Les croisiéristes ou l’art du culot
Depuis plusieurs années, les armateurs de bateaux de croisières sont la cible du combat pour la sauvegarde du climat.
Pourtant, cela ne semble pas les ralentir dans leur frénésie de mettre de plus en plus de bateaux de croisières sur le marché.
Juteuse prévision pour les chantiers navals avec une estimation de 40 milliards d’euro d’investissements, mais mauvaises nouvelles pour l’environnement.
A l’occasion du dernier sommet de la branche européenne de la CLIA (Cruises Lines International Association), son président Pierfrancesco Vago a annoncé que, parmi les 62 navires qui seraient mis à l’eau d’ici cinq ans, 38 d’entre eux seraient de la dernière génération, propulsés au GNL. Bien qu’admettant que ce carburant serait encore fossile, il a appuyé en substance qu’il apporterait des bénéfices environnementaux immédiats: applaudissements!
A cela, M. Vago a ajouté que la navigation de croisière ne représentait que 3% de la pollution maritime, argument plus que discutable si on considère qu’avec les 62 bateaux futurs, 38 seulement seront propulsés au GNL. On ne précise pas quels seront les tonnages, parfois dépassant toute imagination.
Certes, il semble que les constructeurs seront plus regardants dans l’organisation de traitement des déchets, de gestion des eaux et de peinture des coques, mais, outre le fait que le problème du carburant ne sera pas totalement réglé, il restera d’autres facteurs importants sans solution, à savoir la détérioration des fonds marins ou l’invasion de milliers de touristes dans les ports au même moment lors des escales, et bien d’autres inconvénients encore.
Pierfrancesco Vago, accessoirement PDG de MSC Cruises, aurait pour objectif de faire reconnaître par les institutions européennes le rôle moteur des croisières maritimes dans l’accélération de la transition écologique, but ambitieux s’il en est, mais qui pourrait lui valoir un retour de manivelle par une condamnation pour « Greenwashing », comme cela s’est récemment produit pour la compagnie aérienne Lufthansa.
Gérard Blanc