JE PARS TRÈS LOIN
Pêche, histoire et contacts chaleureux
Au 17ème siècle il fut décidé que le comptoir commercial établi par les français à l’embouchure du fleuve Sénégal porterait de nom de Louis IX, à savoir Saint-Louis. Ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (AOF), Saint-Louis perdit son statut au bénéfice de Dakar en 1902.
Road trip
Il existe bien une portion d’autoroute de Dakar jusqu’à la ville de Thies, mais prendre le chemin des écoliers pour se rendre à Saint-Louis est la meilleure manière de se plonger dans la vie quotidienne du Sénégal. Qu’il s’agisse des faubourgs du nord de Dakar, comme les villes de Thies ou de Tivouane, c’est une ambiance débordante qui s’y manifeste tout au long de la route. Commerces en tous genres qui semblent parfois rudimentaires, salons de coiffure, marabouts, mécaniciens, cabanes de vente de pain, marchands de meubles exposant des canapés somptueux, sorte de luxe tranchant avec le paysage, magasins de sacs et valises, ventes de jantes et pneus de voitures, etc. Les chèvres mangent tout ce qui se présente à leur portée sur les bas-côté de la chaussée et les sempiternelles charrettes hippomobiles font aussi partie intégrantes du décor, tout comme les petites mosquées qui s’animent aux heures de la prière.
Changement de décor
En quittant Louga, le paysage est résolument sahélien et la nature devient plus aride avec des dunes et des dromadaires en semi-liberté, ou encore une famille de vautours faisant bombance sur une carcasse. Les baobabs se sont dépouillés de leurs feuilles pour maintenir leur sève en période de sécheresse. Pour finir, c’est l’arrivée des faubourgs de Saint-Louis avec des marais salants et leurs tas de sel et des équipes de pêcheurs à pied jetant leurs filets en cadence dans la lagune. Nous arrivons donc dans la localité de Saint-Louis qui se divise en trois parties : L’île Saint-Louis, la Langue de Barbarie et Sor. Nous nous concentrerons sur les deux premières.
Le centre historique
De 2200 mètre de long et 350 mètres de large et des rues tirées au cordeau, l’île Saint-Louis est reliée au continent par le majestueux pont Faidherbe, construit selon les plans de Gustave Eiffel.. Une bonne manière de la visiter est de louer une calèche, ce qui permet de bénéficier d’une position dominante. La ville a été divisée en deux parties à l’époque coloniale avec la partie musulmane au nord et la partie chrétienne au sud, raison pour laquelle furent construites la première mosquée de l’AOF au nord et la première cathédrale chrétienne de l’AOF au sud. On voit défiler toutes sortes d’images, comme une envolée d’écoliers en uniforme, pantalon bleu sombre et chemisette bleu ciel, des maisons en dur parfois toujours occupée par des Français. En son centre trône la place Faidherbe, un général français auquel on doit un grand nombre d’aménagements comme, par exemple, les ports de Dakar, Saint-Louis ou Rufisque. Il aurait « pacifié » le pays d’une manière plutôt musclée d’où la débaptisation en place Baya-Ndar. Elle fut d’abord une place d’armes, puis le grand marché de Saint-Louis et aujourd’hui, le lieu de toutes les grandes manifestations. publiques. C’est là que résidait le régiment colonial dans la caserne de Rognant, transformée aujourd’hui en un hôtel et en un poste de police. Plus loin, sur le port de Saint-Louis se dresse le palais du gouverneur. Une curiosité : 0n notera une grue à vapeur apportée par des militaires français en 1883.
La Langue de Barbarie
Il s’agit d’une étroite bande de terre qui s’étend sur environ 20 km entre l’embouchure du fleuve Sénégal et l’océan Atlantique et qui est une réserve naturelle pour les oiseaux migrateurs. Elle fut baptisée Langue de Barbarie par les Français : langue pour cette longue bande de sable et Barbarie, car elle était habitée par des Barbares terme qui se changea en Berbères par la suite.
Sur environ quatre kilomètres depuis Saint-Louis, une enfilade de grandes pirogues est amarrée au rivage côté fleuve. Au Sénégal, toute embarcation est une pirogue, qu’elle soit grande ou petite, à moteur, à voile ou à rame. Nous sommes dans le quartier des pêcheurs. La pêche est une activité qui représente la seconde source de revenus du pays et la première de Saint-Louis. Elle bat son plein dès la sortie nord de Saint-Louis. Bien que les maisons de ce quartier ne paient pas toujours de mine, elles sont souvent les propriétés de riches armateurs. Il faut se représenter un alignement d’embarcations à perte de vue, toutes plus colorées les unes que les autres. Les pirogues naviguent le plus souvent deux par deux avec à leur bord un équipage d’une trentaine de marins. L’animation y est permanente, le soir quand les embarcations partent pour une nuit entière au large, mais elle est à son comble le matin au retour de la pêche, fanions au vent, arborant fièrement le nom de leur patron-pêcheur peint sur leurs coques. L’agitation bat son plein. Une enfilade de camions réfrigérés attend patiemment la fin de la criée pour ensuite charger le fruit de la pêche qui partira vers les différentes villes du Sénégal et des pays voisins, mais aussi vers l’Europe.
Le poisson livré, le travail des pécheurs n’est pas pour autant terminé. Il faut sortir les filets pour les réparer. C’est un vrai spectacle que cette chaîne de marins espacés d’environ 5 mètres et portant sur leurs épaules un filet long de plusieurs kilomètres. Si vous souhaitez passer en voiture à ce moment, il vous faudra vous armer de patience jusqu’à ce que le filet soit entièrement débarqué, ce qui peut durer une bonne demi-heure. En attendant, le quartier entier est sous effervescence. Sous des auvents, les hommes discutent longuement. Cela remplace l’arbre des palabres qu’on trouve dans la brousse. Les femmes, les pieds dans l’eau, papotent à grands cris.
Texte et photos Gérard Blanc
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Informations pratiques
Agence spécialisée
Indalo à Fribourg : https://indalo.ch
Y aller
Genève-Rome-Dakar avec ITA-Airways
La couette
Le Diamarek, en bordure de mer sur la Langue de Barbarie, et en ville de Saint-Louis : Hôtel de la Poste, Hôtel de la Résidence
Le couvert
Table d’hôte chez Aida où on vous préparera le yassa traditionnel et où vous apprendrez la vie courante d’une famille ; Café de la poste ; Le Siki (l’ancienne demeure de « Battling Siki », celui qui boxa jadis contre Carpentier)
A voir encore
. La cathédrale datant de 1827
. La réserve ornithologique de Djoudj
. Les villages peuhls de la brousse
. Le musée des arts classiques des Afriques