Mégapoles chinoises
Deux principaux pôles d’attraction caractérisent la Chine d’aujourd’hui: Beijing (Pékin), capitale administrative et culturelle, et Shanghai, centre des affaires. Le contraste est saisissant.
Depuis environ une quinzaine d’années, la Chine a chaussé des bottes de sept lieues. Bien des images datant de la révolution culturelle ont disparu et une large place est aujourd’hui cédée à l’économie de marché. Qui aurait pu imaginer, il n’y a que quinze ans, une jeunesse chinoise roulant en vélomoteur, communiquant par SMS et sortant en boîte? Qui aurait imaginé que les citadins de Beijing ou de Shanghai aient décuplé leurs revenus en dix ans? Avec cette irrésistible ascension consommatrice, le tourisme a sa part importante, les Chinois, comme pour rattraper le temps perdu, témoignant d’une envie frénétique de connaître l’extérieur et les autres régions de Chine dans un premier temps, et le reste par la suite.
En Chine, les touristes sont en grande majorité asiatiques, d’abord avec les Chinois eux mêmes, suivis par les Japonais et les Coréens du Sud. Dans ce pays qui dépasse le milliard d’habitants, on ne se sent jamais seul. Toute personne qui visite la Chine pour la première fois se doit de visiter d’abord les grands classiques et leurs sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, quitte à revenir pour découvrir des lieux moins connus.
Cité permise: Une visite de Beijing commence par la vaste place Tian’anmen, où le spectacle est permanent, du cérémonial du lever du drapeau aux aurores à celui de son baisser en début de soirée, contemplé paisiblement par le portrait géant de feu le président Mao Zedong, qu’arbore la porte de la Paix Céleste, l’une de celles qui accède à la Cité interdite. C’est cette fameuse cité qu’il faut visiter ensuite. Elle a été nommée ainsi en raison d’une règle qui, du temps des empereurs, voulait que seuls les hauts dignitaires de l’époque impériale y avaient accès. Aujourd’hui, tous peuvent y entrer à condition de payer l’entrée. Nous voilà donc dans les murs de la Cité interdite (ou Palais impérial) qui abrita 24 empereurs des Ming et des Qing, depuis 1404 jusqu’à l’avènement du communisme. Douves, remparts, palais de toutes sortes (de la Longévité, du Soleil, des Concubines et même de l’Abstinence), statues du phoenix (symbole de l’impératrice) et du dragon (symbole de l’empereur), et, surtout, places immenses où a été tourné, par exemple, le film «Le dernier Empereur» mériteraient bien de leur consacrer deux journées de visite.
Céleste convivialité et jardins romantiques: Deux autres sites classés ne peuvent être passés outre à Beijing: le Temple Céleste et le Palais d’Eté. Le premier, œuvre des Ming en 1420, en impose par sa majesté. Outre les visites de cet imposant palais qu’on a vu sur toutes les illustrations de Beijing et de ses jardins, on retiendra la galerie couverte où les retraités, accompagnés parfois de leurs familles, s’adonnent à leurs passe-temps favoris qui sont des jeux de poker ou de mah-jong (attention, on ne joue pas d’argent) ou, aussi, l’apprentissage d’un instrument de musique traditionnel. A 20 km du centre-ville, le Palais d’Eté est une bouffée d’air pur avec son atmosphère romantique qui n’échappe d’ailleurs pas aux amoureux pékinois qui, en barque, naviguent jusqu’à un petit pavillon au cœur d’un lac qui occupe à lui seul environ les ¾ de la surface totale des jardins. En visitant les divers édifices qui bordent ce plan d’eau, on apprend, entre autres, les péripéties amoureuses et politiques des impératrices. Dans l’un des bâtiments traditionnels, des étudiantes des beaux-arts font une démonstration de calligraphie chinoise.
Pierre après pierre: Et la Grande Muraille alors? Nous y voilà! Là encore, on ne s’y trouve pas seul. A la passe de Juyongguan, ce sont environ 80 000 personnes qui en parcourent les marches et les remparts chaque jour en pleine saison. Ces remparts à perte de vue épousant la topographie montagnarde sont impressionnants, et on imagine leur construction à main d’homme sur un parcours d’environ 6000 kilomètres de long.
