Une promenade à Lausanne
La capitale vaudoise tient à la fois de l’avant-gardisme et du traditionnel. Pas d’autre moyen que d’arpenter ses rues de bas en haut et de haut en bas, ou en flanc de colline. Mieux vaut alors prendre les transports en commun et surtout le M2, très utile quand on est cycliste et qu’on ne veut pas trop se fatiguer. Ainsi, son vélo sous le bras, on monte d’Ouchy à Epalinges pour redescendre en roue libre.
De bas en haut et de haut en bas
Le promeneur de la première catégorie commencera par se rendre à la place de la Palud, lieu hautement historique, où une horloge animée lui donnera une petite leçon d’histoire vaudoise par figurines interposées. Il gravira ensuite les authentiques escaliers du Marché qui le mèneront jusqu’à l’esplanade de la cathédrale d’où il jouira d’une vue panoramique sur la partie basse de la ville. Il pourra admirer l’édifice religieux dans son plus pur style gothique, voire même y revenir le soir pour entendre une voix s’élever chaque heure du sommet de la tour criant aux quatre points cardinaux: «Il a sonné dix (s’il est dix heures), dormez braves gens», etc., tradition bien sympathique. Le parvis de la cathédrale lui ouvrira alors le reste de la «Cité», ses rues anciennes et son château, utilisé comme bâtiment administratif avec sur sa façade, la statue du Major Davel, personnage sulfureux controversé mais qui, comme Guillaume Tell, reste dans la fierté collective. Davel représente encore le symbole de la libération des Vaudois contre l’occupant bernois.
Le promeneur s’en retournera vers le centre-ville en descendant vers la place de la Riponne, où se déroule de temps à autre un marché à la brocante et où les passants s’adonnent au jeu d’échecs avec les figures de grande taille. Il admirera au passage le palais de Rumine, l’ancienne université de Lausanne qui aujourd’hui, héberge, entre autres, le musée d’histoire naturelle et la bibliothèque universitaire. De là, il descendra jusqu’au Grand-Pont d’où, en passant, il bénéficiera d’une superbe vue sur la cathédrale, et il arrivera à la fameuse place Saint-François, principale place financière.
Puis, il lui suffira de descendre encore pour parvenir à pied ou, là encore, en métro, au port d’Ouchy. En longeant la marina moderne, le promeneur s’interrogera peut-être sur cette curieuse barque aux voiles latines portant le nom de la «Vaudoise». Elle navigue parfois par les manœuvres de ceux qu’on appelle les «Pirates d’Ouchy», des joyeux lurons occupés plus souvent à déguster religieusement «trois décis» d’Epesses grand cru de la région du Lavaux) sur la terrasse d’un bistrot du coin en tapant le carton. Mais ce que verra surtout notre promeneur, c’est une vue magnifique sur le lac Léman et les Alpes françaises en toile de fond avec, si le hasard fait bien les choses, un bateau à aubes de la CGN (Compagnie générale de navigation) entrant au port à grand renfort de coups de sirène.
La visite se terminera, pourquoi pas, par un passage au célèbre Musée olympique et son incroyable collection d’instruments et de vêtements ayant appartenu aux grandes célébrités du sport international.
Quelques atmosphères
Celles et ceux qui préféreraient une approche moins « touristico-classique » choisiront le chemin des écoliers, celui de la découverte des ambiances, là où le Lausannois vit, sort, fait ses emplettes, s’assied à une terrasse, s’amuse. Comme partout ailleurs, il existe des lieux fréquentés en permanence ou à heure fixe, au gré des saisons ou des heures. Il devra d’abord savoir que les quartiers de Lausanne portent des noms raccourcis. On va, par exemple, à «La Palud» (place de la Palud), à Saint-François (place Saint-François), à Saint-Laurent (quartier de Saint Laurent) ou encore «au Flon» (quartier du Flon).
