Vacances en bateaux habitables
Lancée vers la fin des années soixante, la location des bateaux habitables n’a pas pris une ride. Elle fait désormais partie des formules de vacances adoptées par une grande partie des vacanciers européens, au même titre que la thalassothérapie.
Disons même qu’elle connaît un succès exponentiel, chaque pays à vocation touristique lui découvrant des lieux parfois inattendus où elle serait praticable.
Certes, les habitués réservent leur embarcation préférée d’une année sur l’autre, car ils en connaissent ses performances, surtout en ce qui concerne l’aménagement intérieur. Mais que les autres ne se fassent pas de soucis. Jusqu’à Pâques, on trouvera encore à louer de très bons «house-boats» pour les vacances scolaires entre le 15 juillet et le 15 août. Il n’empêche que, si vous avez la possibilité d’éviter le plus fort de l’été, rien ne vaut le printemps ou l’automne. L’avantage est d’être épargné par les foules, (surtout des files d’attente aux écluses), de bénéficier d’un prix de location pouvant parfois être inférieur à 50% du prix fort et, surtout, dans le cas du canal du Midi, d’éviter une chaleur parfois étouffante.
La vie à bord
Comme pour les bateaux de croisière, le «house-boat» est, comme son nom l’indique, un logement de vacances flottant, qui permet de se déplacer d’un point A à un point B sans avoir à refaire sa valise chaque jour. Mais la comparaison s’arrête là. La vie à bord du bateau habitable tient plutôt du camping. Ni steward, ni soirée du capitaine, mais tout y est prévu pour faire soi-même la cuisine, et la douche qui sont, disons-le, plutôt fonctionnelles. Ce sont vous-mêmes et vos amis passagers qui font office de commandant de bord, de mousse, de cambusier et de maître coq. L’un des grands avantages du «house-boat» est de pouvoir traverser un pays au plus profond de sa campagne, loin des grands axes. C’est le côté bucolique et campagnard qui fait tout le charme de ce mode de vacances, celui qui vous permet de dîner dans un restaurant de campagne quand vous n’avez pas envie de faire la cuisine ou encore de laisser à vos amis le soin de continuer la navigation et de faire une échappée à bicyclette pour découvrir un paysage ou un monument.
Où naviguer ?
Bien que les vacances en «house-boat» soient nées en Angleterre, c’est aujourd’hui la France qui dispose du plus grand réseau de voies navigables. Les canaux et rivières de Bourgogne et de Franche-Comté sont les plus proches, et idéaux pour une première expérience, le temps d’un week-end (rarement possible en plein été, car les loueurs trouvent facilement des acquéreurs pour des semaines complètes). Très nombreux sont ceux qui choisissent le canal du Midi, parce qu’il incarne le Sud de la France, la proximité de la Méditerranée, etc. Notons cependant que sur sa partie orientale, ce n’est pas le cours d’eau qui offre les paysages les plus pittoresques. On trouve déjà mieux dans la partie occidentale entre Toulouse et Mas-d’Agenais. Les canaux et rivières de Bretagne (canal de Nantes à Brest, canal de l’Ille et de la Rance, Blavet et Vilaine) offrent le meilleur de la Bretagne rurale. Moins courues et d’autant plus bucoliques sont les rivières de l’Anjou (Mayenne et Sarthe) ou même les cours d’eau de l’Alsace et de la Lorraine qui forment, reliés par la Meuse, un gigantesque réseau avec les canaux de Belgique jusqu’à Bruges et même Gand. Ailleurs en Europe, les sites les plus courus sont, tout d’abord, le Shannon en Irlande, (300 km navigables) et le Loch Ness (Ecosse).
Mais il existe chez les inconditionnels de ce genre de vacances, ceux qui souhaitent découvrir, chaque année, un pays différent.
Ils ont un vaste choix avec, entre autres, Venise, sa lagune et ses canaux menant jusqu’aux environs de Padoue, l’Ebre (Espagne), le Douro (Espagne et Portugal), etc.
Le stress des écluses
Les nouveaux adeptes s’affolent à l’avance du passage des écluses. Il est vrai que le canal de Bourgogne, par exemple, en possède beaucoup. Il existe l’ancienne formule, celle qui implique la participation d’un éclusier, même si le batelier que vous êtes donne un coup de main en actionnant la manivelle. Mais la présence de l’éclusier permet aussi un contact souvent des plus sympathiques. Mais il y a maintenant une tendance, discutable mais rentable: des systèmes électroniques, avec un radar qui, à l’approche du bateau, déclenchent l’ouverture automatique de l’écluse: dommage pour la perte du côté aventurier…
Conseils aux amateurs
• passer une première commande d’épicerie avant d’arriver au port d’embarquement. C’est pratique, surtout quand on arrive un samedi soir après la fermeture des commerces et que, le lendemain, tout est fermé;
• réserver un bateau pour moins de personnes que de nombre de lits prévus.
L’investissement en vaut la peine. On est tellement mieux quand on est au large!
Sur un «house-boat», la place est réduite. Cette précaution s’applique plus particulièrement à l’automne, où la météo est parfois incertaine. Mieux vaut alors ne pas être trop nombreux dans le carré!;
• s’informer préalablement sur les sites traversés pour éviter de manquer des endroits sympas à découvrir (il est fréquent d’ailleurs que les agences de location glissent un guide touristique dans vos documents de voyages. Il est recommandé de prendre le temps de l’étudier avant l’embarquement);
• calculer quand même le temps que vous ayez mis dans un sens pour rentrer au port à temps à la fin du séjour. Se méfier du courant de certaines rivières, comme le Shannon. Commencer son parcours de préférence en remontant le courant.
Il sera plus facile et plus rapide de le descendre.
A déconseiller:
• vouloir couvrir le maximum de kilomètres en un minimum de temps. Vous n’en aurez pas plus pour votre argent. Le bateau habitable est une formule qui invite à flâner et à se laisser vivre. Le stress ne vous fera pas passer des bonnes vacances et risque de causer des accidents. Les prix: La location d’un «house-boat» est peut-être d’un prix relativement élevé, mais il doit naturellement être divisé par le nombre d’occupants. Certains bateaux sont parfois loués dans une catégorie «budget». Il s’agit de bateaux un peu plus vieux que la moyenne et qui, à qualité égale, offrent un confort moins sophistiqué.
Les prix évoluent selon le confort intérieur, tels les aménagements des couchages, de la cuisine, des sanitaires, du carré, etc. Des réductions sont en général accordées pour deux semaines de location (5%) ou plus (10%).
Où se renseigner: S’adresser à l’un ou l’autre des loueurs qui ont bien souvent leurs sièges dans les ports d’embarquement est une chose possible. Il n’est pas toujours facile de savoir si on tombe bien quand on ne connaît pas. Il est aussi difficile d’avoir une opinion objective de la part d’un office du tourisme, qu’il soit national ou régional. Ceux-ci n’ont, en général pas le droit de favoriser un loueur plutôt qu’un autre. S’adresser à une agence spécialisée est une formule qui possède un avantage, celui de simplifier les paiements de caution et de pouvoir recourir à un bureau suisse en cas de réclamation sérieuse. En Suisse romande, l’Atelier du Voyage (+41 21 312 34 22) est le spécialiste de longue date.
Gérard Blanc