Cacao et les Hmongs de la Guyane française
Dans ce Département et Région d’Outre-mer (DROM), à l’est de l’Amérique du Sud, Cacao est un exemple d’expatriation réussie, tant pour le bien de la Guyane que pour celui de ses nouveaux habitants qui ont su en tirer le meilleur parti. Venus du Laos et fuyant l’hostilité des communistes de l’époque, les Hmongs débarquèrent en 1977 en Amazonie française. La France accepta de recevoir les réfugiés de cette ethnie en Guyane où le pays et le climat ressemblent à celui de leur contrée d’origine et où l’espace forestier réserve de la place aux courageux, et où aucun voisin ne risque d’être gêné par leurs coutumes venues d’ailleurs. En effet, les Hmongs prenaient pied en Guyane avec l’ensemble de leurs coutumes.
Les années ont permis à ces nouveaux arrivants de prendre racines, à 75 km de Cayenne, sur un territoire devenu le principal fournisseur de fruits, légumes, fleurs et artisanat asiatique du département. Les Hmongs se sont en effet montrés des travailleurs de la terre besogneux et des commerçants efficaces. Mieux encore, ils ont su devenir des Guyanais à part entière sans déranger le quotidien des autres habitants du département.
En 2019, les Hmongs de Guyane ont leur village: il s’appelle Cacao. Toutefois, on rencontre des Hmongs partout en Amazonie française.
Retour sur une histoire singulière : Les Hmongs ne sont donc pas des gens originaires d’Amazonie; ils peuplaient jadis le sud de la Chine. Plusieurs tribus se dispersèrent ensuite au gré des guerres en Asie. Ainsi, jusqu’au XXème siècle, ils se trouvèrent en Thaïlande, au Viêt-Nam et au Laos. Dans les années 1950, le Laos connut des troubles politiques, dominé par l’invasion communiste. Souvent chrétiens et liés aux Américains et aux Français, les Hmongs furent persécutés. De malheurs en malheurs ces tribus durent quitter leurs lieux de naissance. La France a reçu les premiers groupes de migrants dans une Guyane où il y avait de la place en suffisance: une zone au milieu de la jungle, où tout était à faire : défrichement, assainissement, plantations, constructions habitables, etc., et ce, dans un climat équatorial. Cacao devint peu à peu le village-capital de la communauté hmong.
Cacao : Certes, au XIX siècle, peut-être même avant, on plantait des cacaoyers dans les sous-bois de la forêt primaire. La Guyane exportait le cacao amazonien, mais aussi le café, le bois de rose, le bois de construction, et toutes autres sortes de bois. Aujourd’hui, il ne reste des anciens temps que le nom: Cacao. Ce village arraché à la jungle est devenu le grand jardin potager de la Guyane, avec quelques bassins pour la pêche, et des sentiers pour les randonneurs. Le tourisme n’est pas oublié : les fêtes folkloriques hmongs attirent bien des Guyanais, mais aussi des voyageurs de passage.
C’est la fête ! : Le dimanche, c’est fête au village sous la halle ! Sur les routes convergeant vers Cacao depuis Cayenne, Kourou et partout ailleurs en Guyane, les voitures s’agglutinent pour assister à l’évènement. Tous les villageois ont revêtu leurs costumes traditionnels. On déguste des soupes, on achète de superbes pièces de tissu ou de broderies, des fruits et légumes tropicaux, des poissons, des volailles, sans oublier l’artisanat. On en profite pour visiter les berges de la rivière Comté en kayak. Puis, dès le lundi, le calme retombe sur Cacao, très calme, trop calme. Tous les habitants sont aux cultures. L’artisanat a été rangé. Seule une petite boutique où l’on trouve de tout, dans la rue principale, vous offrira le nécessaire du quotidien. Comme image bucolique, dans ce village sans histoire, on trouve, comme dans tout bon village français, l’école, l’église, la gendarmerie et un ou deux restaurants miniatures quelque part vers le stade. Cacao attend vivement le prochain dimanche.
Texte et photos Felicio Rodriguez
Infos pratiques
Y aller
Vol Genève-Paris-Cayenne avec Air France et Genève-Paris-Cayenne avec easyJet et Air Caraïbes.
Depuis Cayenne : Accès en voiture en traversant une route de forêt agréable mais sinueuse.
Se loger
Hôtel-restaurant le Lotus, personnel en costume hmong; le Blues Road Carbet, établissement fonctionnel où on passe la nuit en hamac. Ou encore, avant de prendre la route de Kourou depuis Cayenne, l’hôtel de charme l’Ebène verte en banlieue de Cayenne
A voir encore
Le musée des insectes où on peut admirer le « Planeur Bleu », grand papillon de jour, l’Ecomusée
Fêtes particulières
Nouvel An hmong à la première lune de décembre ; fête du ramboutan en avril (fruit de la famille des litchis)
Location d’une voiture à l’aéroport de Cayenne
ACL www.acl-guyane.com
Autres suggestions dans les environs
Rouler jusqu’à Régina à proximité de la frontière avec le Brésil et, en chemin, 8 km avant Régina, dîner et loger à l’Auberge de l’Approuague. Visiter le célèbre chocolatier amazonien Olivier Dummette, installé en forêt, unique en son genre offrant les meilleurs chocolats du monde
Se documenter
Guide de la Guyane par Philippe Boré
Gentilé des habitants de Cacao ?