Air France : en avant pour le climat
Dans son dernier communiqué, le groupe Air France-KLM s’engage à se doter d’objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre basés sur la science, à travers l’initiative Science-Based Targets (SBTi). Alors : greenwashing ou engagement sincère ?
Habitués aux déclarations parfois contestables de la majorité des compagnies aériennes dans ce domaine, cette prise de position bienvenue autant qu’inattendue mérite qu’on se penche de près sur la question.
Ainsi, les compagnies du groupe aérien ont décidé de se lancer dans un programme de décarbonation ce qui, de prime abord, serait plutôt positif, voire sympathique, alors que les gouvernements du monde se réunissent sur le sujet du climat à, l’occasion de COP 26 de Glasgow. Les objectifs de la SBTi sont, au premier semestre 2022, de limiter le réchauffement climatique bien en-deçà de 2°C, conformément à l’Accord de Paris de la COP20, d’ici à 2030.
Le groupe Air France-KLM a donc annoncé le vendredi 29 octobre 2021 avoir signé une lettre d’engagement avec l’organisme indépendant de référence SBTi fondé par le CDP (Carbon Disclosure Projet), le Pacte mondial des Nations unies et le Fonds mondial pour la nature (WWF), avec pour objectif de ramener le réchauffement climatique à zéro degrés d’ici à 2050.
Pour y parvenir, Air France-KLM s’engage à renouveler sa flotte, avec l’intégration d’avions de dernière génération , en précisant qu’Air France a cessé l’exploitation d’avions quadriréacteurs, Airbus A340 et Airbus A380. Il est prévu d’utiliser des carburants durables d’aviation ou SAF (Sustainable Aviation Fuel), des carburants d’origine non fossiles produits à partir de déchets industriels ou domestiques et n’entrant pas en concurrence avec l’alimentation humaine. Une autre mesure prise est celle de l’éco-pilotage, avec la recherche d’une plus grande efficacité des opérations : trajectoires plus directes en coordination avec le contrôle aérien, roulage sur un moteur, descente continue, allègement du poids des avions, etc. Une autre mesure évoquée est celle du recyclage des déchets et la suppression progressive du plastique à usage unique.
Plus intéressante est la signature du partenariat avec Solar Impulse (Bertrand Picxcard) dans le cadre de la recherche pour une aviation à propulsion solaire.
Opinion: Cet engagement de la part du groupe Air France–KLM est tout à fait méritoire et on aimerait voir les autres compagnies aériennes prendre des décisions identiques ailleurs dans le monde et, surtout, de la part des compagnies lowcost qui misent principalement sur des vols de courte distance, alors que le transport ferroviaire est disponible, compétent et bien moins polluant. Nous ne suivrons pas la décision de l’emploi du SAF (Sustainable Aviation Fuel), dès lors que celui-ci se basera sur du biocarburant qui, même portant le nom de « sustainable , émet autant de CO2 que le kérosène selon certains experts. Par contre, le partenariat avec Solar Impulse semble aller dans la bonne direction, l’objectif étant de supprimer l’utilisation de carburant et les nuisances sonores en employant l’énergie solaire. L’intégration d’avions de la nouvelle génération et l’élimination des Airbus A340 et A380 est aussi une perspective réjouissante de même que la piste de l’éco-pilotage.
Mais, dans l’immédiat, la première chose serait de réduire le nombre de vols en accord avec les autres compagnies aériennes dans un esprit de concurrence loyale, or, de cela, le communiqué n’en parle pas.
Gérard Blanc