Caen : de Guillaume le Conquérant à la bataille de Normandie
Vacances à Caen même ?
Raymond Devos déclamait « A force d’entendre, à quand les vacances, je me suis dit j’vais aller à Caen ! ». Pour un séjour prolongé, les plages de Normandie iraient peut-être mieux, mais lors d’un passage dans la région, Caen regorge de sites culturels et historiques à découvrir pendant quelques jours.
Selon la rumeur, Caen aurait été détruite à 75% en juin 1944. Elle ne le fut qu’à 50%, ce qui n’est déjà pas négligeable, mais ne craignez rien, elle vaut la peine d’être découverte et les espaces en ruine ont été reconstruits.
Au 11ème siècle, Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre et 7ème duc de Normandie, témoigna son affection pour Caen qui n’était alors qu’une bourgade. Il mit toute son énergie pour en faire une ville prospère. C’était la période faste, où la cité normande fut déclarée « ville d’eau » à cause de l’Orne et du grand port de commerce international de céréales. Ceci explique que dans le quartier avoisinant l’église de Saint-Pierre on trouve encore beaucoup de maisons de maître ayant appartenu à des armateurs comme, par exemple, l’hôtel de Nicolas Valois d’Escoville, dont la façade rappelle celle du château de Chambord par son style Renaissance.
Le mémorial
À Caen, il est impossible d’éluder le débarquement de juin 1944. Dans la périphérie de la ville le Mémorial de Caen commémore tous les aspects de la 2ème Guerre mondiale avec la Bataille de Normandie et le débarquement des troupes alliées, mais aussi la période de la Guerre froide jusqu’à la chute du Rideau de fer. Il faut rendre hommage au documentaire « Le Jour-J et la Bataille de Normandie, qui retrace d’une façon saisissante une bataille qui fut la clé de la libération de l’Europe nazie. Dans un souterrain du Mémorial, l’ancien poste de commandement du général allemand Wilhelm Richter a été reconstitué et révèle l’une des périodes les plus noires de l’occupation allemande et de la Résistance.
Photos © François Monier et Mémorial de Caen
La forteresse
Toute visite de Caen doit commencer par le château où Guillaume le Conquérant résida au 11ème siècle. L’intérêt à s’y rendre est d’abord pour sa situation au sommet d’une colline dominant la ville et permettant d’avoir une vue panoramique avec, au premier plan, la Maison des Quatrans (14ème s.), l’une des rares à avoir résisté aux bombardements, l’église Saint-Pierre et sa flèche, et le quartier Saint-Jean qui, à la suite du bombardement, a été entièrement reconstruit et, enfin, le vieux quartier et ses clochers.
Les reliquats de la forteresse témoignent du souhait des ducs de Normandie d’en faire l’une des plus grandes places fortes d’Europe. Mais entrons plutôt dans l’«enceinte des musées», avec, d’abord, le Musée de Normandie, un espace d’expositions qui retrace l’histoire de la région, de ses origines aux années 80, avec son évolution archéologique et culturelle. Vient ensuite le musée des Beaux-Arts et ses expositions permanentes et temporaires, du 15éme siècle à la période actuelle.
Le parc extérieur met en valeur des sculptures contemporaines depuis 2007, avec des œuvres d’Antoine Bourdelle, Marta Pan, Damien Cabanes, mais surtout de Huang Yong Ping avec une succession de colonnes de bois hautes de cinq à douze mètres supportant neuf animaux mythiques empruntés à la tradition chinoise.
Le vieux quartier
On longe la rue Saint-Pierre pour entrer dans la vielle ville, un quartier qui, de longue tradition, est fréquenté par les étudiants. Au numéro 149, on découvre la maison natale et la statue de François de Malherbe, célèbre poète de la Renaissance, favori des rois Henri IV et Louis XIII. C’est aujourd’hui à la rue Saint-Sauveur qu’ont lieu les soirées étudiantes débridées.
Du pilori à l’art moderne
L‘une des plus belles places de Caen se trouvant dans le quartier ancien est la place Saint-Sauveur qu’on appelle aussi la place du Marché ou la place du Pilori. C’est là où se rendait la justice et les exécutions capitales. Elle se distingue d’abord pour les somptueux bâtiments qui ornent son pourtour dont le Palais de justice, l’église Saint-Sauveur et des maisons de maître comme l’hôtel Fouet ou l’hôtel Conteil de Condé. Au centre trône une insolite statue de Louis XIV en empereur romain. Le marché y a toujours lieu le vendredi matin et c’est un lieu favori pour des événements festifs, comme le Salon du livre ou le marché de Noël.
Joep Van Lieshout, artiste néerlandais, a été sollicité par le maire de Caen pour décorer le centre de la place avec des sculptures en aluminium. Les commentaires des Caennais ont été du pire au meilleur.
L’Abbaye-aux-hommes
Depuis la place Saint-Sauveur, la rue Guillaume-le-Conquérant mène à l’édifice phare de Caen qu’est l’Abbaye Saint-Etienne ou Abbaye-aux-hommes, chef-d’œuvre du style roman (photos en une et ci-contre). Il servit de refuge à plusieurs milliers de civils pendant l’été 1944. C’est dans l’église que se trouve la sépulture de Guillaume le Conquérant. Attenant à l’abbaye, le Palais ducal accueille aujourd’hui l’Artothèque qui donne la part belle à l’art contemporain. Par temps radieux, une belle image s’offre avec ce bâtiment illustre donnant sur un vaste jardin à la française.
Texte et photos Gérard Blanc
Cet article a également été publié dans le quotidien La Liberté
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