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JE PARS EN WEEK-END

City breaks en Croatie : Zagreb, Split, Dubrovnik

Bien que certains aient pu craindre qu’une entrée dans l’Europe ne nivelle leur culture, les Croates revendiquent âprement leur appartenance au cercle des sociétés éclairées d’Europe centrale, à mi-chemin entre l’héritage austro-hongrois et les influences vénitiennes. Evolution du mode de consommation touristique oblige, la Croatie se met à l’heure des escapades citadines, le temps d’un week-end.

Zagreb, petite soeur de Vienne
Ballottée par les remous de l’histoire, tour à tour assujettie et capitale indépendante, Zagreb est aujourd’hui une ville sereine, guère taquinée que par sa rivalité avec Split au football.
Sûre de jour comme de nuit, c’est d’ailleurs son calme qui en fait l’attrait. Excepté à Novi Zagreb, ville nouvelle moderne et peu touristique, les rues sont dévolues aux trams, piétons et vélos et incitent à la promenade. Donji Grad, ville basse, offre de longs parcs agrémentés de kiosques et fontaines d’où l’on peut admirer à loisir les façades classiques et d’influence baroque viennoise, dont le Théâtre National Croate, typique avec sa couleur jaune et ses toits vert-de-gris. C’est là que se trouvent de nombreux musées (Mimara, Arts décos, Art moderne) qui témoignent de la vieille tradition artistique zagréboise.
Carrefour central des trams au coeur de la ville, grouillant de vie, la place du Ban Josip Jelacic est le point de départ qui mène à Gornji Grad. Ville haute, cette cité médiévale est bâtie sur deux collines longtemps rivales: Kaptol la cléricale et Gradec la laïque. A ne pas manquer à Kaptol, sur un mur de la cathédrale, un texte en glagolitique, alphabet croate du 11e siècle, ancêtre du cyrillique. Entre les deux collines court la rue Tkalciceva, célèbre pour ses terrasses où les Zagrébois donnent libre cours à leur passion pour le café. Mais la rue ayant le plus de cachet est sans doute sa parallèle, Radiceva, qui remonte vers Gradec, où plane une atmosphère mystérieuse. Etrange Gradec, cité charmante, mais dévolue aux administrations gouvernementales. On peut y visiter une jolie église jésuite (Sainte-Catherine), d’un baroque flamboyant, toute en rose et blanc, garnie d’autels noir et or. Au funiculaire, une agréable promenade surplombe la ville, où l’on peut s’arrêter au restaurant Pod Grickim Topom pour y déguster une savoureuse salade de calamars servis avec des côtes de bettes, ou un risotto délicat à l’encre de seiche, accompagné d’un verre de Posip, vin blanc fruité.
A voir absolument: le cimetière romantique Mirogoj. Bâti par l’architecte autrichien Herman Bolle, il s’inscrit dans la tradition des cimetières monumentaux européens du 19e, couvert de vigne rouge, et constitué d’une impressionnante galerie baroque.
À la périphérie de la ville, les abords du lac Jarun sont réputés pour leur vie noctambule.

Split, la fière et la nonchalante
Split la Romaine, puis Split la Slave, la Vénitienne, la communiste, la Yougoslave, la Croate, mais avant tout Split la Dalmate.
La première impression, quand on arrive au port, est de visiter un petit Saint-Tropez: marina, maisons couleur crème, palmiers, terrasses. Mais c’est sans compter avec le joyau de la ville, semblable à nul autre, véritable machine à remonter le temps : le Palais de Dioclétien (3e s.), l’un des derniers empereurs romains. Imaginez donc : grand exterminateur de chrétiens, à la tête d’un empire aussi colossal qu’ingouvernable, Dioclétien craint d’être assassiné et se met à la retraite. Il fait bâtir dans sa ville natale dalmate un palais monumental au bord de la mer. A sa mort, celui-là est abandonné.
Trois siècles plus tard, des habitants de Salona s’y réfugient. Se servant des pierres comme matière première, ils démontent progressivement le palais pour se reconstruire des maisons en lieu et place du palais. Le mausolée de l’empereur est transformé en cathédrale – très étonnante, de forme octogonale. Une bourgade médiévale se développe, achevée sous la République Sérénissime de Venise, dont Split fut un comptoir pendant près de quatre siècles. Son histoire mouvementée lui confère ainsi un mélange d’arcades romaines et de fenêtres vénitiennes, de ruines et de maisons habitées, dans une interpénétration joyeuse des époques, avec ses ruelles et son linge aux fenêtres.
Après les sous-sols du palais, monter sur la promenade qui domine le port, traverser les ruines qui côtoient des maisons où les enfants jouent sur les perrons, voir la belle cathédrale mausolée et son sphinx vieux de 3500 ans, s’arrêter sur le péristyle, pour y prendre un capuccino au soleil sur les marches du café Louxor. Flâner dans les rues, faire le tour à l’extérieur des remparts, où on peut apercevoir de temps à autre une fenêtre venue se caler dans un trou de mur.
Cette destination paraît idéale comme point de chute, tant il y a d’excursions à faire aux alentours (petits villages côtiers: Trogir, Salona, îles, parcs naturels, canyoning- rafting), et tant l’envie d’y prendre ses quartiers est grande. Dans ce cas, on trouve de nombreux appartements à louer dans la vieille ville, dont le nombre s’est démultiplié ces dernières années – mais vu la popularité de l’endroit, il vaut mieux s’y prendre tôt pour réserver.

