Brasilia, la ville avion
Le Brésil change parfois de capitale. Brasilia, après Salvador de Bahia et Rio de Janeiro, semble vouloir affirmer sa position depuis sa création. Dans un esprit résolument avant-gardiste (surtout à l’époque de sa création), son architecture fascine toujours les amateurs d’urbanisme qui accourent du monde entier pour l’admirer.
Il fallait être un peu fou pour imaginer, en 1957, de construire la nouvelle capitale brésilienne en plein milieu d’une savane inculte et d’y déménager tous les services administratifs et les ambassades. Pourtant, c’est bien ce qui a été fait.
Imaginez un avion géant posé sur une péninsule s’avançant vers un lac de la taille du lac Léman sur un haut-plateau à 1200 mètres d’altitude. C’est ainsi que les architectes brésiliens Oscar Niemeyer et Lucio Costa ont dessiné le plan de la nouvelle capitale brésilienne en 1957, à la demande du président de l’époque, Juscelino Kubitschek. Il fallait alors transformer un plateau inculte en une ville attrayante et verdoyante, afin d’attirer les fonctionnaires qui auraient eu peine à quitter Rio. Les premiers habitants ne devaient arriver sur place que trois ans plus tard.
Sur les «ailes» ont été construites six routes parallèles: trois dans un sens, trois dans l’autre. Elles permettent un trafic automobile continu d’une «aile» à l’autre. Seuls les feux réservés aux passages des piétons peuvent en entraver la fluidité, car aucune autre rue ou route ne les traverse. Passer d’une route à l’autre ne peut s’effectuer que par des échangeurs. Les «ailes» sont réservées aux habitations intercalées de ruelles commerçantes, afin que tout le monde puisse se ravitailler à pied.
Suivez le guide
Le centre de Brasilia représente donc la «cabine» de l’avion se terminant par le «cockpit», qui est incontestablement le lieu le plus représentatif de l’architecture postmoderne voulue par ses concepteurs. C’est un peu comme un musée d’art moderne en plein air, même si la vie y est tout aussi trépidante que dans n’importe quelle autre grande métropole. Mais, à l’instar du quartier des Nations à Genève, les avenues sont spacieuses entre les grands buildings administratifs et on n’a pas lésiné sur les espaces verts qui sont restés tels qu’on les avait conçus à l’origine. C’est avant tout le «cockpit » qui fait office de lieu de visite plus que, par exemple, les «ailes», dont l’intérêt est moindre, si ce n’est pour constater la manière volontairement fonctionnelle dans l’esprit duquel les architectes ont bien voulu le concevoir (centres d’habitations intercalés, avec des centres commerciaux et sociaux): fonctionnel certes, mais un peu impersonnel.
Une certaine nonchalance
Peuplée essentiellement de fonctionnaires et de diplomates, Brasilia vit comme une bourgeoise, de cocktails mondains, de tennis et de parties de golf suivis d’agapes dans les clubhouses. La nonchalance nous rappelle cependant que nous sommes bel et bien au Brésil. La voile et autres sports nautiques sont aussi les passe-temps favoris des habitants de Brasilia dans les clubhouses du nord, ou du sud, rendez-vous favoris de joyeux fêtards. C’est depuis leurs pontons que partent des croisières au coucher du soleil.
La place des Trois Pouvoirs
Elle en appelle aux pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Idéalisée par Lucio Costa et dessinée par Oscar Niemeyer, la photo de cette place a fait le tour du monde dont, avant tout, la statue des guerriers (Os Guerreiros) sculptée par Bruno Giorgi. Tout sur cette place est une oeuvre d’art. Cela commence par le palais de Justice, le Palacio do Planalto (où siège l’exécutif du gouvernement fédéral brésilien) et la Cour suprême du tribunal fédéral. Précisons que cette place a été décrétée patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
Le troisième édifice borde la place côté est. C’est le panthéon de la patrie. Dédié à l’ex-président Tancrède Neves et aux héros qui luttèrent pour la liberté de la mère patrie, il renferme une importante collection d’œuvres dues à de grands artistes parmi lesquelles on citera le Mur de la Liberté d’Athos Bulcão ou la baie vitrée due à Marianne Peretti.
A l’ouest de la place, le palais du Congrès national en impose par sa prestance avec ses tours jumelles jaillissant d’un long bâtiment plat. D’un côté des tours trône une sorte de vasque géante, et de l’autre, un dôme de taille égale. Il faut aussi admirer le bâtiment du procureur général de la République inauguré en 2002, dominant la place depuis une colline au sud-est. Il s’agit de deux imposantes rotondes de verre. Enfin, c’est toujours sur la place des Trois Pouvoirs que se trouve en sous-sol l’espace Oscar Niemeyer, où sont exposés les plans et œuvres du célèbre architecte.
Hors «cabine»
Les monuments à admirer ne se trouvent pas tous dans la partie centrale de Brasilia, peu s’en faut. Ca et là on trouve dans les «ailes» des petites églises ou chapelles qui ont leur charme (moderne, il s’entend). Les deux qui retiennent l’esprit sont, tout d’abord, le pont JK (pour Juscelino Kubitscheck, le président mécène de Brasilia). Mais, mon coup de coeur ira surtout à l’église du Santuario João Bosco et ses 7400 pièces de vitrail bleu symbolisant Jésus et la lumière du monde donnant une atmosphère on ne peu plus insolite.
La «cabine»
Mais quittons le «cockpit» pour avancer dans la première partie de la «cabine» ou, plus prosaïquement, l’esplanade des Ministères. Immédiatement sur la droite, on trouvera le palais Itamaraty, où siège le Ministère des affaires étrangères. C’est l’un des plus intéressants de Brasilia: Tout d’abord, au rez-dechaussée, pour sa sculpture «O météoro» due à l’Italien Bruno Giorgi, ainsi que toute une collection prestigieuse de peintures et de sculptures des plus grands artistes brésiliens.
Une sainte apparition
A mon goût, le plus fascinant des édifices de Brasilia, bien gardé par les statues de trois mètres de haut des apôtres Luc, Jean, Marc et Matthieu, est la cathédrale Nossa Senora Aparecida. Sa nef circulaire en sous- sol est couverte par un dôme à ras du sol. Les vitraux sobres donnent une extrême luminosité à l’intérieur d’où se détachent les chefs-d’oeuvre que sont les deux sculptures d’anges pendues au plafond.
Texte et photos Gérard Blanc
Infos pratiques
Vols
TAP Air Portugal, Genève-Lisbonne-Brasilia: tous les lundis, mercredis, vendredis, samedis et dimanches.
Internet
www.brasiliaturismo.gov.br, www.embratur.gov.br.