire Emam Khomeini. Du haut de la tour du palais d’Ali-Qapu, il est possible d’avoir un excellent panorama de la place, et une vue privilégiée sur la célèbre mosquée Emam. Le pourtour de la place est un ravissement pour les yeux avec ses mosquées (entre autres celle du Sheikh Lofollah), aux faïences à dominante bleue, qu’il s’agisse de minarets, de dômes ou de portes richement décorées, rappelant parfois des ruches d’abeilles géantes. Sur l’un des côtés donne le vieux bazar, dont la particularité, comparé à la plupart de ceux du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, est un grand nombre d’ateliers avec leurs artisans au travail. Traversée par la Zãyandeh, Ispahan possède deux monuments phares: le pont de Khadjou, mais, surtout, le pont de Siosepol, appelé aussi les 33 ponts séparés en alcôves, dont certains abritent des salons de thé. Il reste encore le Chehel-Sotun, ce palais-musée aux quarante colonnes qui fut construit pendant le règne des monarques safavids et qui affiche des fresques représentant les différentes  visites des monarques et ambassadeurs étrangers, dont celui de France du temps de Louis XIV.

Contacts
S’il est actuellement conseillé de ne visiter l’Iran qu’en s’intégrant à un groupe programmé, et sans entrer dans des considérations institutionnelles, une visite de l’Iran révèle une chose émouvante: l’ouverture d’esprit et le désir de communication de ses habitants. J’ai pu réaliser des contacts enrichissants et profonds avec des gens de tous niveaux sociaux, des expériences inoubliables. A Abyãneh, par exemple, une porte s’est timidement ouverte et un quinquagénaire m’a salué et invité à prendre le thé. Certes, la conversation était difficile, car nous parlions plutôt par signes. On me fit entrer dans une sorte de salon décoré de portraits des mollahs et asseoir en tailleur sur un tapis. Dans un coin de la pièce bouillonnait un samovar. Nazgol, l’épouse, entra avec son petit-fils Jamchid. Je montrais les photos de ma famille, ce qui lui plut beaucoup. C’était peu de chose, mais c’était beaucoup, juste une virgule de paix. C’est aussi de ce type de contact avec les visiteurs de l’étranger que les Iraniens sont friands.

Texte et photos Gérard Blanc


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2 Réponses à  to “Farsis d’hier et d’aujourd’hui”

  • iran man:

    je te felicite pour ta visite je suis iranien ces tres bien que tu sois aller dans le plus beau pays du monde et surtout a shiraz jespere que tu est aller au palais du SHAH !!! :)

    • Je pars...:

      Merci de votre commentaire. Non, je n’ai pas été visiter le palais du Shah mais j’ai par contre visité le mausolée du poète Hafez et, bien entendu, Persepolis.

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