Dubrovnik, bijou de la Méditerranée.
Que l’on y fasse étape à l’occasion d’une croisière ou qu’on s’y échappe pendant un séjour balnéaire sur l’une des ravissantes îles alentour, Dubrovnik constitue une excursion hors du commun, incroyablement belle. On dirait une petite Venise sans les canaux, en plus âpre, également piétonne. Il y a du Corto Maltese dans l’air.
Les charmes d’une visite du soir : Entrer par l’entrée nord, et descendre la ruelle qui nous fait face: avec ses escaliers, ses dalles réfléchissantes, ses lampadaires à faible luminosité on a l’impression de s’enfoncer dans une ville basse d’un autre temps. A l’inverse d’autres citadelles, Dubrovnik est une ville en creux: les remparts sont en hauteur, et d’où qu’on arrive, il faut descendre pour rejoindre l’axe central : Placa (ou Stradun). De toute beauté, d’un baroque sobre, quasi austère, cette rue est constituée de deux rangées de bâtiments de pierre blanc crème qui se font face sur 300 mètres, sans aucune décoration ni publicité. Le sol est dallé d’une pierre si polie qu’elle semble vernie.
S’imprégner des lieux, admirer les palais d’inspiration vénitienne et, par hasard, tomber sur le Troubadour Jazz Caffe (Place Buniceva Poljana), où l’on peut siroter une bière en écoutant un joyeux groupe de jazz et son pianiste fou.
Le lendemain : Venir tôt, et profiter de la matinée pour visiter le Palais des Recteurs, le monastère franciscain, et autre cloître dominicain, sans oublier la plus vieille synagogue séfarade d’Europe, qui compte parmi ses trésors une thora vieille de 600 ans en provenance d’Espagne. Se promener rue Prijecko, où l’on peut admirer les nombreux balcons de pierre sculptés qui ornent les façades.
Une petite place près du Palais des Recteurs attire notre attention: Gunduliceva Poljana, où un marché local vend de succulentes figues. De là, des escaliers qui rappellent la place d’Espagne à Rome, mènent à une belle église jésuite, d’où l’on dispose d’une large vue sur Dubrovnik et ses toits en tuile ocre.
Loin de la foule, profiter de l’atmosphère silencieuse de la ruelle Strossmayerova où courent les chats au milieu  des plantes en pots et où le linge traverse l’étroitesse des ruelles qui laissent entrevoir les fortifications.
Près de Placa, le restaurant Proto, recommandé par le guide Michelin, est un endroit idéal pour une pose gastronomique. Il offre sur sa terrasse à l’étage un véritable havre de paix, où l’on vous sert avec élégance des mets raffinés.
Mais la visite de Dubrovnik n’est rien sans le tour des remparts (1h30), à privilégier en fin d’après-midi où la lumière est somptueuse: vue imprenable sur les tuiles des palais, les coupoles des églises, les palmiers et la mer. On découvre des ruelles insoupçonnées, des petites cours charmantes, de riches maisons. Ça et là, quelques ruines témoignent encore des bombardements subis lors de la guerre de Yougoslavie.
Des habitants proposent des chambres ou des appartements. Pour une nuit de rêve, se loger au Pucic Palace, sur la Gunduliceva Poljana, 5 étoiles de charme, d’élégance et de discrétion.

Texte et photos Isabelle Blanc

Informations pratiques

Office du tourisme de Croatie : https://croatia.hr/fr-FR

Vols

Genève-Zagreb avec Austrian Airlines via Vienne ; Paris-Zagreb, sans escale avec Croatia Airlines ; Bruxelles-Zagreb, sans escale avec Croatia Airlines ; pour toutes les origines, continuation pour Dubrovnik ou Split depuis Zagreb avec Croatia Airlines.

Agences spécialisées

Voyageurs du monde : +41 22 518 04 94, TUI : 0848 808 858, Kuoni +41 58 702 72 72 et VT Vacances : +41 21 695 60 40

A voir, faire, écouter

Zagreb: Club de jazz réputé rue Teslina, le BP Club.
Split: A voir: La colline Marjan et la galerie du sculpteur Mestrovic.
Dubrovnik: Concerts classiques ou représentations théâtrales sur la tour médiévale Lovrijenac, sur un piton rocheux face à la mer.

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