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Touristes, si vous saviez...
JE PARS TRÈS LOIN

Praia do Forte, le bronzage à la brésilienne

En arrivant après 60 km de taxi depuis Salvador de Bahia, ma grande appréhension était de me trouver en face d’un ghetto à touristes, comme cela peut exister dans certains pays d’Amérique latine. Il n’en fut rien.

La bonne surprise fut de découvrir tout d’abord que la grande majorité des visiteurs étaient de nationalité brésilienne. Il est vrai que quand on vient de l’Europe, qu’ils soient de Rio, de Brasilia ou de Recife, tous ces gens parlant le portugais ne représentent pas l’affreux vacancier, élément grégaire qui pourrait être pressenti parfois comme détestable. De plus, ces vacanciers, pour la plupart, sont afro-brésiliens. Difficile donc de déterminer qui sont les touristes et qui sont les hôtes.

Tout le monde arrive sur place, soit en voiture rutilante des riches faubourgs de Salvador de Bahia ou, plus modeste, débarquant des autocars alignés à la gare routière. Une autre de mes craintes était de me trouver dans un lieu un peu à la «club med», où les visiteurs étaient entre eux, «animés» par une équipe de «G.O.»

Là encore, j’ai été agréablement surprise de trouver un village piétonnier avec des habitants, certes vivant du tourisme pour la plupart, des résidents secondaires venant pour les week-ends ou pour les vacances, des enfants se poursuivant à bicyclette, jouant au football jusqu’à des heures indues et s’adonnant à un jeu inépuisable qui est de faire éclater des pétards. La vie s’y déroule comme dans tous les villages brésiliens avec un marché, avec tous les commerces y compris un poissonnier, un boucher et des supermarchés. En fin de soirée, les jeunes Brésiliens du cru se retrouvent de temps à autre sous le auvent du kiosque à musique, pour s’adonner à un concours de percussions style carnaval pour le grand plaisir de leurs copines qui se déhanchent et font les folles. Cerise sur le gâteau, il arrive que certains soirs, un petit bistrot ne payant pas de mine, soit pris d’assaut par une équipe de musiciens de samba qui se lancent dans des rythmes endiablés et des chants bien connus des amateurs de carnavals. Bien avisés sont celles et ceux qui ont su réserver un siège car à partir d’une certaine heure, il n’y a plus une seule place assisse, bien que les tables soient multipliées et occupent la moitié de la ruelle. L’ambiance est à son comble et couvre même certains restaurants du voisinage qui, eux aussi, proposent de la musique, mais plutôt sous forme de langoureuses bossas-novas.

 

Praia do Forte

Bon appétit

A Praia do Forte, ce ne sont pas les restaurants qui manquent, et on y trouve toute la gamme, du simple bistrot sur la plage où on vous sert un plat de crevettes grillées et une bière bien fraîche conservée dans une sorte de thermos pour éviter qu’elle ne prenne trop rapidement le chaud, mais aussi des restaurants à churrasco avec toutes sortes de viandes, des restaurants de poissons et crustacés grillés et l’inénarrable feijoada carioca qui, comme son nom l’indique, est originaire de Rio. Mais il serait surprenant que l’hôtel que vous aurez choisi ne vous serve pas le traditionnel petit-déjeuner brésilien sous forme de buffet comprenant toutes sortes de jus de fruits tropicaux, de fromages, de fruits, de gâteaux en tous genres, d’œufs sous toutes leurs formes et de quantités de spécialités locales du style croquettes, bref, de quoi vous nourrir pour la journée entière ou presque.

Tous à la plage

La première qui se présente est celle du petit port de pêche où des tables de restaurants avec leurs parasols sont régulièrement déplacées au gré de la marée montante ou descendante. Si ce n’est pas là l’exemple qu’une plage idyllique, elle a pour avantage d’être le théâtre d’un spectacle permanent avec les travaux des pêcheurs, le kiosque du vendeur de noix de coco et les habitants mêlés aux touristes.

Sinon, au nord comme au sud, ce n’est qu’une gigantesque enfilade de plages de sable fin bordées de cocotiers, image d’Epinal de toute plage tropicale. L’entrée dans l’eau n’est pas ce qu’on pourrait imaginer être pour les grands nageurs, à l’exception, peut-être, de la plage du port. En effet, seul cet endroit possède une ouverture vers le large. Ailleurs, les premiers deux cent mètres aboutissant à la barrière de corail sont comme des espèces de bassins coralliens qui, à marée basse sont rempli d’eau et sont l’idéal pour les familles désirant faire trempette, pêcher les crevettes ou voir des petits poissons tropicaux multicolores. C’est de toute évidence un handicap pour celle ou celui qui voudrait pratiquer le crawl. Ceux-là se consoleront peut-être en goûtant aux gâteaux à la noix de coco proposés par des marchandes aux turbans folkloriques blancs, ou à du fromage grillé sur la braise proposé par des vendeurs ambulants.

Praia do forte

S’il est un bâtiment qui caractérise Praia do Forte, c’est bien la chapelle de style baroque et la grande croix qui l’annonce, plantée au beau milieu de la place du port. Il est d’ailleurs instructif de suivre, le dimanche matin, une messe typiquement brésilienne dite à l’intention des habitants comme des visiteurs.

Proche du port se trouve un passionnant centre de protection des tortues marines qui se présente sous forme d’un parc d’attraction pédagogique. Un lieu est réservé pour que les amphibiens puissent pondre leurs œufs et, les jours de chance, il est possible d’assister, lors de l’éclosion des œufs, à la course irrésistible des tortues nouvellement écloses vers la mer. Toutefois, la chose n’est jamais garantie d’avance et la météo est un facteur essentiel pour que les jeunes tortues se sentent à l’aise.

Enfin, pour qui aura le courage de se lever de bon matin, un spectacle mouvementé est l’arrivée des bateaux de pêche, la criée et le chargement des poissons dans les camions et camionnettes pour être distribués dans les restaurants de Praia do Forte et environs.

Pêcheurs

Si votre souhait est de vivre en Robinson Crusoë (ou presque) vous aurez du plaisir à vous rendre à la petite plage intimiste d’Itacimirim à une vingtaine de kilomètres de Praia do Forte. Il n’y a que trois hôtels: le Jambo, tenu par un Allemand, la pousada Lagoa Clara, et la pousada Praia das Ondas. On est loin de tout. Sur la plage sont amarrés quelques bateaux de pêche face auxquels, à l’ombre des cocotiers, se trouve un seul bistrot pittoresque sous forme de cabane coiffée de feuilles de cocotier avec un patron et une patronne immensément sympathiques. L’endroit est quasiment désert, pour le moment en tout cas. Ah, bien sûr, pas de boîte de nuit et le prochain supermarché doit se trouver à plus de 10 km de là.

Texte Erika Bodmer,
photos Gérard Blanc


Infos pratiques

Genève-Lisbonne-Salvador de Bahia avec TAP Air Portugal

 

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