Bretagne : la forêt de Brocéliande au cœur de la légende du roi Arthur
A une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rennes se situe la forêt de Paimpont que l’on connaît mieux encore sous le nom de forêt de Brocéliande. Terre de légendes envoutante, avec ses lacs, ses rivières et ses feuillus de toutes sortes, elle héberge aussi des mégalithes évoquant les cultes du peuple celte.
Selon les historiens, un premier livre où apparaît la fée Morgane, la Dame d’Avalon et élève de Merlin l’enchanteur, fut rédigé vers 1150 par un moine gallois, Geoffroy de Monmouth. Il fut réécrit vingt ans plus tard par le poète Chrétien de Troyes pour Aliénor d’Aquitaine, reine de France et d’Angleterre, lequel plaça la légende du roi Arthur, à Brocéliande. Cette appartenance géographique est contestée par les Gallois qui prétendent, de leur côté, détenir la célèbre Table ronde des Chevaliers en périphérie de Cardiff.
Arthur, Guenièvre, Merlin, Viviane, Morgane et les autres
En parcourant les chemins de randonnée en sous-bois, on se sent envouté par la magie de la fée Viviane, la Dame du lac, protectrice de Lancelot.. L’envoutante Viviane fut, selon la légende, celle qui remit à Arthur l’épée Excalibur qui lui permit d’être investi roi de Bretagne. Une autre version dit aussi qu’Excalibur était plantée dans un rocher et que seul celui qui devait être roi pouvait s’en saisir, ce qui serait arrivé avec Arthur. Mais cela n’entame en rien l’importance de Viviane. L`enchanteur Merlin en était éperdument amoureux, bien que celle-ci s’était aussi éprise du chevalier Lancelot, qui fut, par la suite l’amant de Guenièvre, l’épouse d’Arthur. Mais n’oublions pas la fée Morgane, élève de Merlin. Le romancier la décrit comme étant la fille d’Ygraine et du duc de Cornouailles, donc la sœur d’Arthur. Retirée à Brocéliande et en Avalon, elle approfondit sa connaissance des hautes sciences et des arts libéraux. Merlin était le seul maître qu’elle reconnaisse.
L’imaginaire en scène
En bordure du lac de Comper, là où vivait précisément Viviane, la Dame du lac, se dresse le château de Comper qu’une association a aménagé en site d’animation et de culture depuis 1988 sous le nom de Centre de l’imaginaire arthurien. Mieux qu’un simple musée statique, le but est de plonger le visiteur au plus profond des mystères qui entourent la légende du roi Arthur, mais aussi un retour sur les us et coutumes du Moyen-Age et de la chevalerie. Des scènes de joutes et le serment de fidélité à Arthur des Chevaliers de la Table ronde n’en sont pas épargnés, ni même l’apparition de Morgane sur un cheval. Le korrigan (petit lutin breton) Gallitrappe, accompagne la jeune génération dans l’enchantement du monde des arbres, des sorcières, des géants et des fées entre eaux, forêt et marais. Une partie du parcours se fait sur pilotis.
Le tombeau de Merlin
Au début du 19e siècle, Jean Côme Damien Poignand, antiquaire et juge au tribunal de Montfort, est convaincu que Merlin, conseiller du roi Arthur, ait été enterré vers la fin du 5e siècle en forêt de Brocéliande dans un endroit appelé les Landelles près de Saint-Malon-sur-Mel. Il avait alors découvert un monument mégalithique. Il n’en reste aujourd’hui que deux dalles de schiste. Un conteur vous affirmera que l’âme de Merlin rode encore autour des étangs de Comper, près du palais de cristal qu’il bâtit en une seule nuit pour sa fée.
L’Arbre d’or
En 1990, Brocéliande fut ravagée par deux incendies successifs. Le Val sans Retour et les landes avoisinantes furent réduits à un amas de cendres. Il reste aujourd’hui l’Arbre d’or et ses branches dorées qui se dressent comme les bois d’un cerf imaginaire, ajoutant encore au mystère de la forêt.
Texte Gérard Blanc
Photos © Centre de l’imaginaire arthurien (1 et 4) , Yannick Derennes (2 et 5), Emmanuel Berthier (3)