Merveilles de la côte Vermeille
En bord de mer ou dans l’arrière-pays, de Collioure à Cucugnan, tout respire le bonheur dans cette région du sud de la France, où le printemps précoce invite déjà à la balade et aux découvertes.
L’Occitanie est comme un écrin architectural et paysager de l’arc méditerranéen avec une multitude de territoires aux reliefs variés, du bord de la mer aux montagnes d’un arrière-pays riche en attraits naturels. Dans des villes tout en couleurs et des villages tout en chaleur, la région respire le bonheur. Et comme le printemps va bientôt pointer le bout de son nez, le Languedoc-Roussillon est tout indiqué pour à nouveau s’évader.
En choisissant Collioure dans les Pyrénées-Orientales comme point de départ, vous pouvez tracer un itinéraire captivant, en allant rejoindre Cucugnan, dans l’Aude. Le village est devenu célèbre grâce à son curé, l’abbé Martin, dont l’histoire est relatée dans les «Lettres de mon moulin» d’Alphonse Daudet. Ce dernier s’était en fait inspiré d’un conte provençal, publié par un certain Roumanille.
La marque des grands peintres
Au creux d’une crique enchâssée dans sa roche, Collioure se distingue par l’ancien phare-clocher rond de l’église Notre-Dame- des-Anges s’élance fièrement sur le front de mer. Son château royal atteste du faste que la ville a connu en tant que résidence d’été des rois de Majorque.
Peut-être tomberez-vous sur un peintre en plein travail, comme David Newcombe, qui vous contera l’histoire et les beautés de la cité. Un jour, il a quitté son Amérique natale pour venir visiter le sud de la France et il est tombé amoureux de Collioure, qu’il n’a plus jamais quitté, clin d’oeil au fauvisme de Matisse et de Derain, deux peintres parmi les illustres artistes qui ont immortalisé le petit port catalan en faisant ressortir ses couleurs uniques.
N’oublions pas de traverser ses petites rues animées, son marché coloré, et surtout de déguster les vins du terroir pour accompagner un trésor jalousement convoité: les anchois. Leur préparation est encore artisanale et les «anchoiades» détiennent une incroyable dextérité pour manier le petit poisson bleu. Frais, au sel ou à l’huile, au vinaigre ou aux épicés, les anchois de Collioure font les meilleures entrées du monde.
La ville au vinaigre
Les communes voisines ne manquent pas de charme, non plus. et Banyuls en particulier.
L’une de ses traditions gastronomique de cette jolie bourgade est l’élaboration d’un vinaigre enchanteur au lieu-dit la Guinelle.
Passionnée de vins, Nathalie Herre eut un jour le coup de foudre pour une petite maison accrochée à flanc de colline, au-dessus du hameau de Cosprons, surplombant la baie de Paulilles. Ce sont ses amis vignerons qui l’ont poussée à s’intéresser au vinaigre de Banyuls. De fil en aiguille, la Guinelle est devenue une référence en la matière et Nathalie a ouvert une boutique en ville, où il est possible de déguster et acheter ses produits faits maison. Ils sont d’ailleurs tellement bons qu’il est difficile d’en utiliser d’autres quand la réserve personnelle est épuisée…
Port-Vendres, site classé des Paulilles fut la première usine de dynamite en France.
Toute une histoire gravite autour de ce lieu, mais qui a aussi l’art d’offrir des paysages de toute beauté, niché qu’il est entre les caps Béar et d’Oullestrel.
Argelès-sur-Mer est une station balnéaire par excellence mais aussi une cité royale qu’on trouve en suivant la route côtière en direction du nord. Sur le sentier littoral, on découvre le hameau et la plage du Racou, puis les criques de Porteils et de l’Ouille. Une autre randonnée permet d’arriver jusqu’au château de Valmy qui se dresse fièrement dans un parc boisé dédié à la valorisation des patrimoines naturel, historique et culturel de la ville.
Jusqu’à Quéribus
Quittons la Méditerranée gagnons les contreforts de l’Aude. Tant au niveau de l’histoire et du patrimoine que de ses nombreux sites naturels, il est primordial de suivre les petites routes régionales. Depuis Argelès-sur-Mer, suivons Perpignan, ville qui mériterait un large descriptif mais que l’on laissera temporairement de côté pour nous rendre à Tautavel, village mondialement connu sa grotte préhistorique ayant abrité le plus ancien Européen connu, il y a 450 000 ans. Un intéressant musée attenant permet de se plonger dans la préhistoire.
Puis direction Cucugnan et son curé dont on a maintes fois parlé. Au détour d’un virage, ce coquet village jaillit d’un mamelon cerné par un tapis de vigne, et il offre une vue inattendue sur le paysage sauvage des Corbières. Blotti entre les citadelles de Quéribus et de Peyrepertuse, il est une étape incontournable sur la route des châteaux cathares, vigies de pierre de la Montagne noire, véritables citadelles du vertige. Du haut de son piton rocheux, le château de Quéribus (XI-XIVe) invite l’imaginaire. Sa situation stratégique lui permettait d’exercer une remarquable surveillance sur la totalité de la plaine du Roussillon.
Lors de la Croisade contre les Albigeois, il abritait justement des Cathares, et il fut le dernier bastion à tomber aux mains des Croisés en 1255, onze ans après Montségur. Le château rentre alors dans le royaume de France, sous le règne de Saint Louis.
Carcassonne et sa légende
Impossible de faire un séjour dans l’Aude sans consacrer au moins une journée à la fameuse Citadelle de Carcassonne, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle compte 52 tours et 2 enceintes concentriques qui totalisent 3 kilomètres de remparts. Quelques 120 habitants y vivent encore, ainsi qu’un grand nombre de commerçants et artisans. C’est un des plus beaux monuments de toute l’Europe, un de ces lieux qui vous prend au coeur et qui vous donne envie de revenir. Mais le détour est aussi récompensé par une légende qui lui valut son nom.
A l’entrée de la ville fortifiée, la statue de Dame Carcas accueille le visiteur.
L’histoire remonte à l’époque où Charlemagne en fit le siège, alors qu’elle était encore Sarrasine. L’héroïne, maîtresse des lieux, fut en tête de la résistance à l’envahisseur. Vint le jour où l’armée assiégée n’avait plus comme seule nourriture restante qu’une mesure de blé et un petit cochon. Dame Carcas eut alors l’idée de démoraliser ses adversaires en engraissant le porcelet et en le projetant par-dessus les remparts.
Croyant que la ville avait encore largement de quoi subsister, Charlemagne décida de lever le siège. Triomphante, la bonne citadine fit sonner les trompettes.
Charlemagne revint sur ses pas et Dame Carcas n’eut d’autre choix que de proposer la paix à l’Empereur des Francs, d’où l’expression «Carcas sonne».
Texte Roger Juillerat
Infos pratiques
Renseignements
Atout France (atout-france.fr). CDT des Pyrénées Orientales (www.tourismepyreneesorientales.com) et de l’Aude (www.audetourisme.com). CRT Occitanie (www.tourisme-occitanie.com)
Couettes et couverts
L’Hôtel du Golfe***, sur la Corniche, route de Collioure, dans son nouvel Art déco (www.grandhoteldugolfe.com).
Le Casa Païral***, hôtel de charme avec une décoration typiquement catalane, un jardin exotique. (www.hotel-casa-pairal.com).
A Cucugnan, l’Auberge du Vigneron et son excellente cuisine (www.auberge-vigneron.com). La cuisine inventive du chef Jean-Marie Patrouix à La Littorine, Banyuls-sur-Mer, au bord de la plage des Elmes (www.hotel-des-elmes.com).