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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Bulgarie, le pays aux trois capitales

Sofia, capitale en titre, Veliko Tarnovo, capitale médiévale, et Gabrovo, capitale déclarée du rire, mais aussi de l’industrie. Elles donnent une image colorée d’un pays ayant conservé son authenticité.

S’il est un pays envers lequel on pourrait avoir, à tort, des idées préconçues, c’est peut-être bien la Bulgarie. La nouvelle liaison aérienne de Wizz Air m’a donné l’occasion de me réconcilier avec l’image ternie des plages bétonnées des Sables d’or, en bordure de la mer Noire, mais les choses ont certainement changé depuis, et toutes les plages bulgares ne sont peut-être pas sur le modèle de Torremolinos. C’est en tout cas autre chose qui se présente aux yeux du visiteur, tant à Sofia que dans les vallées de la chaîne des Grands Balkans.

Capitale oblige

Un bon début pour prendre connaissance de Sofia est de se rendre sur les flancs de la montagne Vitosha, orgueil des Sofiotes, qui domine la capitale bulgare de ses 1800 mètres. De la terrasse de l’hôtel Kopitoto, la vue panoramique permet tout d’abord de se rendre compte des nombreux espaces verts et de la générosité avec laquelle a été conçu l’urbanisme offrant des avenues et des allées au bord desquelles s’alignent arbres et réverbères. Sur place, les contrastes s’additionnent entre monuments religieux et leurs coupoles qui brillent au soleil, l’architecture typique et austère de l’époque soviétique et les rues piétonnières commerçantes animées, telle la rue Vitosha où l’ambiance des terrasses et les enseignes des bars et des restaurants ont plutôt une touche ouvertement occidentale.
Vous l’avez deviné, le nom de la ville de Sofia a été donné en hommage à Sainte Sophie, celle dont trois filles furent martyrisées par l’empereur Hadrien. Elle passa trois jours à pleurer leurs tombes et à prier pour finalement mourir de chagrin. Le culte voué à ce personnage se retrouve un peu partout à Sofia, mais surtout au centre-ville, avec une statue perchée en haut d’une colonne et, surtout, à environ deux cent mètres de la cathédrale, la basilique cruciforme Sainte-Sophie. Et pourtant, elle ne paie pas de mine avec sa structure en briques rouges, mais sa crypte renferme une nécropole aménagée en musée archéologique où se succèdent tombeaux, fresques, bas-reliefs et mosaïques évoquant la période des premiers chrétiens.

Cathédrale Alexandre Nevski à SofiaAlexandre Nevski (le grand Alexandre II de Russie) a donné son nom à la cathédrale de style néo-byzantin aux coupoles couvertes de feuilles d’or, construite en 1912 à la mémoire des soldats russes tombés au champ d’honneur de la guerre russo-turque. Parmi les nombreux autres édifices religieux, ceux qui sortent du lot, sont tout d’abord l’église russe Saint-Nicolas à la façade de style néorusse, mais surtout celle qui est la plus ancienne de la ville: L’église de la Rotonde Saint-Georges (4 e siècle) a un côté insolite de par son emplacement, juchée en haut d’un monticule de terre, au milieu de vestiges romains et entourée de grands bâtiments administratifs modernes.

Veliko Tarnovo: vallée de l’Yantra
La capitale médiévale

Avant que Sofia ne reçoive le titre de capitale en 1879, celle qui fut à la tête du pays, du 12 e au 14 e siècle, et qui incarne encore les racines profondes de la Bulgarie, s’appelait jadis Tarnovgrad, et porte aujourd’hui le nom de Veliko Tarnovo. Elle est la coqueluche des bateaux de croisière sur le Danube, dont les passagers n’hésitent pas à faire une heure et demie d’autocar pour venir la visiter.

Les perles de l’art religieux
La Bulgarie possède des trésors d’art religieux décoratif avec les plus belles fresques qu’on pourrait imaginer, incluant, bien sûr, les scènes de la vie du Christ et de sa famille, mais aussi la représentation fréquente des évangélistes Cyrille et son frère Méthode venus de Thessalonique, et auxquels on doit d’ailleurs l’alphabet cyrillique. On trouve aussi la représentation de scènes bibliques avec des personnages portant des costumes bulgares de l’époque médiévale. Certains de ces sites religieux sortent du lot dont, en premier lieu, l’église de Bojana proche de Sofia. Il s’agit d’une chapelle familiale datant du 10 e siècle dédiée au saint Pantaléon et dont l’attrait réside dans ses fresques, la plus envoutante étant celle de Saint-Nicolas, dont le regard vous transperce.
Autre particularité: celle de la Sainte Cène avec des navets, de l’ail et de l’oignon sur la table.
Proche de Gabrovo, l’église du monastère de Sokolsky est une autre splendeur de l’art religieux pour les fresques de son fronton et dont l’originalité est de n’héberger qu’une seule nonne.
Mais c’est enfin dans le village d’Arbanassi, proche de Veliko Tarnovo, que se trouve l’époustouflante église de la Nativité (1597), le summum des églises orthodoxes bulgares transformée en musée. A la voir de l’extérieur, nul ne pourrait imaginer la splendeur de l’art religieux orthodoxe qui recouvre l’intégralité des murs intérieurs et des plafonds par les fresques superbement conservées et aux couleurs originales qu’on mettrait volontiers en parallèle avec la chapelle des Scrovegni de Giotto à Padoue ou la chapelle Sixtine à Rome. La raison de la beauté de ces fresques vient de ce que les murs et les plafonds étaient couvertes d’une couche de suie qu’il a suffi d’essuyer pour rendre à ces œuvres leurs teintes d’origine sans autre forme de restauration. On y trouve le Jugement dernier, la naissance du Christ, ou encore la vie de la Vierge, mais aussi des thèmes profanes, comme la représentation d’anciens philosophes et écrivains (Homère, Aristote ou Platon).

