Deux doigts de Porto
S’il est une image dont Porto ne peut se dessaisir, c’est bien celle de son célèbre vin. Blanc ou rouge, ce vin doux s’est forgé une sacrée réputation dans le monde entier, et cela un peu grâce aux Anglais, qui ont ainsi répété l’opération du vin de Xeres (sherry).
Porto figure dans la liste des destinations de week-end et mérite la découverte, même si elle ne remporte pas le même succès que Londres, Paris ou Prague.
Il suffit de se rendre dans l’un de ses points névralgiques, le quartier le la Vila Nova de Gaia, pour constater que tout y évoque le divin nectar, avec les enseignes des grandes marques affichées d’une manière ostentatoire sur les toits des chais et, par-dessus tout, les barcos rabelos, ces barques traditionnelles et leurs tonneaux, qui semblent être prêts à livrer leurs tonneaux de Porto aux caravelles partant pour la Grande-Bretagne ou les Pay-Bas.
C’est aussi depuis cet endroit que vous bénéficierez, en fin de journée, de l’une des plus éblouissantes vues panoramiques sur la colline du vieux Porto et ses toits de tuiles rouges.
Porto, seconde ville du Portugal, vit toujours une certaine rivalité avec sa grande sœur Lisbonne. Cela se manifeste ouvertement lors des matches de football, mais aussi dans d’autres domaines, comme les joutes oratoires, les coutumes et dans la mentalité. Un vieil adage populaire portugais dit: «Lisbonne s’amuse, Coimbra chante, Braga prie et Porto travaille».
Les habitants de Porto ont le mérite de s’intéresser intensément à la culture, avec, pour exemple, la fameuse Casa da Musica, bâtiment aux trois auditoriums, où se donnent aussi bien des oeuvres classiques que lyriques ou traditionnelles.
Culture, shopping et panoramas
Toute bonne visite de Porto commence à la place Ribeira, face à l’imposant pont Maria Pia, la première grande oeuvre du fameux Gustave Eiffel que l’on admire à la terrasse d’un bistrot en dégustant un plat de bacalao (morue salée). De là, à moins d’utiliser les transports publics, comme, par exemple, le vieux tram électrique ou partir à pied. Le visiteur entrera d’abord admirer l’intérieur de la cathédrale de Sé et son cloître. Il grimpera ensuite sur la colline vers la rua de Los flores, l’une des mieux conservée du vieux Porto, avec ses murs colorés et ses balcons de fer forgé. Il accédera ensuite au quartier des Clérigos avec sa tour ressemblant à un beffroi, mais aussi à tout un quartier voué aux livres, avec des librairies pittoresques, comme celle de Lecco & Irmao, rue des Carmélites, avec ses boiseries et une richissime collection de vieux livres, en portugais, certes, mais aussi en bien d’autres langues, un lieu passionnant pour les amateurs. Ce lieu n’est qu’un exemple parmi tant d’autres démontrant l’intérêt des Portugais du Nord pour la lecture.
Plus au nord, la rua de Cedofeita est le quartier des mille et une boutiques de mode, des galeries d’art et des cafés branchés.
Il est encore un autre quartier, où il fait bon se promener, qui est celui de Massarelos, au pied du Ponte de Arabida. On y accède par le parc ombragé du Palais de Cristal, d’où on bénéficie d’une vue panoramique exceptionnelle, à la fois sur le pont Maria Pia à l’ouest et à l’est du Douro. Ce quartier méconnu et intimiste ressemble un peu à Montmartre ou au quartier du Panier de Marseille, avec ses ruelles en pente, ses escaliers dotés de rampes et une atmosphère spontanée digne d’un roman de Marcel Pagnol.
Le fleuve roi
Celle ou celui qui se contentera du
Celle ou celui qui se contentera du spectacle du Douro à son embouchure n’aura vu que la pointe de l’iceberg. Cette vallée encaissée et ses milliers de méandres est une attraction à elle seule.C’est la raison pour l aquelle les croisières sur ce fleuve royal remportent de plus en plus de succès.
Mais que cela n’empêche pas les amateurs de week-ends interville de mettre une brève excursion dans la vallée à leur programme.
Une bonne formule est de prendre le train touristique de la ligne de Corgo à la pittoresque gare de Sao Bento et ses «azulejos» (faïences bleues traditionnelles),oeuvres de Jorge Colaçao immortalisant des moments clés de l’histoire du Portugal.
Le tortillard et ses trois wagons datant du XXème siècle remorqués par une locomotive à diesel passent par les charmants villages de Livração,Régua et Tua,à condition, bien sûr,d’avoir pris la précaution de vous asseoir à droite dans le sens de la marche,le spectacle est permanent.
C’est,bien entendu,la vallée et ses vignobles descendant jusqu’au fleuve à flanc de coteau abrupt, mais c’est aussi ces très pittoresques «quintas» (fermes),celles qui vinifient le divin nectar.
Certains exploiteurs britanniques ont eu autrefois le nez fin.
L’Angleterre était déjà passée maîtresse dans l’art de négocier le Sherry (vin de Xeres).
Quelques puissants négociants anglais ayant découvert le vin de Porto imaginèrent ainsi faire une juteuse opération en achetant des vignobles dans la vallée du Douro (comme, par exemple, celui de Sandeman) et en créant non seulement un commerce de vin vers les îles britanniques,mais aussi vers les Pays-Bas et le reste du monde et ce,avec une boisson douce qui allait convenir à presque tous les palais. Par la suite, le nombre d’exploitation augmenta dans la vallée du Douro et les exploitants portugais, Marquis de Pombal en tête,se chargèrent de reprendre la majeure partie des exploitations à leur compte.
Le plus beau spectacle de la vallée demeure celui des vignes à perte de vue dont les couleurs varient au gré de la saison avec un point culminant en automne, alors que les feuilles de vignes prennent des tons jaunes et rouges.
Si les chais en ville de Porto sont intéressants à découvrir,la visite d’une cave dans une quinta de la vallée du Douro l’est plus encore.
Elle s’achève le plus souvent par une dégustation dans une salle avec grande baie vitrée ayant vue en enfilade sur le fond de la vallée.
Une bonne formule est,ensuite, de redescendre le Douro jusqu’à Porto à bord d’un bateau de croisière, une expérience inoubliable si le temps est clément bien entendu.
Gérard Blanc (texte et photos)
Infos pratiques
Vols
Genève-Porto, vols quotidiens sans escale avec TAP Air Portugal et easyJet.
A voir encore à Porto
Musée du tram électrique; Musée du vin de porto; Musée romantique, Musée d’art contemporain de la fondation Serralvès.