Saint-Laurent, avec son église et ses magasins, est l’un des lieux les plus fréquentés de Lausanne, et plus encore, les jours de marché. Des foules passent dans ce quartier commerçant à n’importe quelle heure du jour. La place Saint-Laurent est une scène prisée par les jongleurs et les musiciens. Les jours précédant des élections ou des votations, les partis politiques y installent leurs étals et haranguent le passant pour le convaincre. A quelques pas de là se trouve l’un des plus célèbres bistrots de Lausanne, un bâtiment de guingois portant le nom de «Pinte Besson», fief de bien des musiciens et poètes à travers les âges. La Palud est aussi le rendez-vous favori des amateurs de terrasses de quelques vieux cafés où les places se méritent.
La place Saint-François : A quelques pas de là trône l’église Saint-François, bâtie au 13ème siècle par des Franciscains et transformée en temple protestant à la période de la réforme, au même titre, d’ailleurs, que la cathédrale, un rappel sur la tradition réformée du canton de Vaud. Sur le pourtour de la place Saint-François, les immeubles des sentencieuses grandes banques occupent la partie sud. Le côté nord est réservé aux établissements qui pour certains, ont une longue histoire à raconter. Le plus célèbre est le Café Romand, une institution où le barreau de Lausanne, les étudiants et les banquiers de la place y commandent leurs mets de brasserie préférés, dont le traditionnel «papet aux poireaux et saucisse aux choux», dans une ambiance qui aurait inspiré Georges Simenon (qui d’ailleurs a vécu à Epalinges, en périphérie de Lausanne). A deux pas, on citera le célèbre cercle littéraire de Lausanne ouvert en 1818 et où se retrouvaient des notables vaudois tels Benjamin Constant ou Frédéric-César de la Harpe. Nous ne quitterons pas la place Saint François sans avoir évoqué le magasin à succursales multiples de vêtements de luxe Bongénie-Grieder, ouvert en 1903 par la famille Brunschwig dans un bâtiment de la Place de la Palud et intégré l’ex local de la maison Bonnard de la place Saint-François en 1974.
Pintes et vieux bistrots
A Lausanne, la classe politique débat sur le thème du subside au maintien ou de la restauration des bistrots, restaurants et « pintes » historiques afin de maintenir leurs activités. Si le Café Romand a, semble-t-il de beaux jours encore devant lui, la Pinte Besson, dans une encoignure de la rue de l’Ale a eu chaud avec une menace d’achat de la part d’une chaîne de restaurants mexicains. La brasserie Bavaria, rue du Petit-Chêne, a, elle aussi, pu être sauvée in extremis et a repris ses activités d’autrefois. Si les bâtiments sont toujours debout, tous ne maintiennent pas toujours la tradition culinaire de leurs prédécesseurs comme, par exemple, le restaurant du Cygne à la rue du Maupas. Par contre, certains établissements comme le Raisin à la place de la Palud et sa terrasse bondée lorsque viennent les beaux jours, le café du Grütli aux pieds des escaliers du Marché, champion de la fondue moitié-moitié, ou encore le café de l’Evêché en bordure de la Cité ont su comprendre l’importance de maintenir les traditions culinaires avec des plats qui ne se servent plus ailleurs.
Un quartier très « in »
Celui qui pourrait porter le qualificatif de «branché» est le Flon, nouveau quartier, dont le nom vient de la rivière souterraine qui y coule. Anciennement occupé par des entrepôts, son réaménagement a vu l’installation de restaurants en tous genres allant de la cuisine thaï au pub irlandais en passant par la nouvelle cuisine. L’ambiance du quartier du Flon, c’est aussi un espace patinoire en hiver se métamorphosant en plage en été, de terrasses s’alignant le long d’allées piétonnes et leurs terrasses dans une allée piétonne adeptes de la nouvelle cuisine, un cinéma à salles multiples, bref tout un éventail d’établissements axés sur le shopping et les loisirs, y compris tard dans la nuit avec en tête de liste l’incontournable MAD (Moulin à danse) discothèques la plus en vogue de Lausanne.
Texte Gérard Blanc
Photos Isabelle Blanc / Hans Lucas
Renseignements
Lausanne-Tourisme, 021 613 73 73; info@lausanne.tourisme.ch; www.lausanne.tourisme.ch