Nur-Sultan, Capitale futuriste du Kazakhstan
La stupéfaction est au rendez-vous. En débarquant à Nur-Sutan, on est en présence d’un mélange entre Brasilia, Dubaï et Shanghaï par l’architecture due aux plus grands architectes contemporains tels que Kishō Kurokawa (Japon) et Norman Foster (Royaume-Uni).
Sur les rives de l’Ichim, à l’emplacement d’une ancienne fortification kazakhe devenue ensuite la garnison militaire de Akmolinsk, Nur-Sultan, anciennement Astana ,a été baptisée capitale du Kazakhstan en 1997, détrônant ainsi l’ancienne capitale Almaty. Elle compte aujourd’hui plus d’un million d’habitants dont, certes, le plus grand nombre sont Kazakhes, mais on trouve aussi toute une population de travailleurs étrangers (Pakistanais, Bengalis, etc.).
Bourabay
Cet endroit situé à environ 150 km au nord de Nur-Sultan, et à 30km au sud de la frontière russe, Bourabay est la coqueluche des Astanais comme des Russes pour y passer de longs week-ends ou des vacances un peu plus prolongées. On va même jusqu’à nommer cet endroit «la Suisse kazakhe», peut-être en raison de son parc national avec ses montagnes bleues et 14 lacs. Elle est en plein développement touristique avec, notamment, la récente création d’un grand complexe hôtelier et touristique de la chaîne Rixos. A environ une vingtaine de kilomètres de là, on découvre un petit village de vacances à teinte ethnique un peu kitch mais très attachant géré par la famille Mouakham qui, en costume traditionnel, vous fera entrer dans sa yourte pour boire le fameux lait de jument fermenté et vous invitera à une randonnée équestre dans la forêt où s’ébattent des chevreuils.
En 2017, elle fut élue comme hôte de l’Exposition internationale par les Nations Unies, en compétition avec Liège et Edmonton, ce qui fut un coup de fouet pour se présenter au public international comme une ville futuriste avec, comme pôle d’attraction, un centre d’affaires pour toute l’Asie centrale et un lien entre l’Est et l’Ouest sur le modèle de l’ancienne route de la soie.
Construite en plein milieu de la steppe, elle est la proie permanente d’une bise contre laquelle le gouvernement tente de lutter en plantant des forêts sur son pourtour pour freiner les rafales de vent. On pourrait qualifier le climat de radicalement continental, avec des étés et des hivers rigoureux, sans vraiment de saison intermédiaire. On passe du très chaud au très froid en quelques jours.
Mais revenons à l’architecture de la ville destinée aux affaires, avec ses rampes, ses escaliers, ses larges avenues, ses vastes places et ses bâtiments modernes voués aux ministères et autres administrations, ainsi qu’aux centres de conférences et aux commerces à grande échelle. L’Abu-Dhabi Plaza en cours de construction est le témoignage d’un certain gigantisme affiché, qui devrait être la plus haute tour de toute l’Asie centrale. Mais revenons à l’essentiel en faisant le tour des principaux édifices en place.
L’oiseau sacré
C’est le plus spectaculaire de tous : il s’agit de la tour Bayterek alias « l’arbre de vie » ou le « peuplier ». Ce monument représente le mythe kazakh du samruk, un oiseau sacré qui pond chaque année un œuf en or, symbole du soleil. Elle a été conçue comme tour d’observation et mesure 97 mètres de haut symbolisant l’année de la création du pays (1997), surmontée d’une boule d’or (l’œuf en question) d’un diamètre de 22 mètres. On accède en ascenseur à une salle panoramique à 360° dans laquelle se trouve une représentation de la paume en or massif de l’ancien divin président Noursoultan Äbichouly Nazarbaïev.
Les Kazakhes du pays entier (5 fois la France, soit 62 fois la Suisse) font la queue pour poser leurs mains sur cette main vénérable pour faire un vœu avec, vous l’imaginez, plein de selfies à la clé.
Le palais présidentiel
Avec une ressemblance avec la Maison blanche, le palais Ak Gorda est le lieu de travail du président et de son administration mais ce n’est pas sa résidence. Le bâtiment est couvert d’un dôme coiffé d’une flèche. Cette flèche dorée est décorée d’un soleil à 32 rayons sous lequel vole un aigle des steppes. L’édifice mesure 80 mètres de haut pour une surface totale de 36’720 m2. Sans aller dans tous les étages, notons son hall oriental construit en forme de yourte.
