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La vierge d’Almudena, une fête religieuse à Cuzco

Lorsque les Arabes assiégèrent Madrid, une vierge du nom arabe d’al-mudayna (en français, la citadelle) serait descendue du ciel pour jeter aux assiégés espagnols des nuages de blé et aurait, de son manteau, couvert les armes des arabes, ce qui aurait permis aux Madrilènes, non seulement de résister à la famine, mais aussi de chasser les assiégeants qui n’auraient pas eu d’autre solution que de s’enfuir.

Almudena8Le nom de la Vierge devint, traduit phonétiquement, Virgen de la Navidad Almudena, dont le culte fut transmis par Pizzaro et ses hommes aux populations quechuas des Andes. Chaque année, à Cuzco, les communautés religieuses du quartier portant le nom d’Almudena, auxquelles se joignent celles descendues de plusieurs villages des Andes  (y compris de la Bolivie), se rassemblent à Cuzco entre le 7 et le 14 septembre et forment de grandes processions. Il y a, bien sûr, la statue de la Virgen de la Navidad Almudena sur le chemin de laquelle on jette des pétales de roses, mais aussi de très pittoresques groupes costumés esquissant des pas de danse sous le rythme de fanfares rappelant, par leurs sonorités,  les Guggenmusiks suisses. Jeunes et vieux, enfants et adultes, se sont mis sur leur trente-et-un pour colorer l’événement. Des danseuses chapeautées et subtilement maquillées font virevolter leurs jupes avec élégance. Des masques représentant le diable et rappelant ceux de la Chine ou de la Thaïlande sont l’une des attractions phares.

Almudena6Ils sont le rappel d’une croyance ancestrale quechua voulant que Satan soit un personnage plutôt gai et bon vivant et que les antres de la terre, son lieu d’habitation, soit un lieu plutôt agréable à vivre, en contradiction directe avec le catholicisme espagnol, mais qui, comme bien d’autres croyances incas, fut tolérée par l’église catholique souhaitant convertir les Quechuas en masse sans froisser leurs anciennes croyances. A l’instar des processions de la Semaine Sainte en Espagne, l’événement est très bien organisé par un comité qui prépare cette manifestation dès le quinze juillet qui précède. Outre la dévotion des groupes qui défilent, il y a comme une sorte de compétition entre eux, à qui sera le plus coloré, le mieux costumé et le plus souriant. A l’issue de la procession, tous vont se restaurer au cours d’un banquet portant le nom de « chiriuchu ».

Texte et photos, Gérard Blanc
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