Achill Island : une beauté de la nature irlandaise
Dans le comté de Mayo, Achill, la plus grande île de l’Irlande où on parle encore le gaélique, n’est séparée de l’île principale que par un chenal enjambé par le Michael Davitt Bridge, une attraction en soi lors de sa levée pour offrir le passage au trafic maritime.
En admirant, par temps clair, le paysage à couper le souffle que présente l’île d’Achill, l’une des pointes extrêmes de l’ouest de l’Irlande, on a peine à imaginer que ce lieu fut un enfer comme il est décrit plus bas. Même si, depuis les vingt dernières années, les résidences secondaires ont poussé comme des champignons, on peut encore, par endroits, se sentir, complètement seul au monde, avec pour seul compagnon un mouton à tête noire téméraire qui s’est aventuré au bord d’une falaise appartenant à un promontoire dominant l’Atlantique sur 20km. Son objectif parfaitement admis est de trouver une herbe meilleure que nulle part ailleurs.
Historique
Comme beaucoup d’autres régions d’Irlande, on trouve à Achill de nombreux témoignages des civilisations celtes ou scandinaves datant d’environ 4’000 ans avant Jésus-Christ. Il faut ensuite faire un grand saut jusqu’au 15ème siècle pour trouver des vestiges historiques, tel le château de Crainne Uaile à Kildownet, construit au 15ème siècle par le clan des O’Malley.
Lors des guerres de religion menées par Oliver Cromwell (1650-51), une grande partie de la population irlandaise fut déportée vers la côte ouest de l’Irlande, la région la plus aride du pays. Elle dut alors se contenter d’une nourriture basée principalement sur la pomme de terre. C’est dire la catastrophe lorsqu’une invasion de doryphores décima la récolte entière, plongeant toute une population dans la famine et obligeant les habitants d’Achill à s’expatrier en Ecosse d’abord, et aux Etats-Unis par la suite. Le village de Dugort fut rendu célèbre par les tentatives impopulaires du pasteur presbytérien Edward Nangle qui, bien qu’ayant déployé des efforts en faveur de la population locale (hôpital, école, journal local, etc.), ne fut jamais accepté en raison de son action évangéliste. Aujourd’hui, les bâtiments, immédiatement détruits après son départ, composent ce que l’on appelle encore «la colonie». Les autres sites historiques d’Achill sont, par exemple, un village fantôme sur les pentes de Slievemore, abandonné par ses habitants lors de la grande famine, ou encore le cimetière de Kildamhnait, où gisent les victimes d’un incendie criminel perpétré par des xénophobes dans un baraquement appelé bothy en Ecosse, à l’époque où une colonie d’Irlandais s’expatriaient pour échapper à la grande famine.
Grandeur nature
Achill est considérée par les peintres et photographes amoureux de l’Ouest irlandais comme l’une de leurs principales inspiratrices, preuve en sont les visites fréquentes du prix Nobel de la paix Heinrich Böll et des célèbres artistes de renommée internationale que sont Paul Henry, Derek Hill et Charles Lamb. Par leurs œuvres, ils firent connaître Achill au monde entier. Baies géantes offrant toutes les teintes de bleu au gré des marées et des apparitions du soleil, montagnes pelées sur lesquelles courent les ombres des nuages, troupeaux de moutons éparpillés en bordure des falaises, cottages de granit bordant des petits ports de pêche avec, pour toile de fond, l’imposante île de Clare, sont des images qui marquent la mémoire pendant une vie entière. Il faut ajouter à cela la splendeur qu’offrent les plages dorées de Dugout, de Keel et de Kem, qui sont profondément enfoncées dans leurs criques où, par gros temps, la mer se déchaîne sur les chaos rocheux.
Texte Gérard Blanc
Photo de Une © Sean Molloy
Infos pratiques
Y aller
Genève-Dublin avec Aer Lingus + location de voiture et trajet Dublin-Westport, Achill.
Y loger
Achill Isle House, Keel; Stan Olean Acela à Achill Sound; Dugout. Bed & breakfast, Lavelle Seaside House Dogma.
Y manger
Amethyst Bar à Keel; The Cottage à Dugout.
Pubs et musique
S’il est une chose dont les habitants d’Achille sont fiers, c’est bel et bien le D’Omagh Pipe Band qui défile sur le Wave Crest de leur pipe band. Pour trouver des pubs où on joue du folk irlandais, la chose est plus aléatoire et dépend du bon vouloir de l’humeur des musiciens locaux et des gérants des pubs, mais vous pourrez toujours tenter votre chance au Lynnot’s Bar ou à l’Annex Inn. On y a parfois la surprise de constater que ce sont vraiment les gens du cru qui jouent du tin whistle, du bodhràn, de l’accordéon ou du violon, de sept à soixante-dix-sept ans.