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JE PARS EN WEEK-END

Malá Strana, le rendez-vous de la musique et de l’histoire

Avec pour chefs de file Smetana, Dvorák et Mahler, la République tchèque a une lourde réputation à maintenir: celle du Conservatoire du monde.

A l’écoute de Prague: «Chaque Tchèque est un musicien», déclarait-on au 18e siècle dans les maisons, les écoles et les églises de Prague, comme dans les chaumières de Moravie, de Bohême ou de Silésie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard  si d’autres compositeurs illustres, tels que Haydn, Beethoven, Mozart ou Chopin, vinrent exercer leurs talents pour le plaisir des familles nobles de Bohême.
C’est au Théâtre des Etats du quartier historique que fut interprété Don Giovanni de Mozart, opéra qui remporta un franc succès: du baume au coeur d’Amadeus, dont l’oeuvre avait été accueillie froidement en Autriche et en Allemagne. Au pied du théâtre trône toujours une statue du légendaire séducteur.
Aujourd’hui, c’est, bien entendu, dans les musiques baroque, classique et romantique, voire dans le chant grégorien ou l’opéra que les Tchèques excellent, mais tout autant dans le jazz ou la musique pop.
Pour celle ou celui qui a déjà visité Prague d’une façon conventionnelle, la redécouvrir par le biais de la musique donne un attrait supplémentaire.
A l’instar de Vienne, Prague a l’étiquette méritée de ville musicienne, et le temps d’un week-end prolongé permet de combler un mélomane. Tous les concerts proposés par des pamphlets distribués dans la rue ne sont pas bons à prendre, non que les interprètes ne soient pas de bons musiciens, mais il pourrait s’agir d’une oeuvre bâclée ou écourtée, ou d’une salle dont l’acoustique s’avère douteuse.
L’acoustique a une importance primordiale, a fortiori quand il s’agit de musique classique.
Palais Wallenstein, Malà Strana, Prague © Gérard BlancLa meilleure est celle de la Rudolfinum (proche du quartier juif), siège de l’orchestre philarmonique de Prague. Une autre salle où l’acoustique est considérée comme la meilleure est la basilique Saint-Georges, attenante au château. Si vous vous trouvez à Prague un soir d’été, vous apprécierez certainement d’assister à un concert dans le cadre fabuleux des jardins à la française du palais Wallenstein, au pied du château. On citera aussi la Maison municipale, ainsi que de nombreuses d’églises aujourd’hui désertées par les fidèles mais utilisées à bon escient pour des concerts.
L’orgue est l’un des instruments les plus prisés. Introduit au 8e siècle, il s’est complexifié de siècle en siècle, pour donner des exemplaires spectaculaires, tels que, par exemple, celui de l’église Saint-Nicolas qui, à elle seule héberge deux orgues. Le plus petit dispose de deux claviers à 18 jeux.
Comme autre site religieux propice aux concerts, on citera le Clementinum, chapelle de l’église Saint-Sauveur, dont  l’orgue a une tribune de marbre. Impossible de passer sous silence le nec plus ultra qu’est l’orgue du 17e siècle se  rouvant dans l’église de Notre-Dame-du-Tyn, et dont le facteur fut l’Allemand Johann Heinrich Mundt. Les plus grands organistes du monde rêvent d’en jouer un jour.

Le décor d’«Amadeus»

Milos Forman ne s’y est pas trompé, son choix pour le tournage des extérieurs de son film, dans les arcades du quartier de Malá Strana, ne pouvait être que le meilleur site qui soit pour transmettre l’atmosphère la plus représentative possible, notamment en relation avec le style baroque qui se répète dans la majorité des maisons qui jalonnent ses rues.Maison à pignons © Gérard Blanc
Après celui de 1541, Malá Strana n’a plus eu à souffrir de grands incendies comme d’autres villes de la Tchéquie. C’est ce qui lui confère une authenticité architecturale. Les maisons conservent leur style baroque tellement pittoresque. Avec leurs pignons authentiquement décorés de bas-reliefs ou de fresques du 17e siècle, elles bordent des ruelles qui montent vers le château et portent des noms évocateurs, comme, par exemple, celle de l’écrivain du 19e siècle Ján Neruda. Logique, que dès lors, un chapelet de tavernes, de restaurants en tous genres et d’hôtels «design» aient trouvé bon de s’y installer, sachant par excellence que les visiteurs d’aujourd’hui sont de plus en plus friands de ce genre de décors.

