Istrie, un parfum de Méditerranée entre Corse et Toscane
Au nord de la Croatie, la mer scintille d’un bleu éclatant d’azur dans de petites criques rocailleuses. Dans l’arrière-pays, des villages accrochés aux sommets des collines s’inspirent de la Toscane. Nous sommes en Istrie, la nouvelle coqueluche des vacanciers européens.
L’Istrie offre un rivage très découpé et parsemé d’îles et d’îlots. Baies, criques, plages parfois sauvages, rappelleraient la Corse avec pour avantage de ne pas encore être bétonné. Les excursions en bateau sont les activités préférées des Istriens, comme des touristiques d’ailleurs. En été, les ardeurs du soleil encouragent les Istriens à passer le plus de temps possible au bord de la mer. Si le climat est méditerranéen sur la côte, il est brusquement continental à quelques kilomètres dans l’intérieur des terres. Si l’été donne des températures oscillant entre 27° et 30°, l’hiver peut être rigoureux, surtout dans les régions montagneuses quand souffle la «bourra» (un peu comme le mistral).
Des nids d’aigle enchanteurs: Les nouveaux visiteurs de l’Istrie auraient tort de négliger l’intérieur des terres qui, pourtant, est idéal pour les amateurs d’agrotourisme et de gastronomie du terroir. Comme en Périgord, et en raison des couleurs de son sol, les Istriens l’ont divisée en trois sous-régions: l’Istrie «rouge» sur le littoral ouest avec ses jolies villes au bord de l’Adriatique et son sol fertile; la «grise», où les villages perchés dominent une végétation préservée; la «blanche» dans la partie des massifs escarpés de l’est. Sur son perchoir, Groznjan est sans aucun doute l’un des plus beaux villages de l’Istrie. Il a été consacré «cité des artistes» avec ses galeries d’art et les concerts qui y sont régulièrement programmés. Fortifié, il enchante par son unité architecturale et sa sérénité. Une esplanade ombragée de ses majestueux châtaigniers surplombe la plaine et conduit à la porte aménagée dans les remparts. En toile de fond apparaît la côte avec ses stations balnéaires et la belle Bleue en prime. À Sovinjac, le clou est le petit restaurant Toklarija, lequel a élu domicile dans un ancien moulin à huile. Une route étroite, raide et sinueuse y accède à partir de Buzet et offre de belles vues sur le paysage vallonné à perte de vue. Le village fortifié de Motovun avec des maisons éparpillées sur la colline perche à 270 mètres au-dessus du niveau de la mer. Son histoire fait notamment état des luttes contre l’envahisseur vénitien. Sur les murs intérieurs de ses remparts on peut admirer des blasons ayant appartenu aux familles dirigeantes de ce qui fut jadis une ville importante. Les trois parties de la ville sont reliées par un système de fortifications internes et externes avec des tours et des portes qui témoignent de l’art roman, gothique et Renaissance. La pierre de taille et les fleurs y sont reines.
Rovinj le bijou
Regagnons la côte pour visiter le fleuron de l’Istrie, à savoir la ville de Rovinj, le lieu le plus visité du pays. Cette ville est une vraie merveille, comme jaillissant des flots. Elle aussi a connu bien des péripéties avec ses maisons qui témoignent de différents courants de l’histoire, du Moyen Âge au baroque.
A son sommet trône la cathédrale Sainte-Euphémie. Une sculpture de métal représente la sainte patronne de Rovinj et rappelle aux passants qu’à l’époque de Dioclétien, elle fut torturée et jetée aux lions. Ses reliques auraient été envoyées à Constantinople. Autour de l’an 800, elles auraient traversé la Méditerranée dans un sarcophage de marbre et se seraient échouées à Rovinj. Le tombeau se trouve aujourd’hui à l’intérieur de la cathédrale. Tout près du port, à l’entrée du centre historique et de ses ruelles, où le temps semble s’être arrêté, l’arc de Balbi, de style baroque, est orné d’une tête de Turc en turban et d’un bas-relief du lion ailé de Venise.
A quelques encablures au nord de Rovinj, Vrsar en est la soeur siamoise, avec, au sommet du rocher, l’église Saint-Martin autour de laquelle ont été regroupées des maisons de l’époque médiévale. Tout aussi pittoresque que Rovinj, elle a l’avantage d’être moins connue. Le fameux Casanova y élut domicile. Un festival érotique lui est consacré chaque année.
D’autres villes, telles que Novigrad, Bale et Valbandon, près des îles de Brijun, valent également qu’on s’y arrête. Mais s’il fallait choisir, c’est à Porec que je vous proposerais d’aller.
Cette autre presqu’île, elle aussi sur le modèle de Rovinj, présente la particularité d’avoir conservé des arènes romaines.
Elle recèle de véritables trésors comme, par exemple, la basilique Euphrasienne et son baptistère octogonal (6e siècle), ou encore des mosaïques byzantines ornant l’abside. Enfin, il sera une grave erreur de laisser de côté Pula, le plus grand centre urbain de l’Istrie, digne héritier de l’Empire romain avec son centre-ville jalonné de temples et de portes fortifiées avec, en vedette, un exceptionnel amphithéâtre du 1er siècle.
Texte Roger Juillerat
Photos Roger Juillerat et Gérard Blanc
Infos pratiques
Vol
Genève-Zurich-Pula avec Swiss et Croatia Airlines.
Renseignements
Office du tourisme de Croatie, +41 43 485 38 84 20.
Logements
Le Melia Coral à Umag, le San Rocco à Brtoniglia; le Castel à Motovun; la Villa Tuttorotto à Rovinj. La région regorge de logements chez l’habitant (agrotourisme), où l’accueil est particulièrement chaleureux.
Restaurants
Le Humska Konoba à Hum; le Zigante à Livade (repas à base de truffes); le Toklarija à Sovinjac près de Buzet.