Du haut des falaises de Bonifacio
Dès l’atterrissage à l’aéroport de Figari, les parfums du maquis donnent un agréable avant-goût des saveurs locales. Nous sommes proches de Porto-Vecchio, mais surtout de la citadelle de Bonifacio, dont le cachet est dû à sa position exceptionnelle, juchée au sommet d’une falaise surplombant la passe qui la sépare de la Sardaigne.
Entourée de trois kilomètres de remparts, cette ville d’origine moyenâgeuse, doit son nom à son créateur, le comte Boniface, dont l’obsession était d’en faire une ville imprenable par les pirates.
Dominé par la citadelle, le port de plaisance et de pêche est coincé au fond d’un fjord de 1500 mètres de long. Depuis le quai Comparetti, le visiteur accède à la ville intra-muros en empruntant la rampe U Rastillu et, le souffle coupé, il peut alors admirer la rade du port d’un côté et les falaises blanches plongeant dans la Méditerranée de l’autre.
On entre dans la citadelle par la porte de Gênes (1598), qui permet un accès à la place d’Armes. Puis, on grimpe les petites ruelles pavées étroites et ombragées aux façades de couleur rose pâle, ornées de balcons en fer forgé. Un itinéraire bien étudié permet de ne rien perdre des monuments à visiter, tels que le bastion de l’Etendard, le bastion des Prisons, les maisons de Charles Quint et, comme il se doit, de Napoléon Bonaparte. En descendant la rue Doria jusqu’à la place Montepagano, on découvre de très belles maisons du 17e siècle, certaines d’entre elles portant les armoiries de vieilles familles corses. On débouche enfin sur l’église Saint-Dominique, dont la construction fut l’œuvre des Templiers.
Le meilleur coup d’oeil sur la citadelle est encore depuis la mer lors d’une mini-croisière en partant de la marina. On prend alors la pleine mesure des maisons perchées au dessus du vide, au sommet des falaises de calcaire sculptées par le vent. L’escalier d’Aragon relie la Citadelle à la mer. Malgré cet artifice, le roi espagnol ne parvint jamais à prendre la citadelle. On raconte que les 187 marches furent creusées en une seule nuit par ses troupes.
Entre la Corse et la Sardaigne, les îles Lavazzi, réserve naturelle de Bonifacio, sont enchanteresses et surtout la petite Cavallo, au nord de l’archipel, avec ses résidences secondaires de luxe et ses petits ports privés.
Texte Mary Kehrli-Smith
photo Isabelle Blanc