France : Les nouveaux mousquetaires du rail sur la voie de la concurrence
En France, quatre opérateurs fourbissent leurs armes pour mener à bien leurs projets de compagnies ferroviaires privées, indépendantes de la SNCF. Prenant des chemins divers, ils entendent tous les quatre combler les lacunes de la compagnie nationale. Comme le précise Alain Gertraud, PDG de Le Train dans La Vie du Rail: «Il ne s’agit pas de méchants étrangers venus manger la SNCF.» Ils se conforment aux souhaits de l’Union européenne de créer de la concurrence dans le domaine des transports. Ces entreprises font leurs récoltes de fonds, raison pour laquelle ils font appel à toutes les voies possible pour se faire connaître, notamment par voie de presse. Leurs intentions d’ouvrir des lignes pour les voyageurs ne sont que pour fin 2023, voire plus tard.
Railcoop
C’est probablement le projet le plus atypique. Il s’agit d’une coopérative qui compte à ce jour près de 13.000 sociétaires qui ont acheté des parts sociales de 100€. La coopérative dispose d’environ 8 millions d’euros, mais souhaite atteindre 43 millions d’euros pour financer son projet de relance de lignes délaissées par la SNCF et, en particulier, la liaison Bordeaux-Lyon. Un point positif: Railcoop bénéficie d’une certaine expérience, assurant déjà le transport des marchandises. Le passage au transport des voyageurs ne sera donc qu’une formalité. Enfin, cet opérateur se présente comme le plus discret et le plus modeste de tous, envisageant un début «frugal».
Midnight Train
Avec pour ambition de « réinventer le train de nuit » à prix compétitifs face à l’avion, Midnight Train veut lancer des trains de nuit avec un concept novateur d’hôtel sur rail avec voiture-restaurant et voiture-bar. L’opérateur indique qu’il dispose des finances requises et qu’il a fait le choix d’un constructeur pour son matériel roulant, sans en dire plus.
Kevin Speed
Comme Night Train, on pourrait laisser imaginer que Kevin Speed est d’essence britannique, mais il n’en est rien: elle est bel et bien française. Sa vocation est d’offrir la grande vitesse, pour tous, tous les jours. Kevin Speed veut des trains à grande vitesse pour des trajets de moyennes distances et s’inspirer des lowcosts aériennes, avec des prix d’appel, par exemple, de trois euros pour 100 km.
Le Train
Ce projet émane d’un mécontentement généralisé des élus bordelais en raison de la mauvaise desserte de l’Aquitaine et de la ligne TGV Paris-Bordeaux en particulier. Le secteur que revendique Le Train est d’abord au nord de Bordeaux, avec des lignes Bordeaux-Nantes, Bordeaux-Tours, Arcachon-Bordeaux-Angoulême-Poitiers-La Rochelle, et Bordeaux-Rennes. L’entreprise a acheté 10 rames à l’entreprise espagnole Talgo dont l’une sera exploitée sur la future ligne Barcelone-Lyon une fois homologuée. Enfin, Le Train projette d’inaugurer la ligne Lyon-Bordeaux en collaboration avec Railcoop.
Et la Suisse ?
Impossible d’avoir des renseignements sur les intention de Le Train pour savoir s’ils envisagent de pousser leurs rames jusqu’à Genève, leurs coordonnées téléphoniques ou courriel n’étant pas affichées mais on imaginerait bien que des relations qui éviteraient le transit par Paris pour se rendre sur la côte ouest de la France seraient bienvenues pour les voyageurs suisses qui préféreraient le transport par train à l’avion, surtout si les prix sont concurrentiels. .Une idée à souffler aux nouveaux opérateurs non? Seule pour l’instant à penser sérieusement à cette opportunité, Railcoop envisage une ligne entre Le Croisic et Bâle, visant à drainer la clientèle à la fois française (région de Mulhouse) et suisse. Personne ne parle encore de relier Genève ou Lausanne.
Gérard Blanc
Sources : AFP/Ouest-France//La Tribune/Sud Ouest/Le Figaro/Les