Minas Gerais, une mine d’or à creuser
Quand on parle du Brésil, on imagine avant tout les grandes stations du littoral et on ignore de véritables trésors tels que les villes de la Route royale de l’Etat de Minas Gerais, dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler.
Se rendre à Belo Horizonte offre occasion inestimable de découvrir cet Etat du Brésil (grand comme la France) et ses villes coloniales, qu’on dirait sorties du 17e siècle, le long de cette Estrada Real qui partait de Diamantina jusqu’aux ports de Paraty et de Rio de Janeiro. C’est à cette époque que s’installèrent les riches colons portugais venus exploiter les richesses de la région. Ajoutons à cela l’apostolat de la confrérie franciscaine d’évangéliser les populations locales et la piété parfois obsessionnelle des familles de colons, et nous avons un environnement architectural baroque où se trouvent côte à côte des maisons de maîtres et des édifices religieux.
La ville riche
Plus encore que d’autres villes coloniales du Minas Gerais, Ouro Preto (l’or noir), l’ancienne capitale, est à contempler d’abord d’en haut. Enfoncée dans un cirque de montagnes, elle se distingue par ses collines, chacune surmontée de son église franciscaine.
Elle se distingue par ses rues pavées en pente, sa place centrale avec sa grande fontaine où des grappes de jeunes se réunissent les jours de congé et où, la nuit tombante, un petit orchestre improvisé entraîne des hommes, mais surtout de très jeunes garçons d’une incroyable agilité, à exhiber leur talents dans des «capoeiras» acrobatiques simulant la bagarre, une danse originaire de l’époque où les esclaves n’avaient pas le droit à la rixe.
Au fond de la vallée, la vieille gare est encore en activité, et on peut y voir la locomotive à vapeur du «train de la vallée» tracterses wagons datant du 19e siècle vers la passe de Mariana avec, pour paysages, des forêts, des villages et des cascades, avec force vapeur et sifflets.
Si Ouro Preto a aussi pour nom la «ville riche», c’est bien entendu pour ses mines d’or que de nombreux aventuriers et colons sont venus découvrir et exploiter. Mais aujourd’hui, la vraie richesse est dans ses multiples églises dont les dorures proviennent du dur labeur des esclaves. Elles datent toutes du 18e siècle, leurs sculptures étant dues, pour la plupart, à Aleijandinho, fils d’un architecte portugais, dont la cocasserie était de représenter Saint Louis avec un look du 18e siècle. La plus belle réalisation est sans conteste la basilique de Saint-François-d’Assise avec ses remarquables bas-reliefs, oeuvre de son ami Manuel Da Costa Ataide.
Une autre église valant le détour est celle de Santa Efigenia dos Pretos, dont la particularité est d’avoir été construite par Chico Rey, un Africain roi de tribu, jadis arraché de son pays avec sa famille pour être livré à l’esclavage.
Chemin de croix
Congonhas est la ville coloniale la plus remarquable après Ouro Preto. Hormis ses rues pavées, cette ville détient l’un des plus grands trésors d’art religieux de l’Amérique latine: le sanctuaire Bom Jesus do Matozinhos. Le long d’une esplanade pavée menant à une superbe basilique datant de 1790, sept chapelles s’alignent de chaque côté avec une particularité surprenante. A l’intérieur de chacune d’entre elles est exposée une scène illustrant l’une des étapes du chemin de croix du Christ.
C’est un véritable chef-d’oeuvre dû, lui aussi, au sculpteur Aleijandinho. Les personnages de ces scènes sont criants de vérité.
Au bas de cette esplanade en pente douce, d’où on bénéficie d’une vue panoramique sur la vieille ville. Il faut jeter un coup d’oeil à l’ancien hôpital de Romaria, qui a échappé de justesse à la démolition pour être transformé en hôtel.
La ville coup de coeur
Bien d’autres villes coloniales de la région ne manquent pas de pittoresque et d’originalité, mais celle qui les détrône toutes est encore Tiradentes (du nom d’un dentiste, héros de la guerre d’Indépendance).
Certes, l’élément incontournable est la cathédrale Saint-Antoine (une fois encore l’oeuvre d’Aleijadinho) et les nombreux autels des autres églises en bois recouverts d’or. Mais le coup de coeur qu’on peut avoir de cette bourgade est sans conteste pour son côté purement bucolique, avec les ruelles où on entend encore les sabots des chevaux frapper les pavés, le petit pont sur la rivière, la place arborisée, les ateliers d’artisans, les figurines en bois sculpté (Bugigangas) représentant des esclaves noires regardant par la fenêtre et la fontaine baroque de Sao José et ses trois sources.
La capitale des capitales
On pourrait encore citer Mariana, la première capitale de l’Etat, Diamantina, déclarée comme capitale musicale, São João del Rei et son musée des trains à vapeur, mais la vraie capitale actuelle siège à Belo Horizonte. C’est un peu la synthèse moderne de toute cette région. C’est dans cette cité à la circulation dense que se retrouve l’atmosphère citadine typiquement brésilienne. Elle est aussi appelée capitale des «botecos», ces petits bars familiers où on déguste des saucisses enrobées de pain au fromage avec une bière ou, à l’heure de l’apéritif, une «capirihna» (sorte de punch au rhum et au citron vert).
Certes, Belo Horizonte se visite particulièrement pour les alentours du lac de Pampulha et son église contemporaine due à l’architecte Niemeyer, avec un clin d’oeil aux azulejos portugais, et une apparente inspiration du Corbusier.
A 60 km de là, il faut aller visiter le musée contemporain Inhotim dans un parc arbo-rescent dans lequel sont exposées des oeuvres d’artistes brésiliens (Hélio Oiticica) et étrangers, tels Pipilotti Rist, Janet Cardiff ou encore Larry Clark.
Texte et photos: Gérard Blanc
Infos pratiques
Vols
Genève-Lisbonne-Belo Horizonte avec TAP Portugal.
Hébergements
Les plus authentiques des hébergements dans l’Etat de Minas Gerais sont sans conteste les «pousadas»,mais attention, beaucoup d’établissements s’octroient cette appellation qui n’a plus rien à voir avec celle des pousadas du Portugal. Malgré tout, on trouve de superbes établissements historiques, comme la Pequena, la Mãe D’Agua ou le Solar da Ponte (Tiradentes), le Solar Rosario, la pousada do Mondego ou la Pousada de Arcanjo (Ouro Preto), le Beco do Bispo (São João del Rei).
Restaurants
La plupart des pousadas offrent une cuisine traditionnelle et raffinée. Sinon, il existe encore certains restaurants servant de la cuisine du terroir, comme La Casa do Ouvidor à Ouro Preto (on y voit encore les lieux où les esclaves étaient enchaînés) ou encore, à Belo Horizonte même, le Xapuri.