Stettin, chef-lieu de la Poméranie occidentale
A l’instar de Nantes, ce port maritime à l’intérieur des terres a, comme bien des villes polonaises, une orthographe bizarre, Szczecin, qui se prononce Chtétine (Stettin) en français. C’est le chef-lieu de la Voïvodine de Poméranie, pays qui fut longtemps, géographiquement, à cheval entre l’Allemagne et la Pologne et historiquement revendiquée par l’une et par l’autre, voire par d’autres pays, comme la Suède. Rasée à la fin de de la Seconde Guerre mondiale, son quartier historique a été reconstruit dans le pur style baroque.
La Poméranie ne vous dit peut-être rien sauf, éventuellement, le petit roquet qu’on appelle le loulou de Poméranie. Son étymologie signifie le «pays vers la mer », alors que la Pologne veut dire le « pays vers la terre ». Septième ville de Pologne en nombre d’habitants, Stettin a, à l’instar de Munich, Lorient ou Le Havre, été rasée pendant la Deuxième Guerre mondiale. La première chose qui frappe en arrivant à Stettin est la multitude de grues qui se dressent autour du fleuve l’Oder, qui traverse la ville. Un néophyte comme moi se dirait, selon les apparences, que cela serait la preuve d’une grande activité portuaire. Eh bien erreur ! Si jadis l’activité commerciale de Stettin était florissante, cela n’est plus le cas et les grues ne font plus qu’office de décors, car, aujourd’hui, dans la plupart des autres ports, elles sont obsolètes et remplacées par un système beaucoup plus efficace et moderne qu’on appelle les portails.
Street art
Sur les bords de l’Oder et sous un enchevêtrement de bretelles autoroutières, il fait bon prendre le frais le soir en admirant la vue sur l’Oder. Les piliers de soutènement servent d’inspiration aux tagueurs de tous poils qui ne se limitent pas aux inscriptions peu esthétiques comme on peut les voir dans le monde entier, lesquelles n’ont souvent d’autre but que d’assouvir un besoin de renommée sans talent de la part des autres tagueurs. Mais, sous les ponts de l’échangeur ont été peintes des fresques dignes, parfois, de grands artistes, certaines d’entre elles portant un message social ou politique.
La promenade longeant l’Oder est le lieu favori des sorties dominicaines familiales, des manifestations sportives, telles le triathlon, et des expositions en plein air. Depuis celle-ci, le regard s’élève vers les hauts de la ville où une autre promenade domine l’Oder. De celle-ci s’élève l’imposante préfecture aux airs de château, un bâtiment de style ancien reconstruit de toute pièce. On ressent de cette promenade une atmosphère de détente estivale grâce à une enfilade de terrasses de cafés où les Stettinois aiment se prélasser.
Misère et richesse
Quand vous demandez à un habitant de Stettin « comment ça va ? », il vous répondra « c’est toujours la même misère ». Cette remarque n’est plus d’actualité quand on constate que le chômage n’y est que de 6.5%. Il n’en a pas été toujours ainsi.
Pour le souvenir
Dans le quartier historique, la première visite est pour le château, de style Renaissance, des ducs de Poméranie de la dynastie Griffin (12ème siècle). Reconstruit entre 1958 et 1980, il ressemblerait en tout point à ce qu’il fut au 16ème siècle. Tout autour, des maisons bourgeoises à pignons de style baroque égaillent une place autour de laquelle s’étalent des terrasses de cafés. Donnant sur la place, l’ancien hôtel de ville est l’un des plus beaux édifices de Stettin et le seul vestige encore debout après les bombardements de 1945.
Religion et modernité
Autre monument phare, la cathédrale Saint-Jacques a été construite en briques rouges et sa construction a eu lieu entre le 13ème et le 15ème siècle. Entre la période de la Réforme et la fin de la Seconde Guerre mondiale, les cérémonies religieuses qui s’y sont déroulées étaient de confession luthérienne. Du sommet de sa flèche, auquel on accède par un ascenseur, on bénéficie d’une superbe vue panoramique sur les toits de la ville et, au second plan, l’Oder. Parmi plusieurs édifices modernes, on retiendra un édifice futuriste, abritant la Philharmonie. Ce bâtiment moderne blanc strié accueille, outre les orchestres symphoniques de Pologne, ceux de l’Europe entière et d’outre-mer pour des concerts sublimes attirant les mélomanes du monde entier.
Parcs et jardins
On peut décrire Stettin comme étant une ville verte et fleurie. Parmi les jardins, on peut souligner celui où se trouve le monument des Trois Aigles, référence à l’aigle polonais, suédois et napoléonien (les Polonais ont encore beaucoup d’admiration pour le « petit caporal »).
Texte et photos Gérard Blanc
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Infos pratiques
Y aller
Vols Genève-Varsovie-Stettin avec la compagnie Lot. Une autre formule est de découvrir cette ville à l’occasion d’une croisière fluviale organisée par CroisiEurope entre Berlin et Stralsund.
Spécialités locales
La zurek (soupe servie dans un pain en forme de boule) ; les latkès (galettes aux pommes de terre); le bigos (ragoût du chasseur à base de chou, porc et bœuf) ; le makowiec (gâteau au pavot); le nalesniki (crêpes au fromage blanc sucré) et, pour couronner le tout, la vodka polonaise et la sliwowica (alcool de prune).
Hôtels
Le Zamek Zentrum, l’apartotel Excel, le Silver & Gokart.
Restaurants
Le Pierogarnia Kaszubska, le Karczma Polska Pod Kogutem.
A voir encore
La Porte royale, seul reste des anciennes fortifications ; le cinéma considéré comme le plus vieux du monde qu’est le Kino Pionier, qui est toujours en activité et passe des films d’auteur (polonais pour la plupart) ; les abris souterrains avec une entrée dans les sous-sols de la gare de chemin de fer. Ils ont été construits avant la Seconde Guerre mondiale pour servir d’abris en cas de conflit armé et peuvent accueillir cinq mille personnes (à visiter avec un bon chandail, car la température qui y règne est aux alentours de 12°C.) ; la maison où naquit l’impératrice Catherine II de Russie.