L’agglomération se partage entre, d’un côté, l’imposante forteresse de Tsarevets, avec ses longs remparts cerclant une colline au sommet de laquelle trône l’église patriarcale de la Résurrection. Cet ensemble attise l’imagination des amateurs de récits de chevaliers des batailles contre les Byzantins (notamment lors de la conjuration des Boyards), les Tartares, les Mongols et les Turcs. Les autorités de la ville mettent, la nuit tombée, le site en valeur par un spectacle dans le style son et lumières.
Sur la colline voisine se trouve la ville aux teintes médiévales dont les maisons anciennes s’échelonnent à flanc de colline plongeant d’un côté comme de l’autre dans la vallée de l’Yantra ou le long de la rue du Vieux marché. Son quartier des artisans donne une image de ruelles étroites pavées et de maisons rappelant, par endroits, celles de la vieille ville d’Ankara.

Graffiti de chat Bulgarie

Gabrovo, industrie et queues de chats

Se référant à Minio Popov du village de Bozhentsi, lequel écrivit un recueil de blagues célèbres, les habitantsde Gabrovo se vantent d’être au centre de l’humour, autant, d’ailleurs, que d’être des pingres notoires. La légende voudrait que, à Gabrovo où pullulent les chats, la majorité de ceux-ci auraient le bout de la queue coupé. Les Gabrovais s’impatienteraient de voir leurs chats rester sur le pas de la porte en hésitant à rentrer ou à sortir de la maison. Avec une queue coupée, il serait devenu possible de claquer la porte sans coincer la queue du chat. Mais la consécration de capitale de l’humour serait plutôt due à la tenue annuelle du festival international de l’humour et de la satire. Gabrovo est une ville souriante, animée et fleurie tout en étant vouée à l’industrie du textile et du cuir.
Mais la raison majeure qui pousserait à visiter Gabrovo se trouve à 8 km au sud, au bord de la rivière Sivek. Il s’agit du musée en plein air d’Etara, qui a été conçu sur le modèle d’autres du genre, comme le Musée du village de Bucarest, celui de Santandre (Hongrie), celui de Sanok (Carpates polonaises) et, pour ne pas l’oublier, Ballenberg en Suisse. Le concept est un regroupement en un même endroit de maisons traditionnelles en voie de disparition. A Etara, l’accent est mis sur l’artisanat rural de l’époque de l’Eveil national bulgare (18 e et 19 e siècle). En permanence, des maîtres artisans produisent des articles de poterie, des récipients en cuivre, des couteaux, mais aussi des petits pains chauds et de délicieuses pâtisseries.

Bozhentsi
En route entre Veliko Tarnovo et Gabrovo, un léger détour au milieu des contreforts des Balkans permet de visiter la coqueluche des randonneurs pédestres, à savoir le petit village aux toits d’ardoise et aux rues pavées de Bozhentsi. De cette réserve architecturale, il ne reste qu’une vingtaine de résidents qui l’habitent, âgés pour la plupart, la majorité des habitations étant consacrées à la visite par les touristes. Nous sommes loin des activités florissantes du commerce de la cire, des fourrures, de la soie, de la viande, du miel, de la laine ou des produits manufacturés. Depuis, les quelques cinq cents habitants qui étaient encore sur place au milieu du 20 e siècle ont émigré ailleurs. Parmi la centaine de maisons récemment restaurées datant des 18 e et 19 e siècles, on notera la maison de la grand-mère Rayna et, surtout, celle de Dontcho Popov, ladre notoire et son frère Minio, auteur des blagues sur l’avarice des habitants de Gabrovo.

Texte et photos Gérard Blanc

Informations pratiques

Y aller

Vols sans escale Genève-Sofia les lundis et mardis avec Wizz Air. www.wizzair.com.

Se renseigner

www.bulgariatravel.org/fr

Logements

Dans certains villages comme celui de Bozhentsi, il n’est pas rare de trouver des chambres d’hôte pour le prix de 20 leva (environ 15 CHF) la nuit pour deux personnes.

A voir encore

A Sofia: la Maison du vin à Sofia avec l’étonnante découverte de la grande variété de cépages de la Bulgarie, dont le fameux mavrud (www.winenbg.org); la relève de la garde devant le Palais présidentiel; le Musée d’histoire.
A Veliko Tarnovo: le Centre multimédias Tsarevgrad-Tarnovgrad et son musée de figures de cire.
A Gabrovo : Le musée interractif présentant l’évolution des diverses industries de la ville dans l’histoire.

Hôtels

Le Bolyarski à Veliko Tarnovo

Restaurants

Le Vodenitzata en banlieue de Sofia (cuisine locale, animation de musique et danses traditionnelles); le Shtastliveca à Sofia; le Hadj Nikoli à Veliko Tarnovo.

A recommander

Assister le samedi soir (18 h 00) ou le dimanche matin (9 h 30) aux chants octophoniques à la cathédrale Alexandre Nevsky de Sofia.

Spécialités locales

La confiture blanche (bieloslatko); l’ayran (yogourt au lait entier, eau et sel, le tout mixé et servi glacé).

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