Botswana : Safari sur l’Okavango et le Chobe
Les eaux capricieuses descendant des hauteurs de l’Angola se répandent dans un delta isocèle de 150 km de côté pour se jeter, non pas dans la mer, mais dans les sables du désert du Kalahari: c’est le delta de l’Okavango. Avec la rivière Chobe, ce sont les deux grands pôles d’attraction du Botswana, pays de l’Afrique australe, épargné jusqu’alors par les conflits politiques qui l’entourent.
Le crépuscule du guépard
Six heures du soir: la lumière baisse peu à peu. Au centre de la grande clairière, le guépard semble assoupi. Pourtant, tous ses sens sont en éveil. A 300 mètres, deux impalas excluent un troisième de leurs jeux. Le guépard baille, et, pourtant, il n’a rien perdu de la scène et se lève nonchalamment. Mais attention, surtout ne pas alerter les impalas. Son ventre est creux: signe qu’il a faim. Après avoir parcouru cent mètres en souplesse, le guépard se recouche. L’impala paria ignore encore que ses congénères ont signé son arrêt de mort et broute paisiblement. Au bout d’un quart d’heure, le guépard se relève et trotte à nouveau pour se tapir derrière un buisson. L’impala n’est plus qu’à cinquante mètres de distance et vient d’apercevoir le guépard. La panique se lit dans ses yeux. Tout son corps est tendu, il est comme paralysé. Ramassé sur ses pattes arrières, le guépard bondit enfin, mais l’impala prend tout à coup la fuite en zigzaguant entre les buissons.
A ce régime, le guépard ne se sent pas à l’aise et abandonne la course pour entreprendre une autre tactique, qui consistera à attirer l’impala vers la clairière. Il aura alors toutes les chances de le rattraper. Le lendemain, le safari du matin trouvera le fauve, babines sanguinolentes, en train de déguster le fruit de sa chasse.
Quelle que soit l’abondance des précipitations, les abords de Stanley Camp et de Chief’s Camp du Delta de l’Okavango abondent d’étangs, de marécages et de rivières sur lesquels, entre roseaux et hautes herbes, les mokoros (pirogues) glissent en silence pour ne rien perdre des allers et venues des aigles d’Afrique, des oies d’Egypte et de bien d’autres oiseaux multicolores, comme le guêpier d’Afrique ou, le plus beau de tous, le lilac breasted holler, oiseau fétiche du Botswana. Au coucher du soleil, une autre faune s’éveille: celle des grenouilles multicolores de la taille d’un pouce qui croassent à qui mieux mieux jusqu’aux premières heures opaques de la nuit de l’Okavongo.
A chaque instant, à chaque buisson, des aventures se déroulent sur la grande scène de la brousse où les spectateurs sont encore en nombre limité. Les impératifs de la brousse sont implacables: chasser, pêcher, manger, se défendre, délimiter son territoire et se reproduire.
La grande rivière: La rivière Chobe, ce grand affluent du Zambèze sert de frontière avec la Namibie. C’est le lieu favori de rassemblement de milliers d’espèces de la faune africaine, qui attirent de plus en plus d’observateurs et de chasseurs d’images. «100 chambres et 45 000 éléphants», tel est le slogan qui est placardé sur les panneaux au bord de la route à l’entrée de Kasane, petite agglomération sujette à un développement irrépressible en bordure de la Chobe. En principe, ce message devrait en dire long sur le désir du gouvernement du Botswana à conforter l’image d’un pays où la faune est farouchement protégée et où le tourisme et les safaris-photos sont maintenus à une échelle humaine. Pourtant, de nouveaux lodges en bordure de rivière ne tarderont pas à ouvrir leurs portes. L’affiche sera-t-elle réadaptée? Stanley et Livingstone se retourneront-ils dans leur tombe? A Chobe, les scènes de la faune au quotidien sont un continuel émerveillement: au lever du soleil sur la grande rivière, c’est les troupeaux craintifs de gnous, d’impalas et de zèbres mélangés, c’est les groupes d’hippopotames qui s’enfoncent dans l’eau et réapparaissent quatre minutes plus tard avec de gros soupirs, c’est un crocodile, qui prend le soleil après avoir passé la nuit dans une eau si glaciale que son cœur peut s’arrêter de battre un instant, c’est enfin un martin-pêcheur, qui rase la surface de l’eau pour plonger brusquement et ressortir, un poisson dans le bec, se poser sur une branche pour réfléchir s’il doit ou non l’avaler.
Texte Gérard Blanc
Photos Gérard Blanc – Abercrombie & Kent (Jeep)
Infos pratiques
Ce reportage a pu être réalisé grâce à l’agence spécialisée Stohler Tours à Genève: +41 22/715 19 04.
Vol
Genève-Victoria Falls via Addis-Abeba avec Ethiopian Airlines.
Lodges
Stanley’s Camp et Chief’s Camp dans l’Okavango, Chilwero Lodge à Chobe.
Vêtements
Si les journées sont chaudes en tout temps, les nuits et les matinées (les safaris sont les plus spectaculaires au premières lueurs du jour) peuvent être très froides à certaines périodes de l’année. Il est alors utile de posséder des vêtements chauds.
Autres recommandations
Ne pas porter de vêtements de couleur noire au bleu. Ces couleurs font l’effet d’un aimant pour la mouche tsétsé.
Prendre avec soi des produits anti-moustiques, des crèmes solaires et un chapeau pour le soleil.