Manhattan X 10: En arrivant à Shanghai, on est saisi par le contraste avec Beijing. Dans cette ville de 17 millions d’habitants, les tours de 40 étages et plus s’y élèvent à perte de vue (hôtels, banques, multinationales, administrations, appartements). Une bonne entrée en matière est de visiter le musée du Planning urbain pour prendre conscience de l’expansion vertigineuse de cette mégapole et de ce qu’elle va encore connaître dans les quatre prochaines années en attendant l’Exposition universelle de 2010. C’est géant! La grande maquette qui y trône donne non seulement une idée de la forêt actuelle des tours qui composent et composeront Shanghai. L’avenir urbain inclura notamment l’espace réservé à l’Expo 2010, l’extension de l’aéroport International et la construction d’un nouveau port maritime sur une île à l’embouchure du Yangze Kiang. Au même titre qu’une ascension de la tour Eiffel ou de l’Empire State Building, grimper au second étage de la Tour de la télévision (nommée aussi la «Perle de l’Orient») est un must. On y découvre, à quelques détails près, la réplique vivante de la maquette du musée de l’urbanisme avec, en premier plan, les rives de la rivière Huangpu, les ponts, les ports marchands, les axes routiers, et, bien sûr, des tours de tous les styles à perte de vue.
Jardins et temples
Fort heureusement, Shanghai n’a pas abandonné son passé culturel, et des temples et jardins sont encore présents tels que le Jardin de Yuyan créé par un empereur Ming, lequel offre un havre de paix bucolique avec ses pavillons, ses rocailles et son immense variété de fleurs, ou, encore, l’incontournable Temple du Bouddha de jade de style Song, où les bouddhistes de l’Asie entière viennent se recueillir.
Shanghai de jadis: Vu de haut, on constate que certains espaces contrastent avec des édifices de 40 étages ou plus. Ce sont des maisons basses qui, soit ont déjà été aménagées en centres de loisirs comme, par exemple, ceux de la «vieille ville», soit des espaces qui, selon les plans d’urbanisme, seront vraisemblablement rasés et céderont la place à de nouvelles tours. La vieille ville est un peu le quartier branché de Shanghai, avec ses restaurants en tous genres, ses bars, sa maison de thé et ses boutiques de mode. Ce qui restera de Shanghai sans subir de démolition est surtout le Bund, quai au bord de la Huangpu, où certaines maisons datant des concessions française et britannique sont encore debout comme, parmi elles, l’hôtel de la Paix aux décorations de style Art nouveau. Mais tout ce qui pourrait rappeler la période de la colonisation se trouve dans le musée historique dans les sous-sols de la Tour de la télévision. Les photos, les personnages de cire et les animations retracent à merveille l’ambiance qui régnait à cette époque et qu’on imagine après avoir vu et lu les nombreux films et romans qui l’ont décrite.
Gérard et Erika Blanc
INFORMATIONS PRATIQUES
Y aller
Vols Genève-Beijing sans escales avec Air China quatre fois par semaine avec correspondance pour Shanghaï.
Formalités
Passeport valable au moins six mois après la date du retour et visa (CHF 50.– par pers.).
Gastronomie
La cuisine chinoise est l’une des plus variées et succulentes du monde. Mais le bonheur des papilles est le célèbre canard laqué, que l’on déguste avec bonheur à Pékin au célèbre «Restaurant du canard laqué». 32 Qianmen Dajie. Il serait trop fastidieux de vous décrire la multitude des émincés, des riz, soupes et fondue chinoise (rien à voir avec la nôtre) que l’on trouve en Chine. Alors, entrainez-vous au maniement des baguettes! Selon notre goût, la nourriture occidentale, en Chine, n’est pas toujours une réussite, surtout dans les steakhouses. On trouve une bière locale tout à fait correcte, et même du vin rouge de Chine (sucré comme du Porto), mais ce qui prime dans les boissons, c’est la panoplie des thés (vert, rouge, noir, au jasmin, etc.).
Hôtels
Les grandes villes de Chine sont maintenant dotées d’une hôtellerie de bon niveau, y compris des hôtels cinq étoiles dignes des palaces européens et d’un prix nettement plus abordable. A Shanghai, l’hôtel Jin Jiang Tower offre en prime son restaurant panoramique tournant, permettant d’admirer le panorama de la cité depuis de 40e étage.
Spectacles
Ils sont d’excellente qualité pour la plupart. On citera l’Opéra de Pékin donnant un spectacle permanent dans le théâtre de Chang’an (avec traduction des paroles en anglais sur écran) et, à Shanghai, le Shanghai Centre Theatre, où se donne ce qu’on pourrait appeler le plus remarquable des spectacles d’acrobatie au monde.
Shopping
Pour l’instant, tout y est meilleur marché qu’en Europe, mais l’avancée économique fulgurante de ce pays peut laisser craindre que les différences de prix s’amenuisent un jour. Méfiance! Le harcèlement des vendeurs de montres et autres objets contrefaits peuvent vous tenter.
Résistez! A Beijing, un bon conseil est de visiter la Galerie de jade où, en prime, on assiste au travail des tailleurs de cette pierre précieuse et on apprend à distinguer le vrai jade du faux. Autres espaces intéressants pour le shopping: le centre d’artisanat de la soie à Beijing. Là encore, on y apprend le filage de la soie et la fabrication des couettes et des vêtements de toutes sortes. Les prix y sont très avantageux.