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BRÈVES

Vers un tourisme sans plastique ?

Le 27 mars 2019, le Parlement européen a voté une mesure  contre le plastique à usage unique. Si la chose a peut-être été oubliée au milieu des tonnes d’informations diffusées par les médias, il faut reconnaître que dans plusieurs pays les initiatives se multiplient et le tourisme planétaire ne peut qu’en être bénéficiaire. La Suisse est en retard.
Définition : Dans l’Union Européenne (UE), la définition est précise. Le plastique à usage unique est un produit fabriqué entièrement ou partiellement à partir de plastique et n’a pas été conçu, créé, ni mis sur le marché pour accomplir, pendant sa durée de vie, plusieurs trajets ou rotations en étant retourné à un producteur pour être rempli à nouveau ou réutilisé pour un usage identique à celui pour lequel il a été prévu.
Couverts, assiettes, pailles, cotons-tiges, touillettes à café, bâtonnets pour ballons, récipients alimentaires et gobelets en polystyrène expansé (souvent utilisés pour la nourriture à emporter) seront donc bannis des pays de l’UE dès 2021. C’est une bonne nouvelle pour les océans, car ces objets représentent 70% des déchets marins. La France a déjà annoncé qu’elle devancerait  l’UE avec des interdictions dès 2020 bien que le texte de loi français se limiterait,  pour l’instant, aux seuls gobelets, verres et assiettes en plastique. Pourquoi cette frilosité ? Qui en tire avantage ?
Aérien : Dans la foulée, Air France/KLM  a, elle aussi, réagi  en annonçant qu’elle allait supprimer à bord de ses avions  tous les objets en plastique à usage unique  d’ici la fin 2019. Cela aboutira à la suppression de 210 millions d’articles, soit 1.300 tonnes de plastique à usage unique par an. Les gobelets en plastique seront remplacés par des gobelets en carton.  85 millions de couverts seront remplacés par des pièces conditionnées par des matières bio-ressourcées et 25 millions de bâtonnets par des mélangeurs en bois.
Déjà en 2002 : Il est surprenant  d’apprendre que le Bangladesh a été le premier pays au monde à interdire les sacs en plastique en 2002. Environ une dizaine de pays ont suivi cette initiative mais ceux qui sont allés plus loin dans cette démarche sont moins nombreux. La  Dominique a engagé un plan  qui devrait aboutir à une suppression de tout le plastique à usage unique d’ici la fin de 2019. Haïti a interdit plateaux, barquettes, bouteilles, sachets, gobelets et assiettes en polystyrène dès 2013. D’autres îles telles que Trinidad-et-Tobago, Sainte-Lucie, le Guyana de même que les îles Marshall, Antigua et la Barbade ont mis fin aux importations de contenants en plastique depuis 2017. Les îles Vanuatu n’utilisent et n’importent plus non plus de pailles et de barquettes en polystyrène depuis 2018.
Au Costa Rica : A partir de 2021, plus aucun plastique à usage unique ne pourra être vendu au Costa Rica d’après le quotidien The Costa Rica News. Des substituts dégradables biologiquement le remplacera. En 2018, trois étudiants en chimie de l’Universidad de Costa Rica ont gagné un prix grâce à leur alternative au plastique à base de bananes et d’acétate de cellulose. Ce produit est cinq fois plus solide que le plastique et se dégrade dans la nature en 18 mois. Cette république d’Amérique centrale a, depuis longtemps, voulu devenir un territoire neutre en carbone et continuer à lutter contre la déforestation. Il y a dix ans, le pays a décidé qu’il ne produirait plus de CO2 en 2021 et s’attaque maintenant à la déforestation. Depuis 1984, la surface boisée a doublé passant de 26 à 52%.
Aux Bahamas : Très investies dans la protection de l’environnement et la préservation de la faune et de la flore endémique,  les Bahamas, viennent de décider, elles aussi, de mettre en place la politique du zéro plastique. A partir du 1er janvier 2020, l’utilisation et l’importation du plastique et du polystyrène à usage unique seront interdites dans l’archipel. Le Ministère de l’Environnement prendra également  des  mesures  pour  interdire  les  lâchers  de ballons.
Ailleurs encore : D’autres pays attendent une entrée en vigueur de leur loi antiplastique, comme le Belize, (mars 2018) ou l’Inde (’horizon 2022). Le Royaume-Uni, où les microbilles sont déjà interdites, a annoncé il y a tout juste un an son intention d’interdire les pailles, touillettes et cotons-tiges.
Et la Suisse ? Selon un titre du Matin.ch qui reprend une dépêche de l’ATS en juillet 2019, elle n’est pas au top.  Avec sa production de cent kilos de déchets en plastique par habitant et par an la place  dans le peloton de tête des pays produisant la plus grande quantité de déchets urbains au monde. Le plastique représente 13% des déchets en Suisse. Mais seuls 10% sont recyclés, selon les données de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Les 90% restant sont tout simplement brûlés dans des usines d’incinération.  La grande distribution, les fast-food et l’industrie pharmaceutique  mettent, pour l’instant, le public helvétique devant un fait accompli imparable : le plastique serait la seule manière d’assurer l’hygiène et la conservation des aliments et des  médicaments. Pour l’instant, aucune interdiction n’est à l’ordre du jour. Les nouveaux élus au conseil des Etats et au Conseil national feront-ils bouger les choses ? En attendant,  on a le sentiment qu’une chaîne commerciale de connivence se contente d’un système où tous les maillons trouvent leurs profits.  De plus, les incinérations représentent un grand gaspillage d’énergie comme le déplore Greenpeace.

Gérard Blanc

Sources : matin.ch / bafu / Swissinfo / Greenpeace / The Economist / National Geographic / Libération / Vie Publique / Horizontes

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