Trafic aérien : une augmentation exponentielle irréversible ?
Une récente statistique de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) indique que, grâce aux compagnies aériennes à bas coût, qui ont transporté en 2017 1.2 milliard de passagers, le trafic aérien de passagers était plus florissant que jamais et le sera plus encore.
Quatre milliards de passagers aériens ont été transportés en 2017 à travers le monde, soit une progression de 7,1 % sur un an après une précédente hausse de 6 %. Si Olumuyiwa Benard Aliu, président de l’OACI, se réjouit de l’amélioration constante de la sécurité du transport aérien et de l’efficacité de son « empreinte écologique », il y a toutefois une constatation qui ne peut pas lui échapper : tant que le transport aérien utilisera le kérosène comme carburant, la pollution de l’air ira toujours en grandissant et, avec elle, l’accroissement du dérèglement climatique, l’empreinte écologique qui concerne probablement des prises de conscience des aéroports sur les nuisances sonores et des moteurs à moindre combustion ne demeurant, dans l’absolu, qu’un pansement sur une plaie béante.
Une affaire hautement lucrative : L’augmentation de 25% du prix du kérosène qui pourrait être un frein efficace n’y a rien fait. Il faudrait qu’il atteigne les tarifs de l’été 2014 pour avoir un effet sur les compagnies aériennes dans leur expansion pharaonique, et soit un élément pour une hypothétique baisse du trafic. Toujours selon l’OACI, l’ensemble des transporteurs aériens a dégagé, en 2016, un résultat d’exploitation d’environ 60 milliards de dollars américains et une marge opérationnelle de 8 % du chiffre d’affaires.
Réaction suisse : Les Suisses prennent deux fois plus l’avion que leurs voisins. Plus de 80% des vols au départ de la Suisse ont une destination européenne. Le potentiel de réduction des émissions de CO2 responsables du réchauffement climatique est donc très important. Comparativement, les trains de nuit représentent une alternative réaliste et bien plus respectueuse du climat pour des distances allant jusqu’à 1500 kilomètres. « La conséquence actuelle est que l’avion s’est transformé en une concurrence dangereuse pour tous les modes de transport durables », constate Daniel Costantino, chargé de campagne d’actif-trafiC*. Lisa Mazzone, coprésidente de l’association CESAR** s’est exprimée en ce sens dans une lettre ouverte à la conseillère fédérale Doris Leuthard, qui disait en substance : « Si la Suisse tient à atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat, elle doit d’urgence adapter sa politique climatique et des transports», et d’ajouter : « … la Suisse doit prélever une taxe sur les billets d‘avion qui couvre tous les coûts réels du trafic aérien, elle doit s’engager au niveau international pour l’introduction d’un impôt sur le kérosène. Elle doit communiquer activement cet engagement, à l’échelle nationale et internationale. Elle doit favoriser un transfert mondial vers les modes de transport plus durables, en particulier le transport ferroviaire.» A préciser que actif-trafiC et CESAR sont des associations adhérant à l’ Alliance climatique qui compte plus de 70 organisations membres dont Alliance Sud, Association Climat Genève, ATE Association transports et environnement, CITraP Suisse, Fondation Suisse pour l’énergie, Grands-Parents pour le climat, Greenpeace Suisse, Mobilité piétonne Suisse, Pro Bahn Schweiz, Pro Velo Suisse, Swiss Youth for Climate, WWF Suisse, les Jeunes vert-e-s suisses, les Verts suisses, la JS 8jeunesse socialiste) Suisse et le PS Suisse. Des actions prévues dans toute l’Europe.
Gérard Blanc
*Organisation de protection de l’environnement centrée sur la politique des transports.
** Coalition environnement et santé pour un transport aérien responsable
Sources Le Courrier, ATE, bulletin de l’IATA, OACI