Bayonne : la Basque bondissante
A Bayonne, les visiteurs à la recherche d’authenticité basque ne seront pas déçus. Cette agglomération ayant basé sa prospérité sur les métiers de la mer a su conserver son authenticité et sa tradition faites d’un mélange de France et de la proche Espagne. La vigueur et la truculence de ses habitants en fait une ville attachante.
Bayonne peut être considérée comme l’une des villes les plus traditionnelles de la côte basque française, au contraire de Biarritz, dont les maisons aux pans de bois sont moins nombreuses. Certes, elle ne donne pas directement sur la mer, mais le confluent de la Nive et de l’Adour en son centre n’est, finalement, qu’à quelques kilomètres de son estuaire et le chant des mouettes aidant, on imagine très bien que l’Atlantique n’est pas bien loin. En effet, une embouchure artificielle fut aménagée au Boucau en 1578 par l’ingénieur Louis de Foix, laquelle donna une nouvelle prospérité à la ville et à son port. Au 17e siècle, Bayonne devint une place commerciale de premier ordre avec un trafic commercial a été particulièrement fourni avec Terre Neuve et les Antilles. Son patrimoine remonte aux Romains, dont les témoignages sont les cinq tours rondes datant du 3ème siècle avant J.C. et qui composaient jadis les fortifications. Mais revenons plutôt à la ville ancienne qui se sépare en deux quartiers de part et d’autre de la Nive. En découvrant cette ville paisible, nul ne pourrait imaginer qu’elle est à l’origine de cette arme de guerre meurtrière appelée la « baïonnette ».
Tous à la plage
La mer n’est pas bien loin, il suffit d’une vingtaine de minutes pour aller faire un plongeon dans les rouleaux de la plage d’Anglet, bien connus des amateurs mondiaux de surf, au encore de faire une partie de golf au green de Chiberta.
Le Petit Bayonne
C’est ainsi qu’on appelle ce secteur (le plus pittoresque, il est vrai) juché sur une petite colline dominant la Nive et l’Adour. Ce quartier se distingue en premier lieu par son architecture faite de maisons à pans de bois sur le même modèle que celles qu’on trouve un peu partout encore, comme, par exemple, à Saint-Pée-sur-Nivelle ou à Saint-Jean-de-Luz et que les Basques défendent corps et âme, comme le décrit le poète Aresti dans « La maison de mon père ». C’est grâce à cet esprit qu’une grande partie du patrimoine basque a d’ailleurs pu être préservée. Ce qui ressort en visitant Bayonne est cette ambiance paisible avec les espaces verts et le chant des oiseaux. Nombreux sont les hôtels particuliers ayant appartenu à de riches armateurs qui révèlent parfois pour qui s’enhardira à pousser une porte cochère des cours ornées de cages d’escaliers en colimaçon. La Nive est symboliquement la frontière entre la Gascogne et le Pays basque. Cette délimitation est l’objet à la fois de plaisanteries et de fierté. Les uns se disent authentiquement Gascons et les autres de vrais Basques. Les gens de la rive droite diront : « Aujourd’hui, je vais à Bayonne », lorsqu’ils passent le point de la place de la Liberté (bien qu’ils soient déjà à Bayonne).
Les quais de la Nive
Ils représentent par eux-mêmes des tableaux impressionnistes avec des maisons en arcades parfois construites sur pilotis et composées de deux corps de logis ainsi qu’une courette centrale éclairée par une verrière.
Saint-Esprit
Cet autre quartier pittoresque de Bayonne avec en son centre la place de la République, sur laquelle donne la maison Brandon élevée au 18ème siècle, fut celui des banquiers et des négociants en tous genres et fut également le quartier juif et, par conséquent, des marchands de chocolat, spécialité bien connue de la ville. C’est dans ce même quartier que se trouvent les arènes où fut introduite pour la première fois la corrida espagnole en France
Notre-Dame
Impossible de passer par Bayonne sans visiter la cathédrale de Notre-Dame avec ses deux flèches néo-gothiques et dans laquelle le curieux pourra admirer sous la clé de voute des armoires sculptées d’une nef bayonnaise, d’un écu orné de léopards et d’un autre de fleurs de lys.
C’est jour de marché
Qu’il s’agisse du Carreau des Halles débordant sur les quais de la Nive, du marché des Gascons, de ceux du Saint-Esprit, de Marquisat ou de Polo Beyris, tous proposent des produits typiquement basques, la palme allant bien entendu au jambon dont la saveur a fait le tour du monde, mais aussi aux piments d’Espelette, aux gâteaux basques, au foie gras, sans oublier les fromages tels que les brebis Ossau-Iraty ou Etorky et, côté vestimentaire, aux espadrilles et aux bérets. Pur folklore pour les visiteurs ? Eh bien, détrompez-vous, tous ces articles sont bel et bien convoités par les Bayonnais eux-mêmes. Le marché couvert du Carreau des Halles rassemble une vingtaine de commerçants proposant les meilleurs produits frais et spécialités gastronomiques du Pays basque. Ensuite, à l‘extérieur sur le Carreau des Halles et sur les quais de la Nive, on trouve des maraîchers et petits producteurs locaux (fruits, légumes, fleurs, charcuteries) ainsi que des vêtements.
Les fêtes des Bandas
Les fêtes de Bayonne font partie des plus animées du territoire français. Elles se tiennent au plus fort de l’été (cette année du 25 au 30 juillet) et rassemblent une grande partie des habitants du Pays basque auxquels se joignent les estivants des côtes basque et landaise, ce qui représente une foule considérable. Elles sont parties de l’imagination d’une bande de copains de la section rugby de l’Aviron Bayonnais en s’inspirant d’une fête similaire à Pampelune (Navarre). L’idée était à l’origine de créer une grande journée basque. Peu à peu, une tradition s’est installée avec un certain nombre de codes traditionnels tels que ceux qu’on trouve dans les carnavals avec des ouvertures et clôtures officielles, le tout animé par des fanfares appelées « Bandas ». Un code vestimentaire est de mise : tout le monde doit être en tenue blanche et avec des foulards et des bérets rouges, ce qui donne une vision aérienne assez hallucinante d’une foule colorée uniforme. Si les festivités démarrent du « Petit Bayonne », elles débordent aussi dans les quartiers alentours proposant des aubades de chœurs basques, des passes-rues, des concerts, des parties de pelote basque, des courses de vaches, un corso de voitures fleuries, un défilé de bergers sur échasses, un corso lumineux des bandas en soirée, etc. Pour subvenir aux frais de sécurité, l’entrée sera désormais payante (8 euros) pour les non-résidents bayonnais.
Texte et photos, Gérard Blanc
Infos pratiques
Y aller
Vols sans escale Genève-Biarritz avec Hop (Air France) et Swiss ; Bâle-Biarritz avec easyJet
A visiter en bref
Le Musée basque
Restaurant
La rôtisserie du Roi Léon ; Talotegi (fruits de mer).