United Airlines et Delta de désolidarisent de la National Rifle Association
Après avoir été critiquées pour avoir des liens commerciaux avec la NRA (National Rifle Association), actuellement violemment décriée aux USA pour son lobby auprès du gouvernement Trump, United Airlines et Delta Airlines suppriment les avantages réservés aux membres de l’association des armes.
On s’en doute, cette mesure a été très mal prise par les membres de cette association cowboy états-unienne qui persiste à défendre son point de vue consistant à affirmer que le droit de porter des armes à feu faisait partie du premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique. Pourtant, l’accumulation des fusillades aux USA commence à remuer une partie grandissante de sa population et ce, malgré le lobby des armes à feu et leur vente libre dans les magasins.
La fusillade au collège de Parkland proche de Fort Lauderdale en Floride et ses 17 morts tomberait-elle dans la « routine » après les 290 autres fusillades en milieu scolaire depuis le début de 2013 ? Plusieurs associations se sont constituées, telles « Moms Demand Action For Gun Sense In America » (MDAFGSIA), une organisation qui lutte contre la vente libre des armes à feu.
« Trop c’est trop » (enough is enough!) clament de plus en plus de Nord-Américains contre la NRA. On s’en souvient, la chose avait été révélée par le film « Bowling for Columbine » de Michael Moore. Le cinéaste avait alors mis en accusation certaines personnalités, telles l’acteur Charlton Heston ou encore le chanteur Pat Boone qui défendaient bec et ongles l’utilisation libre des armes à feu.
Aujourd’hui, selon le Washington Post, la donne semble changer de main. Elle se manifeste sur Twitter (média favori de Donald Trump) sous le nom de #BoycottNRA et semble porter ses fruits. Ainsi, les compagnies aériennes United Airlines et Delta Airlines qui avaient été dénoncées pour accorder des faveurs aux membres de la NRA (notamment pour l’organisation de leurs congrès), ont rapidement changé de politique en supprimant désormais ces avantages.
« Nous ne pouvons pas accepter que des compagnies aériennes favorisent le transport de celles et ceux qui veulent voir les armes à feu se multiplier aux USA », avait déclaré Emma Gonzalez, le porte-drapeau d’une grande partie de la jeunesse américaine contre l’achat des armes en vente libre.
Delta et United ont donc pris la décision de retirer tous les avantages offerts aux membres de la NRA. C’est une première dans l’activité du transport aérien. La NRA est furieuse et estime qu’il s’agit d’une provocation inacceptable, surtout à peu de temps de son congrès qui se tiendra à Dallas en mai prochain. Par contre, pour tous les opposants aux armes à feu, cette décision d’offrir des tarifs spéciaux aux membres de la NRA était une mesure encore plus inacceptable. Ce mode de boycott a également inspiré d’autres grandes pointures commerciales, telles qu’Apple, Google, YouTube, ou Amazon, qui ont réagi en refusant soutenir la NRA comme, par exemple, de diffuser ses vidéos de propagande.
Certaines compagnies américaines rejettent toujours la pression des ados et des familles de victimes, et maintiennent leurs liens commerciaux avec la NRA. L’une d’entre elle, FEDEX, continue à offrir 26% de réduction à ses membres, rendant ainsi plus faciles et moins onéreuses l’expédition et l’accès aux armes, et donc aux potentiels meurtres en séries.
Quelle sera la suite ? D’autres campagnes contre la vente libre des armes à feu ont déjà échoué par le passé. En sera-t-il de même cette fois-ci ? Certes, la mise en place d’une révision de la Constitution américaine serait la formule idéale, mais pourra-t-on aller contre ce qu’ils appellent la « culture des armes à feu » ? Il n’en reste pas moins vrai que c’est par l’argent, comme toujours, que les solutions se trouvent, et les appels au boycott semble être l’une des méthodes radicales. Et ailleurs dans le monde ? Ne pourrait-on pas imaginer que les dénonciations des entreprises favorables à la NRA pourraient, pourquoi pas, inspirer les clients hors des USA de se solidariser avec le peuple américain en boycottant à leur tour. Vraiment, c’est malheureusement encore par l’argent que les choses peuvent se régler en espérant qu’un autre idéal prédomine un jour.
Gérard Blanc