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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

En retrait des grands axes touristiques, l’Alentejo s’offre au naturel

Quand on évoque le Portugal, les lieux qui viennent d’abord à l’esprit sont Lisbonne, les plages de l’Algarve ou encore Madère, suivies immédiatement par Porto et la vallée du Duro, voire, peut être, la côte de l’Estoril. Méconnu, l’Alentejo comble les chercheurs de vacances nouvelles.

Il est une province portugaise bien jolie, au sud de Lisbonne et au nord de l’Algarve, dont l’atout est une palette impressionniste servant d’écrin à une faune et une flore exubérantes, des villes et villages avec des maisons blanchies à la chaux et, surtout, une population possédant un don spontané de l’accueil, qui n’a pas été appris dans les écoles de marketing. Cette région s’appelle l’Alentejo, une dénomination jadis emprunte d’un léger dédain de la part des citadins de Lisbonne, lorsqu’ils parlaient de ceux qui se trouvaient «au-delà du Tage», un peu comme les Parisiens parlent des provinciaux. Mais, au fil du temps, cette appellation est devenue une fierté.

Lacustre randonnée
Tout à l’est, proche de la frontière espagnole, se trouve le grand lac artificiel Alqueva qui, depuis quelques années, a développé une forme de tourisme bien à la mode qui est celui des bateaux habitables. Le clou d’un séjour axé sur la tranquillité et l’osmose avec la nature est, hors des grands axes, la visite de petits villages ruraux et médiévaux, tels Monsaraz, Mourão, Luz ou Estrela, tous entourés de vignobles.

Aujourd’hui, le charme de cette région réside surtout dans son côté intimiste. On voudrait presque souhaiter qu’elle reste telle qu’elle est, et surtout qu’elle ne soit pas trop envahie pour que la magie agisse toujours et encore.

S’il est une période idéale pour se rendre en Alentejo, c’est bien les débuts du printemps, cette période, où le soleil n’a pas encore grillé l’herbe et où les tapis de fleurs des champs au milieu des oliveraies offrent une toile de Manet à chaque contour de la route vicinale. Il n’est donc pas incongru de prendre les devants en prévoyant une semaine ou plus pour y séjourner.
Si l’Alentejo dispose d’un littoral indéniable sur l’Atlantique, ce n’est, de toute évidence, pas à cette période que les personnes ayant besoin d’une eau à plus de 20° pourront y prévoir des vacances balnéaires, mais devront se contenter d’une mer entre 16° et 18°.
Par contre, les amateurs de randonnées pédestres ou cyclistes ou, plus simplement, de visites en voitures de location, seront comblés par la découverte d’un patrimoine insoupçonné.

L’histoire de l’Alentejo n’échappe pas à celle de toutes les régions ibériques occidentales, qu’elles soient portugaises ou espagnoles. Elle commence par les influences néolithiques, avec plusieurs témoignages mégalithiques à l’instar de ceux de Bretagne, et dont le meilleur exemple est le Cromlech d’Almendres et son alignement de menhirs, petit frère de celui de Carnac.

La capitale
Classée par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité, Evora ne peut être ignorée. La place de Giraldo et sa fontaine mouresque sont un point de départ idéal pour la visite du quartier historique. Après un rafraîchissement pris en toute tranquillité à une terrasse du centre de la place, permettant d’ailleurs d’en apprécier l’architecture avec ses maisons à arcades et le fronton de la Santo Antão, il faut aller se perdre dans les ruelles blanches du quartier historique et s’arrêter aux boutiques d’artisanat, dont les sujets majeurs sont les objets fabriqués à base de liège.

Rencontre avec les dauphins
En route pour Evora, aux portes de Setúbal, un arrêt sur un ponton de l’embouchure du vaste delta de la Sado vous permettra d’embarquer à bord d’un zodiac pour partir à la rencontre des dauphins. Cette expérience vous donnera l’occasion de voir et de photographier ces animaux amicaux et joueurs qui, en bande, aiment approcher l’homme à presque le toucher. Un moment simple de bonheur.

