Après 20 mois de déconfiture, le B 737 Max peut à nouveau voler
Le 18 novembre 2020, l’agence FAA (Federal Air Administration) des Etats-Unis a donc approuvé la reprise des vols à bord du modèle B 737 Max fabriqué par Boeing, lequel avait occasionné deux crash en 2018 avec les compagnies Lionair et Ethiopian Airlines faisant 346 victimes.
Si Boeing a maintenu contre vents et marées sa chaîne de fabrication, l’avionneur américain a toutefois subi de lourdes pertes avec cette opération, à la fois pour ne pas avoir pu honorer les commandes de plusieurs compagnies aériennes, pour avoir dû payer des dommages et intérêts aux compagnies qui ont dû clouer de nombreux avions au sol et pour avoir dû subir des annulations de commandes en séries.
Plutôt que d’abandonner définitivement la fabrication de cet avion et de tourner la page, Boeing a choisi de maintenir coûte que coûte les chaînes de Montage, de l’appareil. Aujourd’hui le feu vert de la FAA, étonnamment suivi de l’agence européenne pour la sécurité aérienne EASA (laquelle, on s’en souvient, avait souhaité se démarquer de la FAA en menant sa propre enquête) permet donc au B737 Max de voler à nouveau. Cette autorisation s’accompagne toutefois de plusieurs obligations dont, par exemple, un nouveau logiciel de contrôle de vol remplaçant celui qui avait été la cause des accidents ; la révision des manuels de vol pour inclure de nouvelles procédures ; l’installation d’un nouveau logiciel de système d’affichage, la réalisation d’un test du système de sonde AOA ; :la réalisation d’un vol de préparation opérationnelle, etc. Les lacunes de formations des pilotes sur le logiciel précédent avait fait l’objet de violentes critiques de la part des syndicats de pilotes du monde entier et, en particulier, aux USA et en Grande-Bretagne..
On ne peut pas dire que pour Boeing la reprise de la fabrication de cet avion tombe au bon moment. Le premier obstacle est celui de la pandémie du Covid-19 qui ne va, pour l‘instant, pas dans le sens d’une reprise à court terme du trafic aérien. La seconde est la défiance potentielle des passagers qui, en connaissance du type d’appareil utilisé, risquerait de convaincre les compagnies aériennes de choisir un autre type d’avion. Mais, bien sûr, il est vrai aussi les passagers se préoccupent souvent peu de l’avion à bord duquel ils vont voyager et qu’ils ont la mémoire courte. Il n’empêche que l’association américaine de consommateurs Which? confirme que de nombreux passagers resteront craintifs à embarquer à bord d’un tel avion.
Les compagnies aériennes : American Airlines est la première à se mettre sur les rangs informant qu’elle reprendra les vols avec le B737 Max dès le 29 décembre 2020. United Airlines et Southwest Airlines prévoient une mise en service en 2021.
En Europe, la compagnie lowcost Ryanair confirme, après négociations, sa commande de 135 B737 MAX. TUI est la seconde sur les rangs européens. Outre-Pacifique, par contre, la Chine maintient toujours l’interdiction de vol pour cet avion
Pas pour tout de suite: Comme le précise la FAA, il restera encore toute une période probatoire au cours de laquelle l’administration américaine pourra délivrer ou ne pas délivrer des certificats de navigabilité pour tous les B737 Max fabriqués depuis 20 mois. Il sera vérifié scrupuleusement que chaque pilote de cet appareil soit parfaitement formé à l’utilisation du nouveau logiciel, ce qui risque de prendre du temps.
Incompréhensible : En moins de deux ans, Boeing aura ainsi, par son obstination, écarté toute possibilité de lancer un autre type d’appareil et faire oublier aux compagnies aériennes et au public cet avion maudit. Cherchez l’erreur… La perte pour Boeing se chiffrerait entre 18 et 23 milliards de dollars. La direction de Boeing mesure-t-elle bien la conséquence de ses actes?
Gérard Blanc
Sources: Air Journal, Les Echos, Aérospatoum, Capital, Bloomberg, BBC