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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Géorgie: à l’origine de la toison d’or, une richesse touristique insoupçonnée

Sans pour autant proposer de conquérir la toison comme Ulysse, conquérir la Toison d’or, la Géorgie, étape de la route de la soie, offre aux visiteurs ses légendes et son histoire mouvementée dont les nombreux témoignages s’échelonnent au long de routes sinueuses dans le fabuleux décor du Caucase.

La Géorgie est aussi une ancienne république soviétique devenue indépendante après la chute du Rideau de fer. Loin d’être rétrograde, ce pays, qui n’héberge que 3,8 millions d’habitants,  dont  1,3  million  dans  la  capitale Tbilissi,  pour  une  superficie  de  57’000 km2 , est des plus modernes, tout en possédant  un  patrimoine  culturel,  naturel, mythologique,  religieux  et  historique d’une  richesse  insoupçonnée.  Elle  possède une langue, une écriture et une personnalité qui lui sont propres, ainsi que sa foi orthodoxe autocéphale (indépendante de la hiérarchie russe) suivie par 82% des habitants. L’histoire  de  la  Géorgie  foisonne  de  références, d’abord  celle  de  la  légendaire  Toison  d’or:  des  peaux  de moutons  plongées  dans  les  rivières  aurifères,  l’or  étant  retenu par les fibres de laine. Ensuite, les invasions incessantes des tribus d’Ossétie du Nord, de Mongolie, du Daghestan et de la Perse, mais  aussi,  bien  sûr,  des  Turcs.  Tbilissi  aurait  été  détruite  une centaine de fois. Il y eut en dernier lieu les Russes. Depuis son indépendance, la Géorgie a vécu trois guerres et deux révolutions, ainsi  qu’une  importante  émigration  économique  mondiale. La Géorgie affiche un principe d’accueil et de tolérance envers toutes les ethnies et toutes les religions. La synagogue de Tbilissi, par exemple, avoisine une mosquée où peuvent être célébrés côte à côte un culte sunnite et un culte chiite.

Vive le vin
Kvareli-CaveLa culture de la vigne est, de longue date, celle qui a constitué la première richesse agricole de la Géorgie. Avec 500 cépages, 80 sont consacrés à la vinification et les autres comme raisins de table. Elle peut se vanter d’être en tête des producteurs mondiaux de vin. Il faut visiter les tunnels de Kvareli, d’anciens bunkers militaires, avec un chai de 5 km et une collection de 36‘000 bouteilles avec un large éventail de saveurs allant du plus doux au plus sec, le tout gardé par un quintet de chanteurs en costumes traditionnels entonnant «Chevaliers de la Table ronde»!

Le Paris du Caucase
C’est  ainsi  qu’on  nomme  Tbilissi,  peut-être en  raison  de  son  environnement  cosmopolite. On raconte qu’elle est née grâce au roi d’Ibérie (Géorgie orientale), Vakhtang Gorgassali (V e  s.), qui, chassant dans la région, découvrit des sources sulfureuses et décida d’en faire sa capitale. Celle qu’on appelle  le  «Paris  du  Caucase»  détrompe bien  des  idées  préconçues.  Si  quelques immeubles  brejneviens  sont  encore  debout, il faut prendre le téléphérique jusqu’au sommet de la colline Sololaki où trône la forteresse de Narikala et la statue géante de Kartlis portant  dans  une  main  un  bol  de  vin  pour  les  gens de bonne volonté et un glaive dans l’autre pour les envahisseurs,  et  admirer  Tbilissi  en  contrebas.  On  découvre  alors  plusieurs monuments ultramodernes, où le verre domine, tels le pont de la Paix, les nouvelles salles de concerts ou encore l’ «Aquarium» (Ministère de l’Intérieur) et la «Maison des mariages» (Etat civil). Impossible de manquer la cathédrale de la Trinité (Sameba), celle où l’archevêque Ilia II baptise lui-même chaque année le troisième enfant de chaque famille, histoire d’encourager le repeuplement orthodoxe.

TbilissiVous remarquerez aussi l’artère principale qu’est l’avenue Rustavelli, sorte de Champs-Elysées tbilissiens, sur laquelle donnent le Théâtre dramatique, les sièges de banques et les magasins  de  luxe.  En  redescendant  en  ville,  vous  découvrirez  bien d’autres trésors, comme le centre thermal d’eaux sulfureuses qui fut loué par deux grands Alexandre: Alexandre le Grand et Alexandre Dumas, l’illustre écrivain  en  ayant  fait  son  lieu  de  séjour  privilégié.  J’ai  aimé  les  anciennes  maisons  aux  larges balcons de bois proche de la place Maidan et ses rues  avoisinantes  portant  des  noms  de  métiers, mais, surtout, le vieux quartier, moins connu, auquel on accède depuis le pont de la Paix. Avec ses ruelles pavées, ses maisons aux formes variées, le petit théâtre de Gabriadze et sa pittoresque Tour de l’horloge, et la charmante petite basilique d’Anchiskhati datant du VIè    s., c’est un lieu charmant ayant encore échappé à la démolition.