La grande mosquée
La mosquée de Nur-Astana est la plus grande mosquée du pays et même d’Asie centrale. Elle a été construite entre 2005 et 2008. Son dôme haut de 40 mètres symbolise l’âge auquel le prophète Mahomet reçut la révélation d’Allah et les 63 mètres de chacun des quatre minarets font référence à l’âge de sa mort.
Le parlement
Dans une grande tour moderne d’inspiration orientale, avec, de chaque côté de sa porte d’entrée, deux tours coiffées par des dômes, se situe le parlement à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Selon la constitution de 1995, il accueille en son sein la chambre basse ou Mazhilis et ses 107 sièges (98 attribués aux partis et 9 à l’assemblée du peuple) et la chambre haute (sénat) et ses 47 sièges. Depuis janvier 2007, 10% des Députés et Sénateurs sont des femmes.
Pêle-mêle
Nombreux sont les édifices confirmant l’idée futuriste des architectes qui ont travaillé, on imagine, sur commande, et qui n’ont pas lésiné sur le grandiose pour donner à la ville le reflet de la capitale d’un Etat en marche irrésistible vers le progrès, l’économie de marché, et les échanges commerciaux, religieux et culturels, le tout dans un esprit pacifique. Ici, c’est l’auditorium du Kazakhstan qui peut accueillir 3500 personnes, là, le bâtiment des archives nationales ayant la forme d’un gros œuf, là un centre commercial ayant l’aspect d’une yourte immense, là encore une pyramide symbolisant la paix, sans oublier la sphère centrale, grosse boule dédiée aux énergies du futur et construite spécialement pour l’Expo 2017, etc., et tout cela dans des proportions démesurées. Une fortune direz-vous ? Oui, mais aucun souci, le Kazakhstan est riche en matières premières et, en particulier, en pétrole.
Les bords de l’Ichim
Nous voilà dans un lieu un peu plus chaleureux. Nous sommes face à la statue de Kenesary Khan, le chef du plus grand soulèvement jamais connu de l’histoire kazakhe contre le régime tsariste. Aux alentours, c’est la fête, en fin d’après-midi. Des groupes de jeunes s’y retrouvent pour des démonstrations de hip-hop, des boutiques vendent des babioles et autre verroteries et des petits groupes de musiciens se forment ici et là jouant des morceaux tant folkloriques que faisant partie du top 50 du pays. A l’arrière-plan apparaissent par une lumière dorée de soleil couchant, la rivière et d’anciens bâtiments contrastant avec les futurismes du centre-ville.
Dans les steppes de l’Asie centrale
En direction de Bourabay, ce sont les vastes plaines desquelles pointent de temps à autre des forêts de feuillus ou de conifères qui ont sans doute inspiré le poème symphonique de Borodine avec ses chants mélancoliques de l’Orient et des vastes troupeaux de chevaux qui caracolent ici et là. Que les âmes sensibles s’arrêtent là. Comme nous le décrit le berger Bekzat, rares sont ceux qui seront des chevaux de selle ou de trait. La plupart finissent à l’abattoir pour la boucherie, les Kazakhes étant des grands carnivores. D’autres animaux qui, nombreux, pointent leur museaux hors de leurs trous sont les marmottes bien dodues qui, aujourd’hui, servent à l’industrie pharmaceutique pour la fabrication de la fameuse graisse de marmottes, très efficace contre les douleurs musculaires et les rhumatismes.
Gérard Blanc, texte et photos
À lire aussi :
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Infos pratiques
Y aller
Vol Genève-Istambul-Nur Sultan avec Turkish Airlines
Renseignements
Visit Kazakhstan en (en anglais uniquement pour l’instant)
Vous trouverez d’autres renseignements sur le Kazakhstan en allant sur : Almaty, la ville kazakh des pommes et des montagnes
Restaurant d’exception
Le Vechnoe Nebo (le ciel éternel) qui, hormis une nourriture et une ambiance typiquement kazakhe, offre une vue panoramique de la capitale, féérique avec les monuments éclairés le soir.