Transport aérien : les Suisses adeptes du flyskam
Un rapport surprenant vient d’être publié par la compagnie easyJet, lequel révèle le phénomène grandissant du « flyskam » (une expression courante en Scandinavie qui signifie la honte de prendre l’avion) chez les voyageurs helvétiques. La compagnie aérienne ira-t-elle jusqu’à réduire le nombre de ses vols au départ de Genève, voire d’augmenter ses tarifs pour limiter le trafic aérien?
Enquête: Aujourd’hui, la prise de conscience de la population suisse, à l’instar de celle de la Scandinavie ou des Pays-Bas, est grandissante et occupe les esprits en développant le « flyskam ». Selon un sondage mené par le lowcost easyJet, cité dans Travel Inside, plus de 40% des personnes interrogées en Suisse se sentent coupables de prendre l’avion et de polluer l’environnement. A préciser que la Suisse se trouve parmi les sept pays les plus pollueurs par le biais du transport aérien.
24,7% des personnes interrogées indiquent avoir pris l’avion au moins une fois par an en Europe au cours des cinq dernières années. En Espagne, qui occupe la deuxième place, ils ne sont que 22,7%. Avec les bas tarifs qu’elle pratique, il est d’évidence qu’easyJet soit à l’origine de la densité de son trafic au départ de la Suisse.
L’étude indique enfin que 40% des personnes interrogées en Suisse seraient prêtes à payer jusqu’à 20% de plus leurs vols s’ils sont sans émissions de CO2.
Bilan carbone : Une étude de la revue Global Environmantal Change révèle que seulement 1% de la population mondiale serait pourtant à l’origine de la moitié des émissions de l’aviation et que certains pays et certaines personnes contribueraient de manière disproportionnée aux émissions du transport aérien. Pour le site Our Global World in Data, les pays nantis seraient responsables de 90% des émissions de gaz à effets de serre produits par le trafic aérien, la Suisse se trouvant dans le peloton de tête avec une production de Carbonne de 523 kg par personne et par an.
La Suisse serait donc en tête de liste avec des émissions liées à l’aviation internationale. Selon le site My Climate, un voyageur effectuant un vol aller et retour de Genève à Madrid émet 430 kg d’équivalents CO2, et deux tonnes pour un aller et retour de Genève à New York. Dans son rapport sur l’environnement suisse en 2018, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) estimait déjà que chaque habitant de la Confédération helvétique ne devait pas émettre plus que 600 kg de CO2 par an pour avoir une chance de contenir la hausse des températures en dessous de 2 degrés d’ici à la fin du siècle. En 2015, les Suisses ont émis en moyenne 14 tonnes d’équivalent CO2, c’est-à-dire 23 fois plus que la quantité permise. Il serait intéressant de connaître l’évolution jusqu’à aujourd’hui, mais on imagine que l’objectif n’a pas été atteint, ceci en dépit des effets de confinements dus à la Covid.
Carburant mis à part : On ignore souvent les autres effets nuisibles à l’environnement que produisent les transports aériens. Il faut citer les émissions de vapeur d’eau et d’oxyde d’azote. La vapeur d’eau se forme dans les traînées de condensation et plus tard sous forme de cirrus. (vous savez, ces traînées blanches qui apparaissent et quadrillent le ciel). Leur effet de réchauffement est environ de deux tiers plus important que celui du CO2. Les oxydes d’azote ont, quant à eux, divers effets sur la concentration du méthane et de l’ozone, d’autres gaz à effet de serre. Leur effet réchauffant est d’environ la moitié de celui du CO2. Quand on considère l’ensemble, l’avion a un effet réchauffant total d’environ trois fois celui du CO2 à lui seul.
Contrairement aux déclarations de l’industrie aérienne qui souhaite minimiser le phénomène lié au carburant, qui, à lui seul est une préoccupation, l’impact climatique ne serait plus de 3%, mais bien de 27% pour la Suisse comme le souligne Yves Chatton, responsable de projet chez ATE (Association transports et environnement) dans le quotidien Le Temps.
Gérard Blanc
Sources : Le Temps/RTS/ Global Environmantal Change/Travel Inside/ OFEV/ Our Global World/MyClimate