Le Puy du Fou en Vendée
Avec ses 38 ans d’existence, le parc du Puy du Fou lancé par le politicien souverainiste Philippe de Villiers, a su faire parler de lui. Ce spectacle est devenu le plus visité en France après Disneyland Paris, et fait même école hors frontières.
Un parc d’attractions ? Oui, mais différent des autres, car il s’appuie avant tout sur le patrimoine historique français avec des références aux chevaliers, aux mousquetaires, mais aussi, par exemple, aux tranchées de la Première Guerre Mondiale, ou encore à la vie des communes rurales françaises avec un clin d’œil à Jean de La Fontaine. Jeux de fontaines, joutes à cheval, duels à la rapière, rien ne manque pour faire rêver petits et grands.
Mais, en supplément à ces attractions diurnes, c’est un spectacle grandiose qui se déroule devant les 14’000 sièges et strapontins, pleins la plupart des soirées estivales. Imaginez une scène de plus de 20 hectares avec le château du Puy du fou en arrière-plan ayant pour ligne conductrice l’histoire d’une famille vendéenne à travers les âges : c’est la Cinéscénie.
Avec une mise en scène digne des grands péplums de Hollywood, la Cinescénie est une suite de grands tableaux relatant la vie de cette région de Vendée, depuis l’époque romaine jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. On y voit des légions romaines, des drakkars vikings, les chevaliers chevauchant leurs fougueux destriers pour des joutes endiablées, des troupes anglaises de la guerre de Cent Ans, le roi François premier, les « bleus » républicains du général Turreau, ou encore des troupes nazies, bref, tous ces envahisseurs qui s’imposèrent sur cette vénérable terre de Vendée avec un éloge au camp royaliste, avec, notamment, Maupillier, général de l’Armée catholique et royale de Vendée, François Athanase Charette de La Contrie.
Des bénévoles à perte de vue : En 2014, le Puy du Fou a été déclaré le second parc à thème de France pour sa fréquentation derrière Disneyland Paris et avec à la clé un certain nombre de récompenses. Un système savant géré pour assurer la longévité de la manifestation contribue à financer l’Académie Junior, une structure de formation interne aux métiers du parc. Cette organisation est l’une des principales forces du Puy du Fou, permettant l’action conjuguée des bénévoles et des professionnels (il y en a quand même 23). Depuis 1977, le Puy du Fou a investi l’équivalent de 260 millions d’euros pour son propre développement. Le Grand Parc emploie désormais directement 1 375 personnes dont 150 salariés permanents ; pour ce qui est de la Cinéscénie, on dénombre 3600 bénévoles qui se relaient pour assurer la bonne marche du spectacle. Ils sont, pour la plupart, issus des communes des alentours, réunis en association avec des règles strictes dans un esprit de confrérie. Chaque représentation nécessite la présence de 2000 bénévoles, dont 1500 figurants (cavaliers, bergers, soldats, chouans, etc.) et environ 500 personnes pour les différents services (régie technique, accueil et billetterie, postes de secours et permanence médicale, sécurité du site, etc.). Et, en plus, ils se dévouent, que dis-je, ils se bousculent pour donner de leur temps et de leur énergie pour que ce parc d’attraction de principe non-commercial (géré selon la loi de 1901, donc à but non lucratif) fonctionne sans anicroche. Il faut admettre que cela fonctionne plutôt bien. J’ai eu le privilège de pouvoir aller dans les coulisses, dans ces « villages », sortes de « loges » de figurants, chacun dans sa spécialité, se préparant avec assiduité pour son rôle à jouer dans chacun des tableaux. D’un côté les Romains, de l’autre les chevaliers, d’un autre les paysans et leurs troupeaux, d’un autre encore les Républicains et leurs tambours, etc. Chaque « village » a ses artisans : couturières, bricoleurs en tous genres, chapeliers, spécialistes des flambeaux, maréchal-ferrant, selliers et bien d’autres encore. Chacun, chacune a un rôle précis à jouer et les règles sont très strictes. Certes, il y a un bar dans chaque village, mais aucune ébriété n’est admise. Aucun retard ni débordement non plus, sinon, c’est l’expulsion du contrevenant concerné, mais aussi de celui ou celle qui l’a fait entrer dans la confrérie. Mais quelle est donc la recette de Philippe de Villiers et de sa descendance pour qu’autant de bénévoles de 7 à 77 ans soient à ce point enthousiastes pour s’engager et suer dans tous les métiers qui dépassent parfois le simple rôle de figurant pour aller jusqu’au soudeur, au menuisier, à l’électricien, etc. et tout cela sans salaire. Miracle ! Que ne ferait-on pas pour être membre de cette équipe qui fait tourner l‘une des plus grandes animations estivales de la France. J’imagine que cette force est le résultat d’une foi qui fait déplacer les montagnes. A noter que les costumes sont entièrement authentiques et fabriqués avec soin pour tous les figurants. En assistant ensuite au spectacle, on ne peut que regretter de ne pas être suffisamment proche de la scène pour les admirer.
Opinion : Magnifique cette Cinéscénie bien que partie prenante d’un point de vue politique visant à primer les époques royalistes et en mettant l’accent sur les exactions (horribles, il est vrai) des factions républicaines lors de la guerre des Chouans avec, au premier plan, un point qui me dérange avec l’utilisation (qui ne date pas d’hier d’ailleurs) du terme de « foi chrétienne » qui ne devrait s’appliquer qu’au culte catholique. Et s’ils introduisaient, par exemple, dans leur scenario le siège de La Rochelle par Richelieu (à la frontière de la Vendée) ? Le massacre de la Saint-Barthélemy ? L’envoi aux galères des adeptes de la RPR (religion prétendue réformée), ou, plus encore, l’exil des protestants suite à la révocation de l’édit de Nantes ? Ah, que voulez-vous, l’histoire peut se visiter de bien des façons…
Commentaire : Ce n’est pas, et de loin, le seul endroit où dans un parc d’animation, il soit difficile de se s’orienter. Si on pouvait recommander une amélioration dans la signalisation du parc du Puy du Fou, ça serait de rajouter une seule indication sur les plans disséminés dans le parc, comme la chose existe parfois sur certains plans de ville : la mention « vous êtes ici !». Cela aiderait grandement les visiteurs qui se perdent parfois pour aller d’une attraction à l’autre, surtout quand celles-ci se suivent à un rythme accéléré.
Texte et photos Gérard Blanc