Noirmoutier, du grand air de l’Atlantique au parfum des mimosas
L’Atlantique ne peut être plus présent qu’à Noirmoutier. Il est à la fois parfumeur grâce au climat doux qui apporte la fragrance des mimosas fin janvier et fournisseur d’énergie avec le vent dominant du large, vivifiant pour les poumons et faisant le bonheur des férus de la voile et du kitesurf : mieux vaut l’avoir dans le dos quand on parcourt l’île à vélo…
En 675, le moine bénédictin Philibert évangélisa la pauvre et peu peuplée île de Herio et créa un monastère. C’est ainsi que cette terre pris le nom Herio Monasterio et devint au fil des ans Noirmoutier. Ses habitants le vénèrent encore sur le site de Saint-Philibert-de-Grand-Lieu.
Avec ses 49 km2, Noirmoutier est deux fois plus petite que l’île de Ré, ou celle de Belle-Isle-en-Mer. Comme un gros hippocampe vu d’avion, avec la tête personnifiée par Noirmoutier-en-l’Île, cette île vendéenne de 10’000 habitants est la favorite des estivants, français en majorité, qui font passer le nombre d’âmes à 100’000 en juillet et août. Ces touristes sont, pour la plupart, propriétaires de résidences secondaires aménagées dans d’anciennes maisons de pêcheurs aux murs blancs et aux volets colorés, en grande partie loués par l’intermédiaire de plates-formes d’hébergements. Mais la grande surface plane laisse suffisamment de place pour que, même en haute saison, on puisse y circuler sans ressentir une affluence incommodante.
Noirmoutier dispose de 80km de pistes cyclables et de 50 km de chemins pédestres balisés. Bonne nouvelle pour les marcheurs, Noirmoutier est quasiment un terrain plat, son point culminant étant de 26 mètres au Pré de l’Herse. On pourrait s’imaginer qu’une île aussi plate réserve un paysage monotone, mais a contrario, le paysage varie entre les plages de sable fin de l’ouest avec des grandes dunes, et, à l’est, des éperons rocheux et les polders et des criques ; des bois de chênes ou de pins maritimes ; des champs de pommes de terre et des marais salants et des parcs à huîtres.
Divine patate
La fierté des Noirmoutrins est sans conteste la bonnotte, cette petite pomme de terre précoce savoureuse, dont la renommée s’est propagée jusqu’aux USA, et qui se vend à prix d’or depuis que des agriculteurs de Noirmoutier ont vendu aux enchères à la salle des ventes parisienne de Drouot cinq kilos au prix de 15’000 francs. Son goût inimitable serait dû à la silice, roche qui ferait croître ce tubercule à une vitesse plus grande que les autres. Enfin, elle ne reste que 90 jours en terre et elle est récoltée à la main en raison de son extrême fragilité. Il faut la manger rapidement car sa conservation est éphémère.
Les marins-patates
C’est ainsi qu’on appelait jadis les habitants de Noirmoutier, car, outre le dur métier de pêcheurs au filet, ils cultivaient les pommes de terre en hiver et récoltaient le sel en été. Cela résume l’activité économique de l’île à laquelle on peut ajouter, bien sûr, l’ostréiculture qui vint un peu plus tard, le blé pour alimenter les moulins, et, aujourd’hui, le tourisme. Rares sont les activités économiques de l’île qui n’ont pas un rapport avec la gastronomie. L’épicentre de l’ostréiculture se situe au port du Bonhomme avec tous ces parcs à huîtres qui se découvrent à marée basse. Il faut assister au manège des tracteurs remorquant les « plates » (bateaux plats) jusqu’au bord de la mer et qui sont ensuite utilisés pour traiter les huîtres au large. Au port de l’Herbaudière, la criée est l’une des plus célèbres de la côte atlantique, laquelle fournit en homards, seiches, lieux jaunes, soles, congres, baudroies, etc. la France entière, voire l’Europe, mais en tous cas, tous les restaurants locaux.
Les derniers moulins
Jadis, Noirmoutier portait le nom de L’île aux cent moulins qui profitaient d’un vent permanent pour moudre le blé. Aujourd’hui, ils ne sont plus que vingt-trois qui restent debout, la majorité se trouvant à La Guérinière. On trouve aussi dans cette commune des maisons semi-circulaires du nom de gaboulins, habitées jadis par les sauniers, et dont le nom vient de la gabelle, ancienne taxe sur le sel.
Escale ornithologique
A Noirmoutier, les oiseaux sont rois. Ils sont recensés à la réserve naturelle de Barbâtre. Nous sommes sur le Polder de Sébastopol, un site classé, qui est le nichoir de nombreux migrateurs (hérons cendrés, échasses blanches, canards, …), qui fait le bonheur des ornithologues. Sur le Grand Müllembourg, les longues années d’abandon ont créé des îlots à l’abri des prédateurs terrestres, propices à certaines espèces d’oiseaux, pour autant que l’eau de mer continue de circuler grâce aux ouvrages hydrauliques, amenant avec elle de nombreux invertébrés marins.
Randonnées sylvestres
Le must est de se promener en forêt. Au nord-est de Noirmoutier-en-l’Île, le bois de la Chaise est réputé pour sa variété d’essences, dont certaines se retrouvent curieusement en Méditerranée, comme l’arbousier, le chêne vert ou le pin maritime. En bordure de mer, les bois sont bordés par de charmantes petites criques dont la fameuse plage des Dames, rapport aux dames qui surveillaient la baignade des enfants, assises sur des chaises (d’où le bois de la Chaise). Le bois des Eloux est un autre site classé situé entre l’Épine et la Guérinière, qui regroupe les mêmes essences. L’une et l’autre de ces forêts offrent de magnifiques panoramas sur l’Atlantique et son horizon à l’infini.
Silence on tourne
Les cinéastes français affectionnent Noirmoutier et, en particulier Agnès Varda, qui y a tourné Les créatures et Les plages d’Agnès. Idem pour Claude Sautet, qui a choisi l’île comme décor pour César et Rosalie avec la maison donnant sur la plage Mardi-Gras, et Garçon sur la plage des Dames, dont Tati se serait inspiré des cabines de bain pour les Vacances de Monsieur Hulot .
Le Gois
Quitter Noirmoutier en voiture est plus spectaculaire par le Gois, cette route submersible au ras de l’océan qui mène au pittoresque port du Bec, situé à l’Époids, sur le continent. On l’appelle aussi « le port chinois » pour ses longs pieux en bambou qui se découvrent à marée basse. Avant d’emprunter le passage du Gois, mieux vaut rester prudent et se renseigner sur le calendrier des marées, histoire de ne pas se faire engloutir !
Texte et photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Y aller
Genève-Nantes avec easyJet et voiture de location
Dormir
Le Noirmoutier à Barbâtre ; Fleur de sel à Noirmoutier-en-l’Île ; Les Dunes à La Guerinière ; Entre sel et mer à l’Epine
Manger
L’Etelle à Noirmoutier-en-l’Île ; La table d’Elise à Barbâtre ; La cabane d’Adrien à la Guérinière (huîtres et coquillages)
A voir encore
L’Abbaye de Saint Philibert
Ce reportage a pu être réalisé grâce à la collaboration de la communauté des communes de Noirmoutier : www.ile-noirmoutier.com