Bus, métro, cheval, guimbarde, vélo, segway

Les transports en commun fonctionnent bien et sont bon marché. Un billet de parcours illimité valable pendant 90 minutes et permettant de changer de moyen de transport (tram, bus, métro), coûte 32 couronnes (CHF 1.60). Il est aussi possible de visiter la ville en calèche ou de recourir à une visite guidée de Prague avec une palette de moyens insolites. Sur la grande place, un éventail de guimbardes des années 30 attend le touriste, ainsi que des vélos bizarres, comme ce tricycle avec un espace pour deux passagers à l’arrière ou cycle à cinq pédaleurs. Le plus est encore le «segway», cet engin à deux grosses roues parallèles reliées par un marchepied et une tige verticale coiffée d’un guidon. Vous vous mettez debout sur le marchepied, droit comme un piquet et vous avancez en vous penchant en avant et freinez pour reculer en vous penchant en arrière. Le véhicule est électrique et permet de grimper des côtes sans peine et d’évoluer à une certaine vitesse. Le maniement demande quelques minutes d’adaptation surveillée par un guide-chef de groupe (on ne peut pas partir seul). Le port du casque est obligatoire.

Histoire et religion

L’arrivée au pouvoir des Habsbourgs et leur imposition par la force de la religion catholique romaine à une population à majorité protestante (réformateur Jan Hus), fut à l’origine de plusieurs conflits, dont les témoignages se retrouvent ici et là à Malá Strana, comme, par exemple, sur la place de l’église Saint-Nicolas où, au bas du conservatoire, est exposée la représentation moderne des 27 notables protestants exécutés en 1621 et dont les têtes avaient été exposées sur le pont Charles afin d’encourager les protestants à abjurer leur foi.
L’un des sites notoires de Malá Strana est l’église Notre-Dame-des-Victoires ou encore «Eglise de l’Enfant de Prague» qu’on visitera, certes, pour son retable flamboyant, mais surtout pour la statuette votive d’un petit bonhomme représentant l’enfant Jésus. Il semblerait que la sculpture ait accompli un certain nombre de miracles, notamment lors du siège par les Suédois en 1631.
Le fleuron de Malá Strana est le château qui trône au sommet de la colline de Hradcany et qui a d’ailleurs été déclaré le plus grand du monde pour sa superficie. A défaut de se lancer dans une évocation historique fastidieuse de chacune des salles et des sites religieux de cet édifice imposant, on citera tout d’abord la cathédrale. L’insolite sera de remarquer les vitraux datant de la dernière réfection par Alfons Mucha en 1930, et celui représentant Saint-Venceslas d’une manière un peu trop actuelle au goût de certains conservateurs.
On retiendra aussi la salle où eut lieu la 2e «Défénestration de Prague» où, à la suite d’un désaccord entre les représentants protestants et les envoyés du contre-réformiste Ferdinand de Habsbourg, deux gouverneurs habsbourgeois et leur domestique furent jetés par la fenêtre pour tomber sur un tas de fumier, ce qui leur permit de s’en sortir sans trop de mal. Cet événement fut le départ des guerres de trente ans.
Une autre attraction est enfin la ruelle d’Or, également nommée la ruelle des Alchimistes, avec ses seize maisonnettes colorées où vécurent de nombreuses personnalités, dont l’écrivain Franz Kafka. Leur dernière restauration en ont fait une ruelle-musée.

Gérard Blanc

 

Infos pratiques

Vols

Swiss assure une liaison quotidienne sans escale Genève-Prague.

Information

Czech Tourism, www.czechtourism.com.

A voir absolument

Le musée Bedrich Smetana attenant au pont Charles et, à Nelahozeves, à environ 20 km au nord de Prague, la maison natale d’Antonin Dvorák.

Boire et manger

Les spécialités culinaires tchèques tournent autour de goulasch, de knoedels, de pommes de terre et de salade. Côté boissons, la République tchèque est grande productrice de bière, à voir les champs de houblons dans les campagnes.
Le pays produit aussi du vin (principalement de la Moravie), avec une variété de cépages, dont certains sont endémiques. La boisson nationale reste la Becherovska, sorte d’eau de vie à base de plantes aux vertus médicinales. Vous ferez très couleur locale en commandant au bistrot un «betón» (Becherovska + tonic).

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