Châteaux et monastères
Nombreux  sont  les  édifices  religieux  du  patrimoine géorgien. Parmi les plus spectaculaires, il y a l’imposant monastère fortifié d’Alaverdi proche d’Akhmeta (VI e  s.), celui de Bodbe, qui fut créé par Sainte Nino de Cappadoce Géorgiequi y vint évangéliser  la Géorgie au IVe  siècle après J.C.; mentionnons encore le monastère de Gelathi où se trouve une superbe fresque du roi David portant une miniature  de  l’église  dans  sa  main  gauche,  et  le  cimetière  insolite  avec,  devant  les  caveaux,  une  table pour que les familles puissent venir pique-niquer tout en fleurissant les tombes de leurs proches et, enfin, la cathédrale de Bagrathi dominant la ville de Kutaisi, où les Géorgiens aiment célébrer leur mariage.  Le  pays  est  bien  pourvu  en  châteaux, dont le but a toujours été la résistance aux multiples  invasions.  Les  grandes  murailles  du  bourg de Sighnaghi rappelleraient celles de la Chine, et  sont un bel exemple de forteresse médiévale.

Staline
Gori est une petite ville industrielle située au confluent des rivières Liakhvi et Koura. L’intérêt principal est qu’y naquit Joseph (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili, alias Joseph Staline. Sur le site dédié au célèbre dictateur on peut visiter sa maison d’enfance et le train blindé qu’il utilisait pour voyager. Le plus intéressant reste néanmoins la visite du musée qui lui est consacré et qui permet de s’instruire sur l’irrésistible ascension au pouvoir de ce mauvais garçon qui, avec ses rencontres de prison, constitua une équipe qui allait être à la tête de l’idéologie soviétique.

La  forteresse  Rabat  d’Akhaltsikhé,  qui  avait  été  rasée  par  les Ottomans, a été reconstruite en 2011 selon les anciens plans, et inaugurée par Charles Aznavour, originaire de la communauté arménienne de la ville. Mais celui qui davantage fait rêver aux temps médiévaux est le château de Khertvisi, qui est à la fois authentique et fidèlement restauré. Ce qui surprend davantage encore sont les deux sites troglodytes. Le premier est celui d’Uplistsikhe, avec des habitations à flanc de falaise datant de l’âge de bronze et situé au bord de la rivière Mtkvari. Cerise sur le gâteau, le  second  est  le  complexe  monastique  de  Vardzia,  monastère jadis enterré et comme coupé en deux verticalement à la montagne Erusheti (1300 m. d’altitude). La falaise laisse apparaître ce que furent jadis 15 églises, 600 salles et 3,5 kilomètres de tunnels.

Ville et villages
En Géorgie, j’ai beaucoup aimé le village Sighnaghi dans la région de Kakheti pour ses maisons anciennes, sa petite place et la légende immortalisée par une statue immortalisant l’histoire de ce pauvre artisan qui s’était ruiné pour l’amour d’une femme à laquelle il faisait livrer des roses par une jeune fille. L’autre flash fut  pour  la  ville  de  Kutaïsi,  où  siège  aujourd’hui  le  Parlement géorgien, pour son pont des Artistes sur la bouillonnante rivière Rioni et, en effigie, le bronze de «L’enfant au chapeau». Ses jardins sont abondamment fleuris, son marché couvert est animé, ses vieilles rues pavées bordées de maisons baroques sont authentiques et, en prime, le pittoresque café-cabaret Palaty doit être visité pour ses salles décorées à l’ancienne au 1er  étage.

Kutaisi-Palaty

Au café Palaty, à Kutaisi © Gérard Blanc

Caucase
Les amateurs de randonnées pédestres seront comblés dans la région de Samtskhé-Djavakhétie avec, comme point de mire, le parc national de Borjomi-Kharagauli, dont l’air est le plus pur de la Géorgie et offre une vue imprenable sur les sommets enneigés du Grand Caucase. Le point de départ idéal pour la découverte de cette région à la biodiversité exceptionnelle est le village thermal d’Abastumani, lieu jadis favori des tsars.

Texte & Photos  Gérard Blanc

Infos pratiques

Vol

Vol quotidien Genève-Kiev-Tbilissi et Kutaisi avec Ukraine International Airlines. www.flyuia.com.

Renseignements

www.gnta.ge.

Agences spécialisées

Aratours à Fribourg: +41 26 322 72 77;  Travelhouse, +41 58 569 95 03;  Kira Voyages +41 56 200 19 01.

Spécialités culinaires

La table géorgienne est abondamment garnie, tout le menu étant présenté sur la table. Une spécialité surprend: la fondue au dambal khacho, fromage frais mis dans un linge et enterré pour obtenir la formation du lactobacter, dont on fait une fondue dans un caquelon appelé khavisti. Autre spécialité: la chacha, un marc de vin.

A voir encore

Proche de Tbilisssi, le musée Open Air avec ses maisons traditionnelles, le Museum ethnographique de Tbilissi avec les vestiges des Cochis (peuplade du Caucase).

 

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