Nice, genèse du tourisme et reine du Carnaval
La fête, les découvertes, les palaces et les gourmandises
Avec ses 522 hectares, Nice est aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que cité de villégiature. Parvenir à cette distinction a demandé plusieurs siècles d’efforts dans l’art de l’accueil.
En 1703, quand, furieux de la trahison du duc de Savoie pour avoir abandonné le camp français et signé un traité avec Charles II de Habsbourg lors de la Guerre de Succession d’Espagne, Louis XIV ordonna de raser les fortifications de Nice qui étaient deux fois plus grandes que celles de Carcassonne. Le roi Soleil avait alors décidé de raser, entre autres, la forteresse de la ville haute, perchée au sommet de la Colline du château. Il y était interdit d’y bâtir et elle a été aménagée en arboretum. Puis Louis XIV entreprit d’appauvrir Nice en lui supprimant ses ressources économiques.
Marketing touristique
Nice dut donc se rattraper sur d’autres débouchés et c’est ainsi, par la suite, que naquit sa vocation touristique avec l’accueil de la noblesse britannique, suivi de celui des nobles allemands, scandinaves, et russes. Les Américains vinrent peu après la 1ère Guerre mondiale et poussèrent la municipalité à ouvrir les plages à la baignade. Nice devint la première étape du « Grand tour » vers l’Italie, institution visant à parfaire les connaissances des jeunes de la haute société européenne dans le domaine de l’art. Les autorités de Nice entreprirent une campagne de propagande destinée à la population avec un discours du genre: « Une famille anglaise qui séjourne ici vous rapportera plus d’argent que votre champ d’olivier à l’année. Apprenez à les accueillir et les faire rester le plus longtemps possible. » Nice prit alors un virage radical avec la création d’espaces verts et un programme d’animations. Par la suite, Nice s’oppa au développement industriel pour ne pas ruiner sa carte postale de ville au ciel bleu et à la mer d’azur et interdit le passage du train sur le littoral.
Etape gourmande
Face à l’Opéra trône la célèbre Maison Auer, d’origine suisse, qui fut inaugurée en 1830 sous l’instigation de la reine Victoria qui aimait à retrouver ses douceurs favorites quand elle se trouvait en villégiature sur la Côte d’Azur. Cette antre de la gourmandise excelle dans la fabrication artisanale de fruits confits, de chocolats en tous genres, de pâtes de fruits, de marrons glacés et toutes autres friandises. (photo en Une)
La promenade des Anglais
Celle qu’on appelle la Prom était, au 19ème siècle, un chemin de terre entre la rive droite du Paillon et le faubourg de la Croix de Marbre. Plus tard, le pasteur anglican Lewis Way prit l’initiative d’en faire faire une avenue afin de permettre aux estivants anglais de se faire remarquer par les gens de bonne éducation. Bordée par des palaces, des hôtels, des villas de luxe et des casinos, et longeant la baie des Anges, sa popularité est mondiale.
Un aperçu de la Nice médiévale
Certes, les grandes places de Nice, telles que Masséna ou Garibaldi, méritent l’admiration, mais le vieux Nice, au pied de la Colline du Château, la vaut tout autant. Un bon point de départ pour sa visite pédestre est l’Opéra, lieu iqui s’est notamment illustré par un grand incendie qui fut à l’origine de la création des rideaux de fer dans tous les théâtres de France. À quelques pas, le cours Saleya embaume par son marché aux fleurs. Dans son prolongement, la place du Palais de Justice est une œuvre architecturale bordées de terrasses de café et sur laquelle se tiennent des marchés, dont celui des artistes. Sa tour de l’Horloge est un imposant édifice avec sa façade impressionnante derrière laquelle siègent les tribunaux et, en apothéose, la palais d’York. En remontant vers le nord, on s’enfile dans un dédale de petites rues qui s’entrecroisent, bordées de restaurants, dont certains affichent le label de la cuisine nissarde. Ce quartier regorge de monuments comme, sur la place Rossetti, la basilique baroque de Sainte-Réparate. Elle est remarquable pour ses grandes orgues et sa statue de la vierge portée par des angelots. Ne pas manquer le quartier de la Vila Nova et ses façades du 18ème siècle dues à l’architecte Bertola.
Les palaces
Ces somptueux édifices sont souvent classés monuments historiques, pour la plupart dans les styles Belle Epoque ou Art Déco. En premier lieu le Palais d’York, anciennement hôtel Spitalien de Cessole, est une imposante demeure de style piémontais. Au pied de la colline de Cimiez, l’Exelsior Regina Palace où logea la reine Victoria cessa d’être un hôtel en 1935 pour être vendu par appartements. Le West End de style Belle époque est toujours en activité. Il fut le premier sur la promenade des Anglais, suivi par le célèbre Négresco, de style néo-baroque.
Le carnaval
Depuis 150 ans, l’animation la plus attendue de l’année est le fameux carnaval. Les parades se succèdent durant deux semaines et trois week-ends aux abords de la place Masséna, de la Prom et du jardin Albert 1er. De jour comme de nuit, on assiste à des batailles de fleurs et des parades géantes et endiablées. Son histoire remonte à 1294 par une récupération de l’église catholique dans le but d’instaurer la fête de la transgression pour compenser la période du carême. En 1873, la fête devient un spectacle pour s’adapter à l’esprit frondeur du peuple. Le corso fleuri et la bataille des fleurs ont une origine féminine sur l’inspiration du journaliste suisse Alfonse Karr, qui eut pour idée de mettre en avant les fleurs de la région. Les femmes riches ou les hôtels vont alors sponsoriser des calèches et on va se lancer des violettes d’une calèche à l’autre. Cette coutiume sera reprise par Léopoldine, fille de l’empereur Pedro II du Brésil pour l’animation du carnaval de Rio. Dans le vieux Nice, le palais Lascaris héberge, outre un espace consacré aux instruments de musique anciens et une galerie de portraits de personnages illustres tels Garibaldi ou la reine Victoria, et un curieux musée dédié au carnaval dans tous ses états. On y rend hommage aux carnavaliers et le travail que représente la préparation du célèbre corso fleuri avec la description de la construction de chars, mais aussi les affiches de plusieurs siècles de carnaval et les maquettes des fameuses « grosses têtes ».
Vestiges médiévaux
Une visite insolite est celle de la crypte archéologique découverte sous la place Garibaldi lors de la construction du tramway, site datant du moyen-âge. La crypte Pairolière de Nice est une impressionnante salle souterraine de 2000 m², qui nous ramène au 14ème siècle, à l’époque des comtes de Provence. On y découvre les anciennes fortifications, rescapées des démolitions ordonnées par Louis XIV.
Texte et photos Gérard Blanc
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Informations pratiques
Y aller
En train via Genève et Lyon. En avion : Genève-Nice avec Swiss ou easyJet
Dormir
Le West End, le Panoramic, l’Appolinaire
Manger
Chez Acchiardo (cuisine nissarde), La Terrasse, Le Meraki
À voir encore
Le musée Masséna, le musée Matisse.
Carnaval
La prochaine édition aura lieu du 15 février au 2 mars 2025 sur le thème des Océans
Ce reportage a pu être réalisé avec la collaboration d’Atout-France et de l’Office du tourisme de Nice Côte d’Azur https://www.explorenicecotedazur.com