Slovénie : Ljubljana, un pont entre Méditerranée et Europe continentale
Une ambiance potache sous le signe de Napoléon 1er.
Île qui serait la plus grande de Slovénie, la vieille ville de Ljubljana, entourée des rivières Ljubljanica et Gruberjev Prekop est entièrement piétonne. C’est un trésor de références historiques et d’architecture. Elle doit son animation permanente à ses quelques 56’000 étudiants qui aiment faire la fête. Déclarée ville la plus propre de l’Europe en 2017, elle est à la pointe du développement durable.
Ljubljana a subi un grand tremblement de terre en 1895 et plusieurs incendies à travers les âges, ce qui donna la part belle aux architectes et aux urbanistes avides de modernisation de la ville. Sous le régime de l’Empire autrichien, les architectes s’en donnèrent à cœur joie pour faire de nouvelles expériences, les architectes de la fin du 19ème aimant se singulariser. C’est ce qui donna l’engouement pour les styles néo-classique, puis Art-nouveau qu’on trouve dans le centre-ville. La rue Miklosiceva bordée d’immeubles illustre à merveille la tendance Art nouveau. L’exemple le plus insolite est la maison construite par Ivan Vurnik avec sa façade richement décorée. Projetée en 1921 et décorée par son épouse Helena dans les couleurs du drapeau slovène, on la considérée comme l’un des plus beaux exemples de style national. À l’intérieur, la salle principale est ornée de peintures et possède un plafond vitré composé de petits carrés de verre bleu où s’incruste une ceinture d’éclats de verre multicolores. Des vitrages de couleur aux motifs géométriques décorent aussi l’escalier d’entrée aux premiers deux étages. Il n’est possible que d’y jeter un regard furtif, car elle est actuellement la propriété de la Banque coopérative de Slovénie.
Le salami d’ours
La surprise sur la Mestni est de trouver des boutiques qui vendent du salami d’ours sauvage. En surmontant d’éventuelles appréhensions, on lui trouvera un goût plutôt corsé de gibier. Il provient d’un des quelques mille ursidés qui vivent dans la montagne et se déplacent dans les montagnes balkaniques jusqu’en Slovénie. Ayant besoin de beaucoup d’espace, l’ours est à l’aise dans les forêts quasi vierges et tranquilles. Certains d’entre eux ont été vendus à la France pour être réintroduits dans les Pyrénées. La Slovénie les protège, mais régule leur population par une chasse contrôlée.
Toute bonne visite de la vieille ville commence par la place France Prešeren, poète du 19ème siècle, héros national de la Slovénie et considéré comme l’un des plus grands poètes romantiques de son époque. Grand défenseur de la langue slovène, il figure sur la pièce de deux euros et a droit à une statue qui trône sur la place. Celle-ci fit scandale, car le poète est couronné par la muse de la culture, poitrine dévêtue, face à l’église franciscaine. Le sculpteur obtint que la statue reste en place, prétextant que c’était pour que l’âme du poète puisse continuer à voir l’amour de sa vie sortir de la messe, une jeune femme dont il était secrètement éperdument amoureux. En face, l’église franciscaine de Marie de l’Annonciation est un bel exemple de style baroque ayant résisté au tremblement de terre au même titre que la plupart des églises de la ville, comme par exemple la cathédrale Saint-Nicolas. Ailleurs sur la place trône le premier grand magasin de la ville de style Art nouveau, ouvert en 1903, à savoir l’Urbančeva Hiša (Maison Urbanc) avec à son sommet, une statue de Mercure. Enfin, l’une des beautés de la place est surtout le Triple pont Trois ponts sur la rivière Ljubljanica, chef-d’œuvre de l’architecte Jože Plečnik. Comme Haussmann à Paris ou Gaudi à Barcelone, on lui doit beaucoup en Slovénie. Voulant donner un ton méditerranéen à Ljubljana, il y fit planter des platanes. On lui doit enfin la réfection du monastère teutonique
Ville universitaire
La Promenada est le nom de la rue bordée de pittoresques maisons étroites du 16ème siècle qui longe la rivière Ljubljanica d’un côté et une enfilade de bistrots et restaurants de l’autre. Le must est d’y déambuler ou s’asseoir à l’une des nombreuses terrasses pour y faire des rencontres, draguer et s’y montrer. Elle doit son animation aux quelques 56’000 étudiants qui peuplent Ljubjlana. Les académies et les universités s’adressent tant aux Slovènes qu’aux Européens qui adhèrent au programme Erasmus. Les matières classiques y sont enseignées, mais aussi d’autres, comme à l’Académie de l’audiovisuel et du théâtre, l’Académie philarmonique, l’Université de géodésie ou encore celle de l’électronique. Il faut admirer le bâtiment de l’Académie philarmonique et ses effigies des grands compositeurs du 19ème siècle. Le gouvernement slovène met un point d’honneur à l’éducation de la musique.
Hommage au libérateur
Napoléon 1er était très apprécié en Slovénie car, après sa conquête de l’Empire autrichien, il accorda bon nombre de libertés aux Slovènes et les encouragea à reprendre l’usage de la langue slovène qui avait été proscrite par Vienne. Du 26 janvier au 12 mai 1821, se tint le congrès de la Sainte alliance de Laybach (aujourd’hui Ljubljana), réunissant les pays vainqueurs de la France napoléonienne. Un monastère capucin avait servi de lieu pour la rencontre, lequel se situe actuellement à la place du Congrès. Au fond de cette place se situe le couvent des Ursulines et l’église de la Sainte-Trinité de style baroque vénitien. Son escalier et ses balustrades sont une autre création de Jože Plečnik. A quelques pas de là, se trouve la place de la Révolution où trône la colonne illyrienne sur laquelle se trouve le buste en or de Napoléon 1er qui serait le seul au monde à l’extérieur et que viennent admirer les groupes de collégiens guidés par leurs professeurs d’histoire.
Le château
Perché sur une colline dominant la ville, il n’a jamais vraiment intéressé les habitants. A l’époque autrichienne, le gouverneur voulait même construire un autre palais en ville pour se trouver plus près du peuple. De sa tour d’observation, on bénéficie d’un superbe panorama sur la ville depuis 900 ans. En descendant du château, on peut admirer au passage la vieille place entourée de maisons du 17è siècle, puis se diriger vers le marché en passant par la rue marchande de Mestni et ses boutiques artisanales. La visite se terminera par la place du Marché dont la particularité insolite est le Mlekomat, un distributeur de lait cru où les habitants peuvent se servir avec la garantie sanitaire de la ville.
Texte et photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Y aller
Vols Zurich-Ljubljana avec Swiss
Dormir
L’Union executive (quartier Art nouveau), l’Asteria, le Lev
Manger
Gostilna As (quartier animé), Restavracija JB (branché), Restavracija Most (sur la Promenade)
Cet article a également été publié dans le quotidien La Liberté