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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Alexandrie, trésor culturel de la Riviera égyptienne

Entre plage et archéologie gréco-égyptienne
Alexandrie est rarement proposée aux visiteurs de l’Egypte : dommage. Si ce n’est pas là qu’on trouve les tombeaux des pharaons, sa découverte change l’image réductrice qui cantonnerait ce pays à la vallée du Nil et à la mer Rouge.
Celle qui joua le rôle de capitale sur le delta du Nil est le lieu favori de séjours balnéaires des Cairotes en quête de bains soleil et de bains de mer, les plages de la mer Rouge étant trop éloignées et plutôt réservée aux touristes étrangers. Il en résulte une atmosphère de station balnéaire familiale, avec un front de mer, un port de pêche bariolé, des casinos et quelques bâtiments cossus d’influence architecturale française.

Egypte, Alexandrie, le front de mer

Le front de mer
Les plages d’Alexandrie en baie d’Aboukir, ont un ensoleillement qu’on peut comparer à celui dont profitent les plages de la Grèce ou de la Tunisie, mais la ville ne s’en tient pas là. On y trouve une heureuse variété de lieux culturels, grâce aux nombreuses évocations des passages des grands de ce monde, tels les pharaons, Jules César, Pompée, Alexandre le Grand et la dynastie des Ptolémées mais, à une époque plus récente, le roi Farouk, le dernier monarque. Les accrocs de têtes couronnées des années 50 trouveront dans les couloirs du palais El Montazah, qui fut la jadis la résidence de la famille royale, une collection de photos dévoilant les étapes de sa vie avant son exil, suite à l’arrivée du colonel Nasser en 1952.

Au temps de l’Antiquité
G.Blanc.Serapeum+Les amateurs d’archéologie ont aussi de quoi être amplement satisfaits avec, en premier lieu, le musée gréco-romain, qui n’en oublie pas pour autant la civilisation des pharaons, le théâtre romain, et surtout les ruines du Sérapéum, un site gréco-romain en pleine agglomération où on peut admirer la colonne de Pompée et, jouxtant, un sphinx valant celui de Gizeh. Une autre face d’Alexandrie est une culture religieuse nourrie par les multiples influences et, en particulier, chrétienne. Il faut d’abord visiter la cathédrale orthodoxe de Saint-Marc, où se trouverait le tombeau de l’évangéliste, et admirer ses icônes, témoignages des premiers chrétiens. Les mosquées d’El-Gomrok et d’El-Anfushi sont parmi les plus prestigieuses d’Egypte après celle de Mohammed Ali au Caire.

Et le phare ?
Ne le cherchez pas. Ses restes se sont répandus au fond de la Méditerranée lors d’un séisme, aux pieds du fort de Qaitbay, qui, avec son allée flanquée de canons, abrite un musée marin. A l’emplacement du phare, un projet de musée archéologique subaquatique lancé en 2016 avec la collaboration de l’UNESCO verra peut-être enfin le jour. Sans jeux de mots on peut le taxer de pharaonique. A la suite de fouilles sous-marines, une quantité impressionnante de vestiges a été découverte, dont deux de navires antiques, de sphinx, de palais enfouis, etc., bref, tout ce qui fait rêver. Vivement son inauguration !

Le joyau d’Alexandrie
La cerise sur le gâteau est sans conteste la célèbre bibliothèque à l’architecture futuriste, où des millions d’ouvrages en papier ou sur ordinateur peuvent être consultés, lesquels retracent toutes les cultures grecques et égyptiennes depuis les premières traces de l’écriture. Elle fut construite sur l’ordre d’Alexandre le Grand en 288 avant Jésus-Christ. Ptolémée 1er, l’un de ses généraux, reprit à son compte le projet, souhaitant faire d’Alexandrie le rayonnement de la culture helléniste en y rassemblant  400’000 volumes. Plus tard, César augmenta cette collection à 700’000 en rouleaux de papyrus, avec la plus grande variété possible d’œuvres littéraires, artistiques et philosophiques de l’époque. C’est finalement Ptolémée II qui l’inaugura. Egypte, Alexandrie, la nouvelle BibliothequePlus tard, l’édifice aurait été détruit lors de l’invasion arabe de 642, reconstruite par le calife Al Mutawakil vers 845 et détruite à nouveau par les Turcs d’Ahmad Ibn Touloun en 868. Mais le plus extraordinaire est la folle initiative de Moubarak, président de l’Egypte de 1981 à 2011, qui, avec l’appui de l’UNESCO, décida de reconstituer cette bibliothèque. Les travaux commencèrent en 1995 et l’inauguration eut lieu en 2002. Aujourd’hui, un budget de 70 millions de francs est consacré à l’achat de livres. La bibliothèque possède actuellement 250 000 volumes, sur une capacité totale de 8 millions. Elle a pour ambition de réunir 100 millions de volumes, mais stockés sur Internet, soit une gigantesque bibliothèque virtuelle qui permet à tout un chacun d’accéder aux manuscrits les plus rares du monde en arabe, en français et en anglais. Mais aujourd’hui, celle qui porte le nom de Bibliotheca Alexandrina (BA) a largement dépassé sa vocation en devenant aussi un lieu de conférences, de débats et de concerts. Les visiteurs peuvent visionner des films sur un écran à 180 degrés dans la salle Cultura, visiter les musées consacrés à l’ancien chef d’Etat Anouar el Sadate, à l’Antiquités, aux anciens manuscrits ou à l’histoire des sciences. Mais le motif principal des visites sera, surtout, pour les diverses bibliothèques dont une pour les enfants, une pour les jeunes, et, aussi une bibliothèque sonore pour les malvoyants. Photo © OT Egypte

Texte Gérard Blanc
Photo à la Une et sphinx © Gérard Blanc
Photo bord de mer © OT Egypte 

 


Cet article a également été publié dans le quotidien suisse La Liberté.

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