Pékin ferme un millier d’usines. Un grand pas pour l’environnement
Il sera bientôt plus agréable de visiter la capitale chinoise. Le président chinois Xi Jingping et son ministre de l’environnement ont intimés à plus de mille usines consommatrices de carburants lourds hautement polluants de fermer leurs portes et de se reconvertir ou de se déplacer vers la province de Hebei.
En 2013, la Chine produisait 9,53 gigatonnes de CO2, production qui a été réduite à 9,2 gigatonnes en 2016. Pékin, qui compte aujourd’hui 22 millions d’habitants, tente à tout prix de freiner la croissance de sa population. L’une des méthodes employées est de délocaliser, sans perdre de temps, les entreprises jugées comme les moins essentielles, vers les villes de la province du Hebei et, ainsi, de réduire d’un même coup, drastiquement la pollution. En 2018, ce sont déjà 500 entreprises manufacturières qui ont été fermées à Pékin ainsi que 176 marchés et centres logistiques. La capitale chinoise souhaite fermer les usines dites « classiques » pour les remplacer par des sites « high-tech ». Plusieurs universités et hôpitaux seront aussi transférés dans des zones périphériques. Un communiqué du ministère chinois à l’environnement dévoile que les usines présentes sur la liste de celles qui devraient quitter Pékin et qui n’obtempéreraient pas, se verraient infliger des sanctions. Celles-ci iront de l’interdiction de prêts bancaires au refus de crédits à l’exportation et aux coupures d’électricité si nécessaire. Il s’agit pour le ministère de l’environnement de couper court à tout éventuel problème avec les gouvernements locaux qui feraient des démarches pour conserver ces usines qui, dans l’immédiat, sont très bénéfiques à leur croissance et à leur économie. Des subventions et de fortes recommandations, comme un passage forcé du chauffage au charbon au chauffage au gaz ou électrique, ont permis à la Chine de se placer comme leader en tête des pays ayant recours aux énergies renouvelables. En effet, après la demande de fermeture de certaines usines sans menace de sanctions, on a vu les mêmes usines se dépêcher de rouvrir sur le même site des mois plus tard.
Faire bonne impression : Selon l’économiste Andy Xie, il s’agit pour la Chine de montrer au monde que tout est en marche pour atteindre les objectifs auxquels la Chine s’est engagée déjà depuis les engagements pris à Copenhague. Il faut admettre que la Chine a su réorienter son économie et ses modes de consommation vers les énergies non fossiles. Les entreprises et institutions les plus polluantes ont été taxées. Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement met sur la table l’équivalent de 738 milliards de dollars d’ici la fin de la décennie pour produire 15% de son électricité par des énergies renouvelables, principalement hydraulique et éolienne.
Les employés des entreprises bonnes élèves comme, par exemple, l’usine de ciment Yanshan qui a participé à la construction des infrastructures des Jeux olympiques de 2008 et qui a fermé selon les directives de l’Etat, reçoivent par contre des dédommagements de 800 Yuan (CHF 110.-) pour avoir perdu leurs emplois.
Le bon élève ? Selon la revue Nature Geoscience, la Chine se trouverait dans le peloton de tête des signataires des Accords de la COP 21 à Paris. Elle se trouverait même en avance de douze ans sur le calendrier de lutte contre le CO2. Le gouvernement chinois avait déjà entamé depuis 2014 un plan visant à délocaliser l’industrie lourde de la capitale vers la nouvelle zone de développement économique de Xiongan dans la province de Hebei. La volonté de Xi Jinping était et demeure de faire de la capitale une ville de « classe mondiale, harmonieuse et où il fait bon vivre . Xie Zhenhua, le représentant spécial du gouvernement sur le changement climatique, avait déjà annoncé que 30% des émissions de dioxyde de carbone pourraient être supprimés rien qu’en se concentrant sur les secteurs industriels.
Pourtant, Greenpeace ne l’entend pas de cette oreille et estimait, en mai 2018, que les émissions chinoises de CO2 avaient progressé de 4% au premier trimestre 2018, après avoir augmenté de 2% l’an dernier. La principale raison d’une pollution galopante en 2013 proviendrait surtout de la combustion d’un charbon et d’un pétrole de très haute qualité, certes, mais particulièrement chargé en CO2.
Commentaire : Si le programme de dépollution de Pékin est une bonne nouvelle, il serait à souhaiter que d’autres villes très polluées comme Chongqing, soient les prochaines sur la liste, mais peut-être est-ce déjà le cas.
Gérard Blanc
Sources : Chine Nouvelle, L’Usine Nouvelle, France 24, Libération.