Le boto, dauphin rose du Brésil : vérité et légende
Librement les dauphins roses sillonnent les eaux noires et acides du Rio Negro avec leurs 160 kg maximum pour une longueur de 2 m 80. Le rose de ce mammifère d’eau douce dépend de son âge et sa coloration serait due à un réseau sanguin dense et très superficiel. Marilda Medeiros et ses deux filles se sont installées à Novo Airão à 150 km à l’ouest de Manaus il y a une dizaine d’années.
Vivant au bord de la rivière, Marilda y jette naturellement ses déchets de poissons. Un ou plusieurs dauphins roses appelés botos se manifestent alors. Le contact est établi. Aujourd’hui, ce sont 16 dauphins et un nouveau-né, auxquels la Rio Negro, Amazoniesurnommée «Marilda dos botos» donne à chacun le prénom d’une personne qui étudie les dauphins. Avec ses deux adolescentes, elles vendent aux visiteurs du poisson à distribuer aux botos. Sans aide gouvernementale, ce revenu permet à Marilda d’accueillir sur le site des handicapés en vue de thérapie et d’aller dans les écoles expliquer les qualités de ce dauphin et du préjudice causé lorsqu’un pêcheur bat un boto pris dans les mailles du filet pour le chasser. Elle espère ainsi sensibiliser la jeunesse à la richesse de l’écosystème amazonien aujourd’hui très entamé. Selon la légende, le boto se transformerait en homme la nuit pour aller séduire la plus belle fille du bal. Si celle-ci tombe enceinte, le garçon redeviendrait alors un dauphin et disparaîtrait dans la rivière. La demoiselle ne sera pas blâmée, «c’est la faute au boto…». La légende court toujours, et bien des tracasseries sont ainsi évitées lorsque le père est inconnu.
Texte Marguerite Martinoli