Rennes : Une cité de caractère au confluent de l’Ille et de la Vilaine
Beaucoup de villes et villages de Bretagne se sont développés autour d’une ville fortifiée. Ce qui était une ville intra-muros est devenue un quartier dit « historique ». Rennes en est un bel exemple qui la classe parmi les « villes de caractère de Bretagne».
Ce qui frappe au cœur de Rennes, ce sont les nombreuses et pittoresques maisons à pans de bois souvent squattées par de nombreux bistrots avec terrasses, cabarets et boutiques en tous genres qui représentent néanmoins un patrimoine précieusement conservé et entretenu, pour le tourisme d’abord, mais aussi pour le bonheur des nombreux étudiants friands de ce cadre ou règne une ambiance conviviale.
Aux temps jadis
La visite du vieux Rennes nous plonge dans une époque que décrit à merveille Véronique, une jeune Rennaise qui connaît l’histoire de sa ville comme sa poche: « En 1720, un menuisier ivre mit le feu à son échoppe. Les flammes se propagèrent rapidement à des quartiers entiers. La ville brûla sept jours et le feu détruisit trente-deux rues.» Mais nombreuses sont les maisons qui sont encore debout, lesquelles rappellent, dans les rues aux noms inscrits en breton et en français la période du Moyen Age.
La reine de Rennes
La galette-saucisse est un peu la madeleine de Proust de Rennes. C’est une crêpe au blé noir enveloppant une saucisse à rôtir. Elle est l’aliment le plus prisé des supporters de l’équipe de foot du Stade rennais. Au marché des Lices le samedi, les files d’attente se constituent dès l’ouverture devant les échoppes qui la servent. A accompagner de cidre brut !
Ils sont évocateurs, comme la rue des Fossés (anciennes douves), la rue de la Monnaie (quand la Bretagne éditait sa propre monnaie), la rue du Pont-aux-Foulons (à son extrémité se trouvait un pont qui la reliait à la rue des Foulons). Mais aussi ceux des personnalités qui ont marqué l’histoire de Rennes, comme le corsaire Duguay-Trouin, le connétable Du Guesclin, ou encore Rallier du Baty qui réalisa le plus long mandat de maire de 1695 à 1734. Pour nourrir les appétits d’histoires insolites, Véronique raconte : «Au Moyen Age, on jugeait les cochons semi-sauvages accusés d’avoir mangé des nouveaux nés. On habillait alors des truies en femmes et on les faisait comparaître. La sentence était évidemment la mort et on convoquait d’autres cochons pour qu’ils prennent conscience de ce qui pourrait leur arriver s’ils en faisaient autant. »
Suivez le guide
Toute visite du cœur historique commence à la chapelle Saint-Yves de style gothique flamboyant du 15ème siècle, ayant troqué sa vocation religieuse pour héberger une quincaillerie, puis l’Office du tourisme. Un autre must est la cathédrale Saint-Pierre, très imposante et très austère de l’extérieur et, surprise, chargée de dorures à l’intérieur avec de magnifiques grandes orges. L’insolite est sa décoration intérieure en partie contemporaine due à un architecte dont le curieux nom est celui de Barrabas. Les Portes mordelaises et leurs deux tours massives permettent de se faire une idée de ce qu’étaient les remparts. En déambulant dans le quartier des marchands dédié à Saint-Germain, Véronique nous apprend que leur principale activité était l’exportation des toiles de lin et des articles de mercerie vers l’Europe et les Amériques. Un détour par les rues du Chapitre et de la Psallette (école de chants religieux) permet de découvrir les plus beaux spécimens de maisons à pans de bois. Dans le même quartier, les maisons de la rue Saint-Georges ont un côté pittoresque par les motifs sculptés dans le bois et montrant des trophées, des armures et des figures qui représent des personnages religieux.
La place de la Mairie
Depuis la rue Beaumanoir, on débouche sur la majestueuse place de la Mairie qui fut reconstruite après l’incendie de 1720, avec, en premier lieu, l’opéra le plus petit de France (650 places). Ensuite, il faut admirer l’Hôtel de Ville et son imposante tour de l’Horloge avec sa grande niche vide où trônait la statue de Louis XV avant qu’elle fut déboulonnée pendant la Révolution.
Le Parlement
Le clou de la visite sera ce bâtiment du 17ème siècle qui est l’un des rares du quartier à avoir échappé à l’incendie de 1720. Il est aujourd’hui occupé par la Cour d’assises et la Cour d’appel de l’Ille et Vilaine. Sa visite a un côté exceptionnel, car, sans le laisser-passer de l’Office du tourisme, pas moyen de le découvrir à cause des audiences qui ne peuvent pas être dérangés par des groupes de visiteurs. On accède d’abord à la somptueuse salle non meublée des pas perdus, décorée à la feuille d’or et où on retrouve des sculptures de fleurs de lys représentant le royaume de France, et d’hermine de Bretagne. On pénètre ensuite dans la fabuleuse Grand Chambre, joyau du Parlement. C’est là où se tenait la Cour suprême des justices bretonnes. On peut y admirer des plafonds à la française avec beaucoup de sculptures en bois, des allégories et dorures ainsi qu’une grande loggia destinée à recevoir le roi, mais qui n’a jamais connu d’escalier d’accès… Plus belles encore sont les reproductions de tapisseries géantes aux deux extrémités de la salle représentant, l’une la grande union entre la Bretagne et la France avec Anne de Bretagne retrouvant Charles VIII au château de Langeais pour leur mariage, et l’autre, la mort du connétable Bertrand Du Guesclin.
Texte Erika Bodmer, photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Manger
La brasserie de la Paix (champion des fruits de mer), La Saint-Georges (crêperie décalée)
Dormir
Hôtel de Nemours (classe ancien style)
A voir encore
L’Ecomusée de Rennes, le musée de Bretagne