Dol-de-Bretagne, l’ancienne capitale religieuse de la Bretagne
La Bretagne de traditions
Lors d’un séjour à Saint-Malo, l’occasion est belle de rayonner aux alentours pour découvrir des trésors d’authenticité à la ronde. Il y a bien sûr Cancale et ses parcs à huîtres, ou les rugissants du cap Fréhel, mais dans d’autres lieux, moins connus, on découvre un patrimoine historique cher aux Bretons. Dol-de-Bretagne a comme particularité d’avoir connu des héros qui y ont laissé leurs traces indélébiles.
L’ancienne capitale religieuse
En Bretagne, il y a eu des capitales administratives (Nantes, Vanes ou Rennes), mais aussi des capitales religieuses, et tel fut le cas de Dol-de-Bretagne du 6ème siècle à la première Révolution française. Toute visite de cette petite ville de 5800 habitants, classée petite cité de caractère de Bretagne, doit commencer par la cathédrale Saint-Samson sur le parvis de laquelle se dressent deux statues qui évoquent les périodes clés de la ville. La première représente la Maen Vag, une barque en granit de Lanhélin issue d’un bloc de 35 tonnes et représentant, selon la légende, la barque en pierre qui aurait permis au moine Saint-Samson, venu du pays de Galles avec d’autres religieux, tels Saint Suliac ou Saint Maclew (celui qui donna son nom à Saint-Malo) de rejoindre la côte bretonne pour y prêcher la parole divine. A cette époque, la mer allait jusqu’à Dol.
La seconde statue représente le roi Nominoë qui, au 9ème siècle, accompagné de ses troupes, sut tenir tête aux Francs de Charles le Chauve à la bataille de Ballon en 845, et créa la nation bretonne. Il fut sacré roi à la cathédrale de Dol en 848. Pour le poète breton Théodore Hersart de La Villemarqué, il fut le plus grand roi que la Bretagne ait connu.
La cathédrale et son histoire
Le moine gallois Saint-Samson arriva donc en Bretagne depuis le pays de Galles et fonda un monastère. Il fit ensuite bâtir une cathédrale et devint le premier évêque de Bretagne. En 1203, Jean sans Terre et les troupes anglaises arrivèrent à Dol et brûlèrent la cathédrale. Pris de remords, mais aussi par superstition, il participa, après-coup, financièrement à sa reconstruction. Lorsqu’on fait face à l’entrée de la cathédrale romane en granit du 14ème siècle, on a l’impression qu’entre les deux tours la statue de Saint-Samson nous regarde. Si la tour de droite est complètement terminée, celle de gauche est inachevée. La légende dit que le diable se serait saisi d’une pierre et l’aurait lancée en direction de la cathédrale. Le caillou aurait heurté la tour. La vérité est plutôt que c’est le manque d’argent qui aurait empêché de l’achever. A l’intérieur, on découvre un autel en terre cuite émaillée sculpté sans moulage, ainsi que la verrière la plus ancienne de Bretagne. Un vitrail décrit la vie de Saint-Samson et son arrivée en Bretagne. Dans la chapelle, le gisant du saint est posé sur l’autel. Sur le côté nord de la cathédrale, on remarque que celle-ci a été construite comme une forteresse, ce qui indique qu’elle a été une partie intégrante des remparts et qu’une de ses tours avait servi de tour de guet.
En ville
À la droite de la cathédrale, il faut s’engouffrer dans la rue Ceinte. Son nom est dû à ce que ses deux extrémités étaient fermées pour interdire aux moines de s’échapper de l’espace qui leur était réservé, à savoir des maisons individuelles en granit qui jalonnent la rue. Les moines ne pouvaient que se rendre à la cathédrale. La rue débouche sur la Grande-Rue des Stuarts. Son nom vient de ce que Dol est à l’origine de la dynastie des Stuarts. Au 10ème et au 11ème siècle, Dol était régie par des sénéchaux. Le sénéchal de Dol fut recruté par le fils de Guillaume le Conquérant et partit à la conquête de l’Angleterre pour s’y installer. Il eut quatre fils dont l’un d’entre eux se lia d’amitié avec le roi d’Ecosse David 1er. Il épousera Marjorie Bruce, princesse d’Ecosse et fille de Bruce 1er, dont elle eut un fils qui devint Robert II, roi d’Ecosse. Le sénéchal de Dol fut nommé, pour services rendus dans des batailles, Grand Intendant d’Ecosse (High Stewart of Scotland) et utilisera le nom de Stuart comme nom de la dynastie. Cela revient à dire que l’arrière-grand-père du premier des Stuarts était dolois. Une plaque de marbre apposée par l’alliance France-Ecosse sur la place de l’hôtel de ville rappelle cette origine.
Sur la même artère se trouve une superbe maison datant du 11ème siècle et portant le nom de Maison des Petits Palais et ses trois arcades en plein cintre, inscrite aux monuments historiques. C’est la plus ancienne de Bretagne en pierre de taille. Elle date des invasions normandes.
Dans les environs
En allant jusqu’à la côte vers le nord, il faut aller voir, sur l’île de Saint-Coulomb, le château fort du Guesclin qui a appartenu à la famille du connétable, à qui on doit la défense du Mont Saint-Michel contre les Anglais. La famille du Guesclin le quitta en 1259 et le fort connut par la suite plusieurs propriétaires, dont le chanteur Léo Ferré qui l’habitat de 1960 à 1968.
Sur les bords de la Rance, le village de Saint-Suliac (compagnon de Saint-Samson), classé parmi les plus beaux villages de France, offre, outre ses maisons typiques de granit, son port d’où partaient encore il y a peu de temps les derniers terre-neuvas, valeureux pêcheurs à la morue au large de Terre-Neuve (Canada).
Pardon de Saint-Samson
Les pardons bretons sont des célébrations religieuses souvent dédiés à la mémoire d’un saint breton. A Dol, c’est bien sûr celui de Saint Samson, l’un des plus authentiques de Bretagne, le dernier dimanche de juillet. Il commence par une célébration à la cathédrale avec l’évêque de Dol et le bagad An Anternoz avec ses binious et bombardes, suivi par un cortège religieux portant une statue de Saint-Samson, et d’autres bagads de la région et des danseurs et danseuses en costumes traditionnels. Dans l’après-midi, des estrades sont dressées et des cercles celtiques venus de divers localités de Bretagne produisent des danses jusqu’en soirée. La journée s’achève par un défilé de plusieurs milliers de sonneurs qui jouent ensemble le même morceau.
Texte et photos Gérard Blanc, sauf photo 2 (danse folklorique) : Office du tourisme, Dol-de-Bretagne
Cet article a également été publié dans le quotidien La Liberté
Informations pratiques
Y aller
En train : TGV Suisse-Paris-Rennes ou Saint-Malo puis Dol de Bretagne
Avion : Aucun gain de temps si on compte le trajet vers Genève, le vol vers Rennes via Paris ou Amsterdam, le trajet Rennes-Dol, les attentes, les transits et les présentations à l’avance aux aéroport
Manger
Le Porche au pain, la Table ronde
Dormir
Hôtel de Bretagne, Manoir de Belle-Noë
A voir encore à Dol
Le Musée Cathédraloscope, sur le thème des bâtisseurs des bâtisseurs de cathédrales