Un site insolite est l’église de São Francisco, surtout pour sa chapelle des ossements, dont les murs sont littéralement tapissés de crânes, de fémurs et autres omoplates ayant appartenu à quelques 5000 personnes.

En grimpant vers le sommet de la colline, on débouche sur une grande place au milieu de laquelle trône le temple romain de Diane, et une esplanade sur laquelle donne la superbe façade historique de la pousada Largo Conde Villa Flor.

Coup de coeur du temps jadis
L’Alentejo regorge de châteaux, forteresses et bourgades fortifiées, témoignages des nombreuses batailles et invasions que connut ce pays au même titre que les régions avoisinantes, au Portugal comme en Espagne. On citera, bien sûr, l’invasion arabe datant du VIIIe siècle, laquelle dura cinq siècles, et surtout les nombreux combats contre l’Espagne, dont la fameuse «Guerre des oranges», et trois invasions manquées de l’armée napoléonienne.

Comme moi, vous aurez un coup de cœur pour la ville intramuros de Monsaraz. Perchée sur une colline, on la dirait sortie d’un décor de film médiéval, sorte de musée en plein air, avec ses maisons blanchies à la chaux et ses églises ayant certainement donné le ton à celles qui furent construites lors de la colonisation du Brésil.

Des crus reconnus
Les vignobles de l’Alentejo ont depuis plusieurs années dépassé les frontières du Portugal et commencent à occuper une place méritée sur les autres marchés d’Europe. La plus grande partie des vignobles de l’Alentejo se trouve dans la partie sud-est, dans un périmètre délimité par Portoalegre au nord, Setúbal à l’ouest, Beja au sud et Badajoz à l’est, avec la capitale Evora au centre.
Les amateurs de dégustation emprunteront trois «routes des vins» labellisées comme telles: celle de S. Mamede le long d’une chaîne de montagne, allant du village de Marvao jusqu’à Casa Branca en passant par la ville de Portoalegre; celle du Guadiana (du nom de la rivière), allant de Viana do Alentejo à Granja, près de la frontière espagnole; la route dite historique, allant d’ouest en est de Arraiolos à Elvas proche de Badajoz. La route de S. Mamede vous fera découvrir des vins rouges chargés en couleur, avec une grande intensité aromatique de fruits rouges. La route du Guadiana offre des blancs à l’arôme complexe et original, et des rouges ronds au bouquet, épicé et fruité.
Quant aux cépages, ils sont multiples, et bien souvent propres à l’endroit même comme, par exemple, le trincadeira preta, le caiada, le castelaõ francês et bien d’autres encore.

Textes Erika Bodmer – Photos Gérard Blanc

Infos pratiques

Renseignements

www.visitportugal.com
www.visitalentejo.pt
www.vinhosdoalentejo.pt

Y aller

Vols quotidiens Genève-Lisbonne avec TAP-Portugal ou easyJet.

Le gite

Convento do Espinheiro à Grandola; hôtel Mar de Ar Aqueduto à Evora; chambres d’hôte de qualité au Monte do Serrado deBaixo.
Le couvert: Restaurant D. Joaquim à Evora; Degust’ar à Evora.

Gastronomie

Le meilleur reste la cuisine de terroir. Pour l’essentiel, on retiendra d’abord les multiples plantes aromatiques qui distinguent la cuisine alentejoise du reste du Portugal. Vous connaissez les tapas d’Espagne? En Alentejo, ça s’appelle le petisco, cet éventail de hors-d’oeuvre qu’on grignote accompagné d’un verre de rouge capiteux avant de se mettre à table pour le repas du soir, qui se compose de champignons rôtis, d’oreilles de porc, de foie à la coriandre et plein d’autres encore. Pour le reste, c’est un menu à l’infini, dont on retiendra le porc alentejan, ou encore toute une variété de poissons en matelote.

A voir encore

Les haras de Alter Real et ses chevaux lusitaniens; les tapisseries du musée Guy Fino à Portoalegre; le musée des arts traditionnels.

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