Aux confins de la Chine sur la Route de la Soie
Au temps des grandes dynasties de l’Empire du Milieu, cette région a connu son heure de gloire quand les lourdes caravanes des marchands la traversaient de part en part, suivant ainsi le tracé de la Route de la Soie. La province chinoise du Gansu appartient à cette Chine que les touristes étrangers ne visitent pas de prime abord. Située au nord-ouest du pays, à environ deux heures d’avion de Pékin, cette longue et étroite province est enserrée entre la Mongolie intérieure à l’est et le désert de Taklamakan à l’ouest. Aujourd’hui, la Route de la Soie s’est transformée en autoroute à plusieurs pistes, les 4×4 luxueux de marques allemandes ou japonaises ont remplacé les chameaux, et les centres commerciaux, nouveaux temples de la consommation, ont détrôné les pagodes et les autres lieux de cultes traditionnels. Ici, comme partout ailleurs en Chine, l’économie de marché fonctionne à plein régime. Lanzhou, la capitale de la province, portait autrefois le nom de la «Ville d’Or», au temps de la Route de la Soie. Elle compte aujourd’hui près d’un million et demi d’habitants, mais ferait presque figure de village à l’échelle du gigantisme du pays avec son 1,3 milliard d’habitants. Préfecture régionale, elle doit aussi une bonne part de sa renommée au Fleuve Jaune qui la traverse. Les Chinois voyagent L’essor économique, que l’on peut constater en se promenant le long des larges artères de la ville, a tout pour plaire aux touristes indigènes. On le sait, les Chinois voyagent beaucoup, mais essentiellement à l’intérieur de leur pays. «Il est de tradition pour les Chinois de rapporter des souvenirs à la famille et aux amis. On estime qu’ils achètent lors de leurs déplacements des cadeaux représentant une valeur égale, voire une fois et demie supérieure au montant qu’ils ont consacré à leur voyage», explique M. Chen, guide à Lanzhou.
Les grottes de Mogao Taillées dans les falaises, les grottes de Mogao, situées à 25 kilomètres au sud-est de Dunhuang, constituent le point d’orgue d’un voyage dans la province du Gansu. Les premières ont été creusées au IVe siècle et les travaux continuèrent pendant plus de 1000 ans. Chacune contient des fresques et des sculptures toutes plus magnifiques les unes que les autres – certaines géantes – dédiées à Bouddha, dont elles retracent la vie terrestre et céleste. Une dizaine de grottes seulement, sur les quelque 700 dénombrées, sont ouvertes au public. On ne manquera pas le Bouddha assis qui mesure 33 mètres de haut ou le Bouddha couché dans une grotte qui semble presque trop petite pour le contenir. Des fresques plus récentes datant du Xe siècle et suivants nous montrent des scènes de la vie quotidienne dans la Chine moyenâgeuse. Un musée raconte la passionnante découverte des grottes au début du XXe siècle et les travaux de conservation. On y trouve également des reconstitutions de bon nombre de sculptures.
Les magasins de l’Amitié fournissent tout l’éventail des produits locaux dont peut rêver le voyageur en mal de souvenirs originaux. Au rayon épicerie fine, on trouve d’étranges denrées conditionnées dans des emballages cadeaux rouge et or. Photos interdites, hélas! Certains produits censés garantir une jeunesse éternelle vont des chenilles séchées aux baies de goji et autres racines de ginseng, en passant par de très curieuses pattes fumées, provenant d’animaux non identifiés. «On dit souvent que les Chinois mangent tout ce qui bouge», affirme en riant M. Chen. Au rayon colifichets, grosse déception: il n’y a pas de soierie à acheter. Il faut le savoir: sur la Route de la Soie, on ne trouve pas de soie. La production se faisait dans d’autres régions du pays et ne faisait que transiter à travers le couloir du Gansu. Un tracé de légende Cette année, la province a décidé de lancer la première édition du Festival International de la Route de la Soie. Cet événement destiné à promouvoir la province est une bonne occasion de suivre le légendaire tracé avec, comme point de départ, la ville de Lanzhou. En avion et non pas à dos de chameau, le voyage se poursuit jusqu’à Dunhuang, une oasis au milieu du désert. «Cette petite cité de 180 000 habitants, dont le nom se traduit par «tour de guet flamboyante», est devenue un des hauts lieux touristiques sur la Route de la Soie. A l’époque, trois routes convergeaient vers cette cité située presque aux confins de l’Empire», précise Maylin, traductrice et guide locale. Dans les environs de Dunhuang, en plein désert, on trouve encore quelques segments – en ruine – de la Grande Muraille de Chine, construite il y a deux mille ans pour protéger tout le nord du pays. Ce qui subsiste de l’ouvrage le plus long et le plus massif jamais construit par des hommes est un amas de torchis et de pierre. Il faut donc beaucoup d’imagination pour se représenter l’ouvrage global, long de plus de 6000 kilomètres, ponctué de défenses, de forteresses militaires et de portes. Comme celles de Yangguan Pass et de Yumenguan Pass. Cette dernière, «la Porte de Jade», se trouve à environ 70 kilomètres de Dunhuang. Elle doit son nom au commerce de jade qui se déroulait à l’époque des Mings. Le sable chante Une excursion au parc géologique de Yardang permet de découvrir, à quelque 200 kilomètres de la petite cité, de bien singulières formations que le vent a modelées dans les falaises. Une autre curiosité naturelle toute proche de Dunhuang est constituée par des dunes de sable renfermant un trésor bien caché: le lac du Croissant de Lune. Véritable oasis, cet endroit appelle à la rêverie. On l’atteint à pied, en chaussant de grandes bottes pour ne pas glisser sur le sable, ou à dos de chameau. Au coucher du soleil, l’endroit est souvent pris d’assaut, mais lorsque le silence revient, en tendant l’oreille, on entend le sable chanter…
Texte et photos Mariette Muller
Infos pratiques
Visa nécessaire
(Validité minimale de 3 mois) auprès du consulat de la République démocratique de Chine à Zurich.
Monnaie chinoise
Yuan. Les principales banques sont équipées de distributeurs de billets.
Renseignements
Bureau national du tourisme de Chine (CNTA), Brandschenkestrasse 178, 8002 Zurich, tél. +41 (41) 201 88 77.